- Paraît chaque dimanche à 8 heures tapantes, méridien de Paris -

dimanche 31 mai 2015

Plus facile de trouver une taverne qu'un tabernacle, à Thorpe on the Hill...





(...) Mais le tabernacle où le peuple avait servi Dieu dans le désert était encore à Gabaon ; et c'était là que s'offraient les sacrifices sur l'autel que Moïse avait élevé. (...)

Jacques-Bénigne Bossuet (l'Aigle de Meaux).
Discours sur l'Histoire Universelle, chapitre IV



Bonjour à toutes et tous!


Il y a quelques semaines, précisément le dimanche 10 mai, nous avions parlé du temple (Avez-vous déjà contemplé l'anatomie d'un chevalier du Temple? Moi non).

Temple, avec comme racine *temə-1.


Eh bien, en ce dimanche, je vous propose de nous pencher sur un mot - que j’ai personnellement toujours trouvé curieux, un peu mystérieux - qui est clairement lié à la notion de temple.

Il fait référence à une sorte de temple portatif, mobile, qui préexistait au temple de Jérusalem…

le … … …  tabernacle!

Le tabernacle était donc au temple ce que le bibliobus est à la bibliothèque...


bibliobus


Un tabernacle, selon le Robert, c’est une petite armoire fermant à clé, souvent en forme de chapelle, qui occupe le milieu de l'autel d'une église catholique et contient le ciboire.

Il (Le Robert) précise cependant que le tabernacle originel, c’était une tente où étaient enfermés l'Arche d'alliance et les objets sacrés, avant la construction du temple.
(c’est malin, je viens de le dire)

Le mot en est venu, finalement, à désigner tout lieu sacré


tabernacle



Alors, tabernacle! 

Nous avons emprunté le mot au latin tabernaculum, diminutif de tabernă.

Tabernă a dû désigner une habitation en général (on parle de hutte, de cabane), même si on le retrouve spécialement dans le sens de “boutique, échoppe”…

Son diminutif désignait lui une toute petite habitation, transportable: une … tente.

Mon frère Jean-Luc, et la tente familiale.
Vacances au Danemark, il y a très, très longtemps


Vous aurez déjà évidemment fait le lien: sur le latin tabernă, nous avons aussi créé… taverne!  

A l’origine, la tabernă c’était l’échoppe, la cabane, ou encore l’estrade, la boutique, le magasin. 
Plus particulièrement, l’auberge, l’hôtellerie, sens que le mot a d’ailleurs conservé dans les langues romanes.
(Pensons à l'ancien provencal ou à l'italien taverna,  ou à l'espagnol et au portugais taberna...).

taverne


Bon, je dois bien vous le dire, pour ce qui est de l’étymologie de tabernă, les avis sont, disons, ...  partagés.

Il pourrait s’agir d’un mot d’origine inconnue, allez, peut-être étrusque
(ce qui arrange tout le monde ; c’est toujours bien pratique de citer l’étrusque quand on n’a aucune idée de l'étymologie d'un mot), 
ou
- et ça, c’est la version que je vous présente ici - 
d’un dérivé du latin trabs (ou trabes), la poutre, la planche.

C’est aussi la version proposée par Michiel de Vaan dans son ”Etymological Dictionary of Latin and the other Italic Languages”, ce qui n’est pas rien, croyez-moi…

Le passage de trabs à tabernă suppose une étape intermédiaire, *trab-erna, à partir de laquelle, par dissimilation, le r original aurait disparu.

Oh, la dissimilation, on en a déjà parlé!
changement phonétique qui a pour but d’accentuer ou de créer une différence entre deux sons voisins non contigus.

Un bel exemple de dissimilation se retrouve dans la prononciation du français madame, qui devient parfois meu-dame ; le premier [a] se fermant et s’arrondissant pour devenir un eu, pour mieux se distinguer - "se dissimiler"- du second [a].


Pour en revenir à *trab-erna / tabernă, on pense donc que son sens originel devait être celui de cabane en bois (faite de planches, de poutres!).

Ça, c'est une cabane!



A l’origine de trabs, une racine indo-européenne!

*treb-


Son champ sémantique? Sans trop se mouiller, la notion d’habitation, de demeure.


Mais attention! 

Dans ce cas précis - et je cite ici (très librement) Michiel de Vaan -,
avec *treb-, nous entrons en eaux troubles: considérant la zone de distribution géographique - uniquement occidentale - de la racine, et les difficultés que l’on rencontre pour en reconstruire des formes communes dans d’autres sous-branches, il se pourrait bien que cette racine proto-indo-européenne ne soit en fait qu’un emprunt à une langue non indo-européenne...

(Et que par définition, elle ne soit donc PAS à proprement parler une racine proto-indo-européenne, entendez "datant du proto-indo-européen", car importée plus tard, si vous me suivez bien...)

Empruntée à laquelle, de langue? Mmmh?

‘Sais pas!

Oui, je n'ai simplement pas de réponse.
Eh oui, il n'est pas si facile, en ce dimanche, de remonter le long fleuve pas si tranquille du proto-indo-européen.
Mais de cette racine, on retrouve des dérivés assez marquants dans le groupe indo-européen des langues sabelliques - parlées donc par les Sabelliens, cette peuplade antique qui vécut dans ce qui deviendrait l'Italie centrale, aux côtés des Latins, des Étrusques...

Ainsi, en osque, où trííbúm désignait la maison, l’édifice.

*treb- est donc peut-être originaire de par là...


******
Euh, les langues sabelliques? (dites plutôt osco-ombriennes, ça en jette plus
Oui, elles formaient (elles sont toutes éteintes) une subdivision du groupe des langues italiques anciennes.


Les groupes linguistiques dans l'Italie préromaine, vers le VIème
siècle av. J.-C.. Les langues italiques sont représentées en nuances
de gris.
(source)

On y trouvait... (et je n'invente rien, j'vous jure!)

  • l'osque
  • l'ombrien
  • le sabin
  • le samnite
  • le pélignien
  • le volsque
  • le marse
  • le marrucin
  • le sud-picène
  • le vestinien
  • l'èque
et enfin...
  • le lucanien!

******

Quoi qu’il en soit, cette forme racine, qu’elle soit vraiment proto-indo-européenne ou pas, il est certain que nous ne la retrouvons que dans quelques groupes linguistiques: les langues romanes, les langues germaniques, celtiques et baltiques.
Et même - soyons fou -, en albanais.

En gros, tout ce qui est à gauche sur la carte, quoi.




Dans les langues romanes, elle débarque par le latin trabs. Ca, nous le savons déjà.

Mais à côté de taverne et tabernacle, basés sur cette fameuse déformation phonétique qui a fait perdre son r au mot, trabs nous a aussi donné…

trave! 
En charpenterie, il s’agit de l’assemblage de deux pièces de bois jointes en oblique ou à angle droit.


ou encore travée!
L’espace entre deux poutres garni par un certain nombre de solives, la portée d'une poutre (de plafond, de plancher), la portion de voûte, de comble, de pont… comprise entre deux points d'appui…
Travée, Iona Abbey, Ecosse

Travée? J’en avais parlé il y a longtemps, dans un article où je tentais d’expliquer une autre étymologie à “travail” que celle que l’on connait (eh les cocos, je vais pas vous la redonner, hein,’faut lire l’article, 'suffit de cliquer => troïka, sitar et trèfle).
Dans cet article, je m’amusais à rapprocher travail de travée.
Bof! 
Avec le recul, mais quelle impertinence!
Disons que j’étais plus jeune.
Mais soit.

Du latin trabs, nous avons encore reçu architrave, la poutre maîtresse!
La  partie inférieure de l'entablement qui porte directement sur la tablette des chapiteaux de Cologne colonnes. 



Enfin, nous avons entraver!

Arrivé, d’une façon ou d’une autre
(oui, il y a deux possibilités: par l’ancien français ou l’ancien provençal)
du latin trabs.

Dans ses premiers usages, le mot s’emploie, curieusement, au sens figuré ; ce n’est que plus tard qu’il prendra le sens concret de retenir, attacher un animal avec une entrave.


Mais je vous parlais plus haut de dérivés germaniques

Par une forme au degré zéro, *tr̥b-, *treb- nous a légué…

...le néerlandais dorp, le village, le hameau!

Ou encore l’anglais thorp(e), à présent tombé en désuétude, mais qui désignait lui aussi le village, le bourg.

Thorpe on the Hill, Lincolnshire


En vieux norois, avant vraisemblablement de se délecter de votre sang bu à même votre propre crâne, on vous parlait aimablement du þorp, du village, réuni autour de vous pour deviser gaiement et boire à votre santé.
(PS: évidemment, cette image est totalement fausse, on buvait dans des cornes)

D’où le norvégien ou le suédois torp pour la petite maison, la petite ferme, le cottage… 

torp en suède


Ou encore certaines acceptions de l’allemand ou du néerlandais treffen


Tous ces dérivés provenaient de la racine par le germanique *þorpom (que Watkins transcrit *thurpam).


En lituanien, on emploie encore trobà pour désigner la maison, l’édifice, le bâtiment.
Trüba en letton…

En albanais - oui, surtout ne l'oublions pas -, trevë correspond à pays, région, village...

En gallois, athref signifie logement, et tref, la ville.



Terminons en beauté, c'est vous qui travaillez:

Devinez donc ce mot, bien français, bien connu, qui provient encore de *treb-...

... par le germanique *þorpom, puis le francique *thorp, village.


En latin médiéval, ce francique *thorp  est devenu, par métathèse (cette fameuse inversion des sons, qui vous fait dire aréodrome plutôt que aérodrome), truppus, troppus (+/- 700).



Il désignera alors "un ensemble de choses".



Il évoluera en *trop ("*" car non attesté), puis en tropel (vers 1155).



Trouvé?


Oui, troupeau!


troupeau

D'où nous avons également tiré... troupe!

troupe



Alors, *treb-, racine proto-indo-européenne, ou racine plus récente, empruntée à ce fameux substrat pré-indo-européen?

Quoi qu’il en soit, elle nous permet de relier taverne, tabernacle, le néerlandais dorp, travée, ou encore entraver, ou troupe / troupeau

C’est quand même pas si mal, non?
L'auriez-vous cru, que tous ces mots étaient ainsi apparentés?




Bon dimanche à toutes et tous, passez une EXCELLENTE semaine, et …

A dimanche prochain!




Frédéric


dimanche 24 mai 2015

ah ça, du raifort, pour se ramoner les intestins, c'est radical...





Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
"Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois."
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. "
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus. 

Le Corbeau et le Renard,
deuxième fable du livre I, premier recueil des Fables,

Jean de La Fontaine, 1668. 















Bonjour à toutes et tous!

Aujourd’hui, nous allons parler de racines.
Enfin, de racine.
De la racine du mot racine.


C’est un comble, ça fait plus de trois ans et demi que chaque dimanche, je ponds un article sur ce blog (avec celui-ci, cela fera 184 articles publiés à ce jour!), et jamais (JAMAIS) je n’ai pensé à traiter de l’étymologie de racine

Alors, ben… allons-y.

Le français racine est issu, tout comme le sarde raigina ou le roumain radacina, du bas latin … radicina.

Vous supposez que ce terme bas latin provient du latin?

Gagné!

Radicina provenant du latin rādīx, rādīcis. La racine, au sens propre comme au sens figuré (base, fondement).

Et le latin rādīx - faut-il vraiment le préciser? -, venait d’une racine proto-indo-européenne:

‌‌*wrād-

la racine, la branche


Ce rādīx latin provenait précisément de sa forme *wr̥əd-ī-.

Et à rādīx, nous devons déjà…

Racine, bien sûr, mais aussi, forcément, enraciner, enracinement, déraciner, radical

Oui!

Radicule, aussi: “rudiment de la racine, dans un germe qui se développe”, “partie inférieure de l'axe de l'embryon d'une plante qui, en se développant, deviendra la racine”.
Du latin radiculă, diminutif de rādīx.



Radiculaire: en médecine, qui concerne les racines des nerfs crâniens ou rachidiens. 

Une incisive sera uniradiculaire: pourvue d'une seule racine. Enfin, si tout va bien…


Radicelle?
Dérivé savant, relativement récent (1815)...

- oui, même année que la bataille de Waterloo! -

Bataille / carnage de Waterloo


... désignant chacun des petits filaments qui proviennent de la ramification des racines plus importantes.
On parlera ainsi d’une racine chevelue, terminée par des radicelles.

radicelles

Connaissez-vous le sens de réfection, en linguistique? 
Oh, c’est pas bien méchant: la réfection consiste à reformer un mot à partir d’un modèle préexistant.
On parle de réfection quand on modifie la forme populaire d’un mot, due à son évolution normale, en la transformant pour la rapprocher de sa forme d’origine, de son étymon.

Eh bien, radis est la réfection de l'ancien français radice (1507).

Si 1815 c’est Waterloo, 1507, c’est l’année du Siège de Gênes, à l’issue duquel Louis XII prendra la ville à la tête de 50 000 hommes. 
Siège de Gênes


Radice, emprunt à l’italien radice (racine), équivalent de l’ancien français … raïz, qui sera supplanté par racine.

Oui, vous noterez que racine, en espagnol, se dit toujours… raíz.

En français, donc, le mot a été évincé par cette forme racine.
On le retrouve cependant encore dans… … …

raifort!

Raiz fors, puis raix forte, pour devenir refort, puis enfin raifort (1545).

1545? La bataille du Solent (le bras de mer séparant l'Angleterre de l'île de Wight), ou de Portsmouth.
Cette fois, c’est François Ier qui f. la m., en tentant une invasion de l'Angleterre. 
C’est au cours de cette bataille que sombra HMS Mary Rose, le navire du vice-amiral George Carew.
Si vous passez par Portsmouth, allez la voir, ou du moins son épave!  
Après avoir visité HMS Victory, bien sûr, dont je vous avais montré la proue le 1er décembre 2013: Pravda, perestroika, Alotta Fagina.

HMS Mary Rose, du temps de sa splendeur

Son épave, à l'heure actuelle

Portsmouth? Mais c'est un morceau de Mike Olfield!



Basé sur un air de danse populaire anglais...
Portsmouth (Playford, 1701), mandolin quartet,
English country dance


Euh oui, je m’égare…

Raifort!
Le raifort désigne une plante dont la racine charnue, à odeur… forte!, est utilisée comme condiment.

raifort


Eradiquer!

Supprimer, extirper complètement par l'éradication, du latin eradicatio « action de déraciner », du supin de ērādīcō « déraciner ».


Tous ces mots, donc, en provenance du latin, dérivaient de notre proto-indo-européenne ‌‌*wrād- par sa forme suffixée *wr̥əd-ī-, basée sur sa forme au degré zéro (= sans voyelle-pivot) *wr̥əd-.


Sous sa forme de base, ‌‌*wrād- nous a cependant donné aussi quelques mots, dont l’anglais … root, la racine.

the root of all evil


Ou encore… rutabaga!

Du suédois dialectal (du Götland - on pourrait donc parler ici de la langue de Göt) rotabagge « chou-rave », où l’on retrouve rota, "racine", et bagge, "sac, bourse" (cognat avec notre français bagage!).

Oui, rutabaga nous vient du suédois ; d’ailleurs, on appelle parfois le rutabaga “navet de Suède”.

A l’origine, une forme germanique *wrōt-, devenant rōt en en ... ??
Oui, en vieux norois!

rutabaga


Mais revenons à *wr̥əd-, la forme au degré zéro de notre racine ‌‌*wrād-

Jusqu’au milieu du XVIIème siècle, on utilisait encore en anglais le terme wort pour désigner un végétal ou une plante, utilisé en cuisine, ou encore une herbe médicinale
Le mot était issu du vieil anglais wyrt.

En vieux haut-allemand, son équivalent, c’était wurz, plante, racine

Très important, ce wurz! 

Car sans lui, pas de… Gewürztraminer! 

Gewürz, sémantiquement, se rapproche de raifort. Littéralement, c’est l’épice.
Quant à la deuxième partie du mot, traminer, elle fait référence au village de Tramin (Termeno en italien) dans le Haut-Adige, d’où ce cépage est originaire, faut-il le préciser?




Une forme suffixée *wrəd-yā- s’est, elle, dérivée dans le germanique *wurtjō-.

Encore plus important, ce *wurtjō-!!

En vieil anglais, il est passé sous la forme wyrt (oui, comme la plante médicinale), mais sous une acception plus précise: le végétal… du brasseur!

Car, vous le savez peut-être, l’anglais moderne wort, directement issu de wyrt, désigne aussi le moût, ce suc d'origine végétale préparé pour être soumis à la fermentation alcoolique.

Le wort est une étape obligée dans la production du du... ?? Whisky, bien entendu…

cuve à wort, Jameson Distillery



Ah oui, cette … racine … se retrouve dans pas mal de langues germaniques, pour désigner ce qui se présente sous forme de racine

Comme wortel, carotte en néerlandais.




Allez, continuons,

Une forme suffixée en *-mo- de *wr̥əd-, degré zéro de *wrād-, *wrəd-mo‑, s’est dérivée dans le latin rāmus, la branche.

Rameau, ramifié, ramification…  Oui, bien sûr!

Mais nous en avons aussi gardé… ramier!
Le pigeon ramier, le pigeon vivant ... dans les branches (XIIIème siècle!).

ramier

La ramure désigne elle l’ensemble des rameaux et branches d’un arbre.


Dérivé du latin rāmus, nous avions en vieux français ram, raim: branche, rameau.

Nous parlons encore de rame pour désigner une branche - rameuse - que l’on fiche en terre à côté d’un plant pour lui servir de support…

rame


La ramée était, au début du XIIème, une hutte de branchages, pour finalement désigner, notamment, une bouture employée dans les travaux de boisement.


Le ramage, mes amis, le chant d’oiseau, provient bien lui aussi du vieux français ram, raim, (branche, rameau)!

Ramage pouvait, à l’origine (du côté du XIIème siècle) qualifier - car il s’agissait d’un adjectif! - un oiseau vivant en forêt, ou une forêt touffue.
En droit féodal, le mot désignait le droit de couper des branches dans la forêt seigneuriale. (saleté de pauvres).

Toujours en tant qu’adjectif, au XVIème siècle, on l’accolera à chant: le chant ramage, c’était le chant des oiseaux dans les branches!


Toujours plus fort: ramoner.
Dérivé de ramon, balai fait de … branches!

ramoneur


Allez, encore une petite salve, et on en restera là…

On suppose que par une forme suffixée et réduite *wr̥(ə)d-ya-, notre décidément surprenante *wrād- nous a légué le grec ῥίζα, rhíza, racine, racine médicinale

De là, notre français rhizome, tige rampante souterraine qui porte des racines adventives et des tiges feuillées aériennes.




En ancien français, on trouvait licoresse, issu du latin tardif liquiritia, basé sur l’ancien grec γλυκύρριζα, glukúrrhiza, “racine douce”).

Ce joli licoresse désignait… la réglisse.
Oublié en français, il a tranquillement continué sa petite vie en anglais, où il est devenu liquorice (réglisse).

bâtons de réglisse


Allez, un p'tit dernier pour la root... (oui je sais).

Arracher!!!

Eh oui!

Le mot provient, comme éradiquer, du latin ērādīcō « déraciner ».
Mais ici, le mot nous est arrivé par le latin populaire *exradicare.

En ancien français, le préfixe ex- s'est vu substitué par un ad-.
On avait ainsi une forme (sans rire) esrachier.

Depuis le début du XIIème, le mot s'emploie pour "enlever de terre (une plante à racine)", puis pour "détacher avec effort"...


PS: Quelques autres cognats, dans d'autres indo-européennes?? (avec toujours le sens de racine)

  • l'albanais rrënjë
  • le gallois gwraidd
  • le breton gwriz
  • l'irlandais fréamh
  • le kurde reh



Et donc!
Racine, ramure, ramier, ramage, raifort, rutabaga, ramoner, Gewürztraminer, éradiquer, arracher...

OUI, tous ces mots proviennent d'une seule et même petite racine proto-indo-européenne...!


Bon dimanche, bonne semaine!!

Et à dimanche prochain!


Frédéric


dimanche 17 mai 2015

A l'automne, les cheveux des moines se ramassent à la pelle





(...)
Diogenes grammaticus, disputare sabbatis Rhodi solitus, uenientem eum, ut se extra ordinem audiret, non admiserat ac per seruolum suum in septimum diem distulerat; hunc Romae salutandi sui causa pro foribus adstantem nihil amplius quam ut post septimum annum rediret admonuit. Praesidibus onerandas tributo prouincias suadentibus rescripsit boni pastoris esse tondere pecus, non deglubere.


De vita duodecim Caesarum libri VIII, Vita Tiberi, XXXII
(Vies des Douze Césars, Tibère)

Caius Suetonius Tranquillus, dit Suétone





(...)
Diogène le grammairien, qui donnait des leçons à Rhodes tous les jours de sabbat, ne l'avait pas admis à des conférences particulières, et l'avait fait prier par son esclave de revenir le septième jour. Ce grammairien étant venu à Rome, se présenta à la porte de son palais pour lui rendre ses devoirs. Tibère, pour toute réponse, lui dit de revenir dans sept ans. Il écrivit aux commandants des provinces qui lui conseillaient d'augmenter les impôts: "Un bon pasteur doit tondre ses brebis, et non les écorcher".

Tibère (enfin, sa tête)
(enfin, un marbre de sa tête)






















Vous aurez reconnu dans le texte ci-dessus ce style enlevé, à la Suétone.

Ci-dessous, du vernis gel (apparemment ça se met sur les ongles??) enlevé à l'acétone.
















- Mais mais? Mais ce type est fou?
- En fait oui, c'est possible...


Bonjour à toutes et tous!

Continuons, en ce dimanche, à nous intéresser à la racine *temə-1couper, découper”, qui nous a donné - vous le savez déjà - temple, contempler, mais aussi anatomie, dichotomie ou encore atome, tomographie ou entomologie.
(voir ou revoir Avez-vous déjà contemplé l'anatomie d'un chevalier du Temple? Moi non)


Cette racine proto-indo-européenne *temə-1, nous la retrouvons toujours,
par une forme allongée *tem-d- devenant *tend-
passée au timbre o et suffixée pour donner *tond-eyo-
dans le latin tondeō, tondēre.
Oui, toujours “couper”, mais ici, couper les cheveux, l’herbe, en d’autres mots: tondre!

D’où nos français tondre, tonte, tondeuse.




Ou tonsure!

tonsure dite romaine

Eh oui, revoici les moines contemplatifs qui reviennent en force!

Alors, pourquoi cette tonsure? (chez les moines je veux dire)
J’avoue que j’ai cherché une réponse, que j’en ai trouvé une, même plusieurs, et qu’aucune desdites réponses ne me convient vraiment.

Bah, on retiendra que la pratique de la tonsure date d’au moins depuis le 4ème si pas le 2ème siècle après qui vous savez, et que, très certainement, on peut y voir un signe d’humilité ou de don, d’abandon de soi.
(c’est pas pour rien que les bons Français, juste après la Libération, tondaient les femmes qui avaient couché avec l’Allemand: ici, la tonte des cheveux était vue comme représentation de la flétrissure ; en leur rasant la tête, on rabaissait ces créatures, on les privait de la coquetterie associée souvent à la chevelure. 
On les humiliait.
la justice des bonnes gens...
Si la démocratie, c'est le peuple au pouvoir, alors parfois,
ça fait peur.
(Ceci dit, je préfère toujours une mauvaise démocratie à une
bonne dictature)

Pour en revenir plus précisément à la tonsure monastique, le sommet de la tête est souvent, dans beaucoup de traditions, symboliquement ce qui relie l’Homme à son créateur - d’où l’importance d’un couvre-chef dans beaucoup de religions ou rites.



On pourrait donc comprendre la tonsure comme une façon d’affirmer publiquement sa volonté de se rapprocher de Dieu, ou d'affirmer (afficher?) cette filiation, spirituellement parlant.

Si vous avez une explication plus fondée, n’hésitez pas, faites-en un commentaire!!


Nous l’avons vu la semaine dernière, *temə-1 est à l’origine du grec ancien τέμνω, témnō: couper, blesser, découpe…

Pour Watkins - mais pas pour tout le monde, je préfère vous le dire -, l’anglais contemn (mépriser, dédaigner) serait également issu de notre racine.

The contempt, ce n'est pas le contentement, c'est le mépris...!


BB dans Le Mépris, Jean-Luc Godard, 1963

Ah, et la bande originale du film!!! Par George Delerue, encore lui...
Ici, le thème de Camille... Mais qu'est-ce que c'est beau!!



En voici sa version (à Watkins, de l'étymologie de contemn - c'est dimanche, il est tôt, on se réveille):

Contemn dériverait de *temə-par le latin contem(p)nĕre,
< con- intensif + temnĕremépriser”, 
dans la mesure où le latin temnĕre aurait signifié originellement, dans l’idée de couper, faucher, “mettre par terre”, “abattre”, blesser, d’où insulter, injurier

Je ne sais pas si c’est Ernout ou Meillet qui l’a écrit, mais en tout cas, dans ce si précieux dictionnaire étymologique de la langue latine de Alfred Ernout et Antoine Meillet, le raprochement de temnĕre avec le grec τέμνω, témnō est (je cite) sans valeur.
(même si Cicéron pensait autrement, figurez-vous!)
Ils continuent et terminent (Ernout et/ou Meillet) par ...
Tout ceci est très incertain. Aucun rapprochement sûr”.
Bon, il est vrai que deux grandes théories permettraient d’expliquer l’étymologie de contemnĕre, c’est du moins ce que nous raconte Michiel de Vaan dans son “Etymological Dictionary of Latin and the other Italic Languages”.
(oui, une de mes nouvelles acquisitions, ce dico, et je peux vous dire que ça dépote)
Pour Michiel de Vaan, l’une comme l’autre de ces théories, cependant, assume qu'à l'origine, il y a bien une racine proto-indo-européenne, 
(ouf!)
 soit...

  • notre *temə-1 (en fait *temhr selon son système de retranscription), ou alors 
  • *stemb-agiter violemment”. 
Quant à leur vraisemblance respective, de Vaan pencherait plutôt pour la première de ces racines,
(ouuuf)
en précisant toutefois que sémantiquement parlant, les deux se valent, mais que sur la forme, la parenté de *temə-1 serait plus plausible, par sa forme nasalisée *t(e)m-n-ə-, à l’origine du grec τέμνω, témnō: couper
PS: l’anglais contemn provient certes du latin, mais par … l’ancien français contemner, contempner. 
Eh oui! Encore une fois, c’est l’anglais qui a absorbé un mot français. Dans ce sens-!
Et vous vous étonnez que cette langue soit aussi forte, aussi présente à l’heure actuelle?  
Quand comprendrez-vous, mes amis linguistes francophones - et surtout français! -, que protéger une langue, ce n’est pas la rendre imperméable aux autres?
Que du contraire…
Enfin…

Allez, restons en grec!
Où l’on trouvait τμῆσις, tmêsis: la coupure, la découpe. La césure.

Dérivé de τέμνω, témnôcouper », ça y est, ça va mieux après un bon café?)

En français?

Tmèse!

Sans rire.

En grammaire, il s’agit de la disjonction des deux éléments d'un mot composé, par intercalation d'un ou plusieurs mots. (Il convient de noter que la pratique de la tmèse trouve un adjuvant dans la commodité métrique.)

D’autres questions?

Oui, “lors même que”, en voilà une, de tmèse! 

Ou encore “des aspects socio- et politico-économiques”.
Le fait de séparer socio- et économiques en est une autre…


Bon, d’autres dérivés de *temə-sont encore possibles, mais pas trop certains, maniez-les donc avec prudence

Je vous les livre:

Estimer!
Oui, le français estimer provient du latin aestimō, aestimāre.

Ce aestimāre pourrait être en réalité un verbe dénominatif (entendez “dérivé d’une forme nominale”) basé sur un composé pré-latin *ais-tomos, signifiant littéralement “celui qui découpe le bronze”,
la première partie du mot, ais- (aes: un métal: airain, cuivre, bronze) dérivant par ailleurs d’une racine proto-indo-européenne *ayes-: métal, cuivre ou bronze!
Ouais bon…

Michiel de Vaan, toujours dans son “Etymological Dictionary of Latin and the other Italic Languages”, s'en tape encore sur les cuisses, les larmes aux yeux en pleine crise de fou rire.
Son verdict? “Explication peu crédible”. 
Car pour lui, et avec un (très) grand point d’interrogation, s’il fallait relier aestimāre avec une racine proto-indo-européenne, il faudrait plutôt chercher du côté de *ais-, souhaiter, désirer, d’où rechercher, et par extension mendier, quémander… => “celui qui mendie le bronze
(sachez quand même que c’est cette racine *ais- qui est à l’origine de l’anglais ask, demander!!)


Enfin, il y a … automne!

Oui, la saison.

Watkins rapporte cette étymologie - proposée par Pokorny le grand - mais sans trop y croire (il émaille sa définition de perhaps: il se pourrait que… ).

Le latin autumnus (automne, sans rire), pourrait provenir d’une forme composée antérieure,
*aut-tomos, 
correspondant à la récolte, la moisson. A ce moment particulier de l'année où on coupe, on fauche



Pour Mallory et Adams, nous ne pouvons rationnellement pas reconstruire un mot proto-indo-européen pour “automne”, et par voie de conséquence, nous pouvons parfaitement concevoir que le latin autumnus soit d’origine étrangère

automne


Pour terminer en beauté, que diriez-vous de quelques autres cognats, dans les langues celtiques, par exemple, mmmh?

En vieil irlandais, on trouvait teinnid*, pour casser, couper

En proto-celtique, le substantif tondā correspondait à “peau, surface”.

Le rapport, me direz-vous?

Eh bien, souvent, les mots pour “peau” se rapportent à des verbes évoquant l’idée de couper
(oui, car cette peau dont il est question, c’est la peau d’animal découpée, destinée à être portée ou à garnir un intérieur…, le cuir...)




Dans les langues slaves, on peut probablement mentionner le proto-slave *teti, “couper, hacher, frapper …”, dont dérive par exemple le russe archaïque тять (“tjatj”): frapper…, issu du vieux slavon d’église (mais oui, je ne vous oubliais pas!) тєти (“teti”), de même sens.



Voilà donc pour notre racine *temə-1

Dans ses dérivés les plus plausibles: temple, contempler, atome, anatomie, entomologie, tondre, tonsure, et peut-être même l’anglais contemn

Pas mal, non, pour une seule petite racine?!



Sur ce, je vous souhaite un EXCELLENT dimanche ; passez une TRES BONNE semaine, et surtout…

... Retrouvons-nous dimanche prochain, si vous le voulez bien!


Frédéric


dimanche 10 mai 2015

Avez-vous déjà contemplé l'anatomie d'un chevalier du Temple ? Moi non


article précédent : j'en suis si-dé-ré !




La contemplation, c'est suspendre le temps à coups de beauté.

Delphine Lamotte 



C'est cela, oui.

Frédéric Blondieau



Bonjour à tous !

Dimanche dernier, nous avions évoqué la racine *sweid-1,briller”, à l’origine du latin consīdero, consīderare, construit sur le préfixe cum- revêtant un caractère d’intensité, et sur sīdus, la constellation.

Considérer, donc, originellement, signifiait regarder intensément le ciel, le contempler pour y lire les présages…




Eh bien, je vous propose pour ce dimanche d’embrayer là-dessus.

Et de nous intéresser, précisément à ce “contempler” que j’avais mentionné à escient dimanche dernier… (si si)


Contempler, vous pouvez aisément vous en doutez, provient d’un composé latin, où l’on retrouve à nouveau cum-, toujours à prendre dans en sa qualité de préfixe intensificateur.

Le verbe latin de base, c’est contemplari.

À plus d'un titre, on peut relier contemplari et consīderare, dans la mesure où l’un et l’autre proviennent de la langue augurale pour ultérieurement passer dans l’usage commun et se laïciser à l’occasion.

En outre, les deux mots sont pratiquement synonymes.

Ce qui est particulièrement intéressant en ce qui concerne contemplari, c’est bien évidemment sa deuxième partie, -templari.

Car derrière templari, nous retrouvons le latin… templum.

Oui, ce templum qui donnera notre français ... temple.

maquette du Temple de Salomon


Templum, terme de la langue augurale
- les augures n’ayant vraiment rien d’autre à foutre qu’à aimant à scruter le ciel pour y discerner tout présage -,
désignait en réalité, non pas un temple (dans le sens que nous donnons actuellement au mot), mais bien un espace d’observation que l’augure délimitait dans le ciel - voire sur la terre -, dans lequel il recueillait et interprétait les présages.

Le temple, c’était cette zone d’observation, un quadrillage que l’on délimitait, découpait mentalement devant soi.

Vous avez vu The Draughtsman's Contract, curieusement traduit en français par "Meurtre dans un jardin anglais"? 

Moi je l'ai vu plein de fois.  
(Et me suis juré de le revoir encore et encore tant que je ne l'aurai pas compris... )
Eh bien, dans ce superbe film de Peter Greenaway, le dessinateur, ce draughtsman dont il est question, va utiliser un appareil à visée lui permettant de délimiter, de fixer sa vision des choses, pour que son dessin soit le plus proche de l'original...

Ah bien sûr, on ne peut évoquer The Draughtsman's Contract sans sa musique.
Parfaitement en symbiose avec le thème du film. Vraiment. 
Car si Peter Greenaway "revoit", "revisite" la façon de peindre de l'époque en y incorporant un appareil anachronique, Michael Nyman, le compositeur de la bande originale du film, fait rigoureusement la même chose, avec... la musique. 
Il prend de la musique d'époque, par exemple le prélude à l'Acte III, Scène 2 du sublime opéra de Henry Purcell, King Arthur, et il modernise le morceau, à sa manière répétitive, pour qu'il devienne en quelque sorte le pendant auditif des images projetées, Chasing Sheep is best left to Shepherds... (c'est le titre du morceau re-créé
Génial.


Ci-dessus le morceau de Michael Nyman, Chasing Sheep is best left to Shepherds


Et ci-dessous, l'original, de Purcell...




Mais revenons à temple, ou plutôt au latin templum.

Le mot était utilisé par les augures dans leurs rituels sacrés ?

Par extension, le mot en vint à désigner un endroit consacré aux dieux, un… temple.


la Maison Carrée, à Nîmes

C’est déjà très fort, non ?

Mais poursuivons, car ça ne fait que commencer

Ce templum latin, il venait, bien entendu, d’une racine proto-indo-européenne…

*temə-1

dont le champ lexical pouvait se résumer à … couper, découper.


C’est particulièrement à une forme suffixée de la racine, *temə-lo-, que nous devons ce templum latin, “découpe (dans le ciel)”.

Et donc, par là, le français s’est enrichi de quelques mots de vocabulaire : temple, contempler, mais aussi contemplation, contemplatif.

On parle souvent de la voie contemplative, l’une des voies spirituelles traditionnelles, propre par exemple à la vie monastique.

procession de Trappistes

procession de Trappistes


Sans rire, vous auriez fait le rapprochement entre contempler et temple, vous ??


En grec, notre racine, mais cette fois par une forme nasalisée *t(e)m-n-ə-, se retrouvera dans le verbe τέμνω, témnō : couper, blesser, découper

Son dérivé τόμος, tómos désignait désignait d’une façon générale la pièce découpée, la partie, le morceau, la tranche, le lopin de terre, ou même …

le rouleau de papyrus

Eh ! Vous l’aurez compris, le tome, ce par quoi on appelle un des volumes d’un ouvrage qui en comporte plusieurs, en est un beau dérivé.
Par le latin tomus.

Victor Hugo, Les Misérables Tome IV

Grumman F-14 Tomcat


Et puis, nous avons encore tous ces mots en tomo- qui reprennent l’idée de découpe, de tranche.

Ainsi, la tomographie est une technique d’imagerie qui permet de reconstruire le volume d’un objet à partir d’une série de mesures effectuées par tranche depuis l’extérieur de cet objet.



L’IRM, imagerie par résonance magnétique nucléaire est typiquement une technique tomographique

(Même si personnellement, je préfère la tomographie à émission mono-photonique, qui a quand même nettement plus de gueule, et rend verts de jalousie les techniciens en IRM lors des conversations en dîners mondains.)


Toujours dérivés de ce grec τόμος, tómos, nos mots en -tome, ou -tomie, sans lesquels les chirurgiens seraient un peu perdus :

anatomie, du grec ancien ἀνατομή, anatomê, dissection, via le latin anatomia, de même sens.

Ou encore trachéotomie, lobotomie, laryngotomie, et ainsi de suite…


C'est dans le monde de la Consultance que
vous pourrez trouver une assez forte
concentration de lobotomisés


Hors du vocabulaire médical, nous pouvons encore citer … dichotomie !
Etat de ce qui est coupé en deux, ou écart entre deux réalités considérées dans un rapport antagonique.

Du grec ancien διχοτομία, dikhotomia, « division en deux parties »




L’entomologie, c’est littéralement la science qui traite des insectes
Entomo- logie.

Entomo- nous arrivant du grec ancien ἔντομα, éntoma, « insectes » de ἔντομος, éntomos, « incisé, entaillé ».

Oui, il faut comprendre que pour nos antiques ancêtres, un insecte était un animal au corps divisé, dont les parties étaient bien délimitées, bien découpées… Pensez à une taille de guêpe.


Surprenant ? Mais les amis, quand nous parlons d’insectes, nous voulons dire la même chose.
Insecte nous venant du latin (animalia) insectus, rigoureusement de même sens !!



Épitomé !
L’abrégé d’un livre, d’une histoire…

un épitomé, c'est par définition très court.

Ici, l'Épitomé de l'antiquité des Gaules et de France,
par feu messire Guillaume Du Bellay,
seigneur de Langey, Avec ce,
un prologue ou préface sur toute son histoire
& le catalogue des livres alléguez en ses
livres de l'antiquité des Gaules, & de France.
Plus sont adjoustées une oraison, & deux
épistres, faites en latin par ledit autheur,
& par luy mesmes traduites de latin en françoy


Enfin, il y a … l’atome.

-tome, précédé d’un superbe α privatif, pour désigner cette particule réputée première, insécable, indivisible




On n’en a pas encore fini, avec cette surprenante *temə-1.
Mais nous en resterons là pour aujourd’hui.

Je vous promets encore quelques surprises pour dimanche prochain…


Je vous souhaite, à toutes et tous, un très heureux dimanche
- j’en profite pour souhaiter une bonne fête des mères à … toutes les mères ! 
En Belgique, c’est ce week-end qu’elles sont fêtées…

Passez une très bonne semaine ; retrouvons-nous… dimanche prochain ?



Frédéric