- Paraît chaque dimanche à 8 heures tapantes, méridien de Paris -

dimanche 25 juin 2017

ne *bodo- pas notre plaisir: tous les moyens sont bons,même le gallois





 “Lorsque Jésus fut ressuscité d'entre les morts, il passa onze ans, parlant avec ses disciples et les enseignant jusques aux lieux non seulement des premiers préceptes et jusques aux lieux du premier mystère, de celui qui est dans l'intérieur des voiles, dans l'intérieur du premier précepte, qui est lui-même le vingt-quatrième mystère, mais aussi des choses qui sont au delà, qui sont dans la seconde place du second mystère, qui est avant tous les mystères ; le père de la similitude de la colombe, Jésus dit à ses disciples : « Je suis venu de ce premier mystère, qui est le même que le dernier mystère, qui est le vingt-quatrième. » Ses disciples ne connaissaient ni ne comprenaient ces choses, car aucun d'eux n'avait pénétré ce mystère, mais ils pensèrent que ce mystère était le sommet de l'univers et la tête de toutes les choses qui existent ; et ils pensèrent que c'était la fin de toutes les fins, car Jésus leur avait dit, au sujet de ce mystère, qu'il environne le premier précepte, et les cinq empreintes, et la grande lumière, et les cinq assistants, et également tout le trésor de la lumière.”



le début de Pistis Sophia, traduction française

(un des passages les plus compréhensibles)






Bonjour à toutes et tous !


Dimanche dernier, nous découvrions, ébahis, qu'à l'origine de l'anglais bid, de l'allemand verboten, et de nos bedeau et Bouddha, il n'y avait qu'une seule et même racine indo-européenne, *bheudh-, “être conscient, rendre conscient”, “s'éveiller, devenir attentif...”




le réveil. C'est un peu moi en ce moment...


Aujourd'hui, je vous propose tout simplement de quitter le germanique, pour nous lancer dans un tour du monde de ses dérivés dans les autres groupes linguistiques...


Rien que ça.



Around the world in 80 days, 1956


Avant toute chose, encore un petit mot sur les dérivés romans de notre racine...


Nous avions vu que le français bedeau dérivait de notre *bheudh- par le francique *budil puis le latin médiéval bedellus.



Mais oui, oooh !


*bheudh-“être conscient, rendre conscient”
germanique *beudan-, “offrir, faire une offre, commander...”
germanique *budilaz-, “héraut, messager...
francique *budil,  “héraut, officier représentant...
latin médiéval bedellus
vieux français bedel, “officier dans des affaires judiciaires mineures...
français bedeau



Ca y est, on se rappelle ? 
OK.


Le latin, langue académique et ecclésiastique par excellence dans le monde chrétien médiéval ne se parlait évidemment pas qu'en France.


A l'image du français, bien d'autres langues romanes ont ainsi récupéré et intégré le latin bedellus , comme c'est par exemple le cas... 
  • en portugais, espagnol et ancien occitan : bedel, ou
  • en italien : bidello.

Un fidèle lecteur du blog - que je remercie ici - me raconte d'ailleurs qu'à la prestigieuse université portugaise de Coimbra...

- l'une des plus anciennes en exercice en Europe et dans le monde ! -,
... bedel revêt deux significations: bedeau mais aussi archer, ce qui est évidemment intéressant, car correspond remarquablement bien à l'évolution sémantique du mot, telle que nous l'avions découverte la semaine dernière...

Notons aussi à ce propos qu'en allemand, le désormais vieilli Büttel, construit lui aussi sur le germanique *budilaz-, “héraut, messager...”, désignait l'huissier ou le bedeau, mais aussi le sergent de ville, ou... l'archer !

Et dans un emploi péjoratif toujours d'actualité, il correspond encore à notre français larbin. Toujours cette idée de rôle subalterne...


La sublime bibliothèque de l'université de Coimbra


Et en grec ? me direz-vous. 

Pas de dérivés grecs de cette racine que l'on retrouve un peu partout dans le monde indo-européen ??

Mais si, bien sûr !


Nous lui devons le verbe déponent...

(qui ne se conjugue qu'au passif, mais possédant bien un sens actif)
...πυνθάνομαι, punthánomai,  “demander, se renseigner, examiner, expérimenter apprendre”.
Ou encore son équivalent poétique πεύθομαι, peúthomai, de sens ... euh... équivalent. Mais, disons-le, plus, voyons ... - oui - poétique.  
(Poétique, car métriquement plus facile à placer dans un poème épique.)

Soit dit en passant, sur le degré zéro du radical de πυνθάνομαι, punthánomai, s'est créé le substantif πύστις, pústis, que l'on pourrait traduire par interrogation, question, enquête, demande (de renseignements), ou nouvelle (la bonne ou la mauvaise, dans le sens de  “ce qu'on apprend en demandant”).
Attention, surtout ne confondez pas πύστις, pústis, “interrogation...” et πίστις, pístis, “foi, fidélité”, que vous connaissez peut-être par ce monument de la gnose chrétienne qu'est Πίστις Σοφία, la Pistis Sophia, littéralement “Foi Sagesse 
- ce que l'on pourrait peut-être comprendre comme  “Sagesse dans la Foi, ou alors Foi dans la Sagesse”, ou pourquoi pas  La fidèle Sagesse” ? -
traité écrit en grec, vraisemblablement vers 330 par un Grec d'Égypte, et que nous ne connaissons que dans sa version copte écrite vers 350.
ici, dans une de ses traductions en français






Bon, passons à présent aux langues celtiques...

On y retrouve notre chère *bheudh- derrière la racine proto-celtique 
*bu-n-do-,  “proclamer, avertir”, que l'on discernera, par exemple, dans le vieil irlandais ad·boind, “prévenir, avertir”.

C'est peut-être encore le degré o de *bheudh-, par l'intermédiaire cette fois d'une racine celtique *fro-bowdo-, qui serait à l'origine des...
  • gallois rhybudd, “avertissement, avis...” et
  • vieil irlandais robud, de sens identique.

Remarquez donc ici, à nouveau, une évolution sémantique, depuis un sens original indo-européen (tel que reconstruit) être éveillé, vers la notion d'annoncer, d'avertir.

À nouveau, car oui, nous avons déjà vu une évolution sémantique identique dans le cas du germanique *budon-, notamment “annoncer...”, passé dans le vieil anglais bodian, “annoncer, prédire”, ou encore, là tout de suite, avec le grec πυνθάνομαι, punthánomai, dont le champ sémantique inclut, d'une façon ou d'une autre, l'idée de transmission d'information.

Cette évolution si particulière, je me l'explique - je vous en parlais déjà dans Swing tanzen verboten - par le fait que le sens premier attribué à notre racine: s'éveiller, prendre conscience, peut très facilement s'employer dans un contexte de transmission d'information: s'éveiller à ... l'idée de, à la notion de...  
Prendre conscience? de la situation, ... 

Je dois cependant à la vérité - et à l'intégrité dont je me revendique - de dire que pour Ranko Matasović 
- Oui, LE Ranko Matasović, linguiste croate spécialiste de l'indo-européen et des langues celtes, et auteur du Etymological Dictionary of Proto-Celtic (Leiden Indo-European Etymological Dictionary Series) -,


l'explication de ce remarquable changement de sens est plus subtile :
d'être réveillé”, on serait passé à  “se signaler (comme réveillé)”, puis de là, à “signaler, avertir...”

Selon ses propres mots, comme si vous y étiez : 
'be awake' > 'make oneself noticed' > 'give notice'


ZE Ranko Matasović

Bon, je n'ai pas vraiment l'intention de me disputer avec lui, donc, passons.
Et revenons à son formidable dictionnaire !
- lèche-botte ! 
- ça suffit, maintenant !
Dans l'excellent dictionnaire du grand Matasović, nous découvrons qu'il est encore possible, mais sans certitude aucune, que notre *bheudh- soit à l'origine d'une autre racine celtique, *bodo-, plaisir”.

De laquelle dérivent, par exemple, 
  • le vieil irlandais buide, satisfaction”,
  • le cornique both, “volonté”, ou encore 
  • le moyen gallois bodd, “plein gré, libre arbitre, consentement”.
Très honnêtement, je n'en crois rien. Mais Ranko
(oui, oh, on se tutoie, maintenant)
n'en est pas plus convaincu que ça non plus! 
Et toc.

Car si linguistiquement, tout permettrait de rapprocher cette *bodo- de notre *bheudh-, il faudrait alors aussi expliquer ce nouveau - et radical - changement de sens, qui plus est totalement unique au celtique (on ne le retrouve dans aucun autre groupe linguistique). 

Mais au moins, ça m'a permis de glisser un superbe moyen gallois

Ça le fait, non ? 'y en a plein qui vous donnent du gallois à la va comme je te pousse, ou alors - et c'est déjà nettement mieux ; l'effort est louable - qui vous servent du vieux gallois.

Mais ici, c'est carrément du moyen gallois - le gallois parlé du XIIème au XIVème.
Et ça, rien à faire, ça en jette. Or donc, en moyen gallois, vous comprendrez aisément, chers amis, ...



Bon, ça, c'était pour les langues celtiques.



Et si on passait au groupe balto-slave ? Hein, hein ?

Eh bien, c'est par lui que commencerons l'article de la semaine prochaine, qui clôturera aussi notre petite étude des dérivés de cette invraisemblable *bheudh-...

Encore sept fois dormir. 


- Mmmh ? Quoi, vous murmurez quelque chose ? Que c'est déjà fini ? 
Ben oui. Et j'en suis désolé.
Mais là, je suis complètement lessivé, travaillant sur plusieurs fronts à la fois. 
Alors je m'en tiens à des articles courts, mais qui, au moins, ont la qualité d'exister. 

Car OUI, le dimanche indo-européen est publié CHAQUE dimanche !



Je vous souhaite, à toutes et tous, un excellent dimanche, et une très très belle semaine !




Et moi, j'aimerais tant retourner me coucher...



Frédéric, 

depuis Levallois-Perret...


















******************************************
Attention,
ne vous laissez pas abuser par son nom :
on peut lire le dimanche indo-européen
CHAQUE JOUR de la semaine.
(Mais de toute façon,
avec le dimanche indo-européen,
c’est TOUS LES JOURS dimanche…).
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Et pour nous quitter, 

un clip qui n'a strictement rien à voir avec le sujet du jour.
RIEN.

Mais j'adore cette chanson...

Frida Boccara,
Cent mille chansons



Michel Magne, qui l'a composée, s'est inspiré de Bach.


Et pas de n'importe quoi, de Bach...




Matthäus Passion, BWV 244,
"Mache dich, mein Herze rein"

article suivant : Je me lève et je te bouscule, Tu n’te réveilles pas, Comme d'habitude.

dimanche 18 juin 2017

Le bedeau de la paroisse est toujours de l'avis de Monsieur le curé.


article précédent : Swing tanzen verboten





“Il entre dans le confessionnal où le curé lave les âmes de tous les paroissiens. À tour de bras. Il en sort une eau noire. Le sacristain l'éponge. Le bedeau vide les seaux. Les paroissiens sortent tout blancs.

Alexandre Vialatte,
Les Champignons du détroit de Behring (1988)


Alexandre Vialatte, 22 avril 1901 - 3 mai 1971,
quelqu'un que j'aurais aimé connaître.














Bonjour à toutes et tous!


Nous découvrions dimanche dernier la racine indo-européenne *bheudh- , aux sens bien curieux, parmi lesquels “être conscient, rendre conscient” (ou peut-être “savoir, faire savoir”, “comprendre, faire comprendre”), “s'éveiller, devenir attentif...”




s'éveiller


Nous avions déjà retrouvé ses dérivés germaniques, avec les proto-germaniques

  • *beudan-, “offrir, faire une offre, commander...” et 
  • *budōn-, “proclamer, annoncer, instruire...”, 
dont étaient issus, par exemple, les anglais bid, bode, forbid, ou encore l'allemand verboten.







Et je vous proposais, en nous quittant dimanche dernier,  de réfléchir à un mot suédois récemment passé au français (linguistiquement, il s'agit d'un emprunt), bien évidemment dérivé de notre gentille *bheudh-.



Alors, une idée ??


Je vous aide.

Trop bon. Je suis vraiment trop bon.




















Le mot que nous cherchons, NON, ne se retrouve pas dans un catalogue IKEA...
(quoique? Car je ne dispose pas ici d'un catalogue de la marque, mais sur leur site internet belge, ce mot apparaît en toutes lettres),
...mais est construit sur un composé, dont chacune des trois parties peut être tracée jusqu'au vieux norois.

Ce mot composé correspond à une fonction. À un rôle.


En vieux norois, la partie du composé qui nous intéresse, nous l'avions déjà abordée dimanche dernier: boð, “message, offre, ordre, augure, présage



Alors, ça y est?


C'est ici à la notion de message, d'offre, que fait plus précisément référence ce vieux norois boð.



Oui?

Allez, je vous donne le composé vieux norois : umboðsmaðr.


Ça y est?
Ben oui, le mot à trouver, c'était... ombudsman.


Mais... décortiquons ce 
umboðsmaðr, voulez-vous ?

Umboð, um - boð, se traduirait par commission, mandat.

Boð, je ne vous ferai pas l'affront de vous l'expliquer.

Quant à ce um-, il descend du proto-germanique *umbi-, autour, près de....
S'il vous fait penser au latin amb-, ambi-, autourau grec ἀμφί, amphí,
“des deux côtés, autour ; tous deux, ou bien évidemment à la préposition sanskrite अभि, abhi, “vers, contre, au nom de, ...”, vous n'êtes pas (nécessairement) fou, car il s'agit bien de cognats, de dérivés d'une seule et même racine indo-européenne *ambhi-autour”. 

Quand à maðr, vous l'aurez compris, il s'agit du vieux norois pour man”. Oui, l'homme.
Descendant de l'indo-européenne *man-1,  homme.
Nous en parlions ici : Manneken-Pis, yeomen et autres moujiks

Et donc, si nous remettons tout ensemble, umboð-s-maðr serait littéralement l'homme du mandat.
Le mandataire, le commissionnaire, si vous préférez, celui qui agit en votre nom, pour votre cause.

Le vieux norois umboðsmaðr désignait ainsi, d'une façon générale, le représentant.

On retrouve le terme en 1241, devenu umbozman, dans le Codex Holmiensis, le manuscrit contenant la Loi de Jutland, codifié sous Valdemar II de Danemark.


Codex Holmiensis


Il y désigne un fonctionnaire royal.


À partir de 1552, umboðsmaðr sera également utilisé dans les autres langues scandinaves:

  • en islandais et féroïen : umboðsmaður, 
  • en norvégien : ombudsmann/ombodsmann 
  • et en suédois, éventuellement ? ombudsman. Ce qui est vraiment surprenant, je vous l'accorde.
M'est avis que dans certains coins, les Ombudsmen ont plus à faire
qu'ailleurs...
Ici, le bureau de l'Ombudsman aux Philippines


et voilà la page du site IKEA belge qui cite l'ombudsman


- Mais euh, et comment l'ombudsman suédois est-il passé au français??
- Mais que voilà une excellente question !!

En Suède - merci Wikipedia -, il y avait, à la Cour du roi, un haut fonctionnaire qui recevait les plaintes adressées au roi concernant des abus de pouvoir ou des mauvaises pratiques administratives. 


Dans une réforme constitutionnelle...

- celle de 1809, pour les plus grands malades d'entre vous, qui, sachez-le, sera mise en place après que Charles XIII fut proclamé roi, et s'inspire du principe de séparation des pouvoirs de Montesquieu -,
...le pouvoir législatif déclara qu'il - ce haut fonctionnaire, allez, on suit - serait désormais appelé Ombudsman parlementaire et jouirait, dès lors, d'une totale indépendance par rapport au roi, à son gouvernement et à son administration. Ce qui n'est pas rien.
C'est bien cela, l'originalité - et la force - de l'ombudsman : sa totale indépendance.

L'institution fut perçue tellement positivement qu'elle franchira les frontières de la Suède au XXème siècle, pour être adoptée par d'autres pays scandinaves : la Finlande en 1919, le Danemark en 1955 (et puis finalement la Norvège en 1962). 

Depuis le début des années soixante, la popularité de cette sympathique institution suédoise ne cessera de s'accroître ; plusieurs pays du Commonwealth, d’Europe - et d’ailleurs - vont ainsi créé un poste identique, ou du moins similaire (Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, Tanzanie, Israël...).


En 1973, la France aura elle aussi son Ombudsman, ou plutôt son Médiateur de la République, ce qui sonne tellement plus français, et donne cette ravissante impression que l'idée est française... 

(et en plus, ombudsman, on eût pu croire que ce fût de l'anglais, beuurkkk)
Jean-Paul Delevoye, ancien médiateur de la République
(source)


Oui, mais justement, quid du mot ombudsman, alors ? 

Eh bien, il est entré en français et a fini, malgré toutes les méchancetés et vexations, à s'y imposer, car il n'existait tout simplement pas de mot parfaitement équivalent français. 
Forcément, puisque cette fonction si originale et singulière n'existait pas encore en France... 
Si l'État français a vite fait de récupérer et franciser le suédois ombudsman, le domaine privé ne s'est pas... privé de l'employer, encore et toujours, sous sa forme originale...   


Et voilà donc! Encore un mot issu du germanique *beudan-, “offrir, faire une offre, commander...” 


Et qui plus est, emprunté en français...

Mais nous n'en avons pas encore tout à fait fini avec *beudan-... 


Car sur le verbe *beudan- s'est créé un autre mot germanique, le substantif *budilaz-, “héraut, messager, annonciateur...

À l'armée, ou en tout cas dans un système hiérarchisé, le messager est souvent l'adjoint, l'adjudant, qui transmet les ordres de son supérieur.

C'est ainsi que l'on peut expliquer qu'en francique...
(enfin, oui, bon, en ancien bas vieux-francique, si vous aimez à ce point pinailler),
...*budilaz- est devenu *budil (ou *bidil), avec le sens de messager de justice, mais aussi “héraut, officier représentant...”.

De fil en aiguille, cette notion de messager s'est estompée, en faisant place à celle de représentant, donc correspondant, hiérarchiquement, à un rôle subalterne.

Et voilà pourquoi, en vieux français, le francique *budil/*bidil devint...
- via le latin médiéval bedellus -,
... bedel (ou bidel),  officier subalterne chargé de la police, de l'ordre”, officier dans des affaires judiciaires mineures...”, ou carrément milicien, soldat en arme


C'est de là, par une spécialisation de sens, qu'il évoluera (début du XVIème) en ... bedeau, “personne préposée au service matériel d'une église”.


*bheudh-“être conscient, rendre conscient”
germanique *beudan-, “offrir, faire une offre, commander...”
germanique *budilaz-, “héraut, messager...
francique *budil,  “héraut, officier représentant...
latin médiéval bedellus
vieux français bedel, “officier dans des affaires judiciaires mineures...
français bedeau



Très jolies illustrations extraites d'ici



Ah ça! L'auriez-vous cru, à ce lien si étroit entre l'anglais bid, l'allemand verboten, le suédois - désormais français - ombudsman et notre brave bedeau ?

Vous l'auriez cru, ça ? 


Notez que c'est une évolution sémantique similaire et parallèle qui aboutira à l'anglais beadle, l'équivalent de notre bedeau, et qui reprend toujours bien les acceptions d'appariteur, d'huissier.



*bheudh-, “être conscient, rendre conscient”
germanique *beudan-, “offrir, faire une offre, commander...”
germanique *budilaz-, “héraut, messager...
vieil anglais bydel,  “héraut, messager...
moyen anglais bedel, bidel, “appariteur, officier adjoint...
anglais beadle, “appariteur, huissier, bedeau...”




Et ce n'est pas fini...


*bheudh- se retrouve dans le sanskrit बोधति, bodhati, s'éveiller, comprendre, percevoir, devenir conscient, reprendre conscience...”. 

Ou même dans le sanskrit बोधि, bodhi, “connaissance parfaite”.

Vous comprenez enfin pourquoi l'on a attribué à notre *bheudh- ce champ sémantique si disparate, si hétérogène...


L'avez-vous deviné ?


Sur बोधति, bodhati, s'éveiller, devenir conscient”, et बोधि, bodhi, “connaissance parfaite, s'est créé बुद्ध, buddha, “l'éveillé, celui qui a pris conscience, l'illuminé, le sage...”.

Oui, ce qui se retranscrit en français sous la forme Bouddha, l'éveillé.




Si bouddha désigne le stade ultime de celui qui a enfin atteint à la connaissance parfaite, qui s'est éveillé, celui qui est encore en chemin, l'initié qui se rapproche de cet état de perfection, on l'appelle बोधिसत्त्व, bodhisattvabodhi-sattva, que l'on pourrait traduire par “existence illuminée”...


Et ça, ça ne vous la coupe pas ??


Mais vous rendez-vous compte ? 

Verboten, ombudsman, bedeau, et puis Bouddha ? 
Oui! Ils proviennent tous de la même racine, OUI tous ces mots sont cousins



Bon, on en restera là pour ce dimanche.


Trop d'émotions, c'est pas bon non plus.
























Mais je vous l'avais dit, hein, que cette racine était incroyable !!!


La semaine prochaine, je vous propose d'entamer un tour d'horizon des dérivés de notre *bheudh- dans les autres groupes linguistiques (celtique, iranien, hellénique, slave, balte, et ... tokharien, oui !).




Je vous souhaite, à toutes et tous, un excellent dimanche, et une très très belle semaine !





Frédéric





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Attention,
ne vous laissez pas abuser par son nom :
on peut lire le dimanche indo-européen
CHAQUE JOUR de la semaine.
(Mais de toute façon,
avec le dimanche indo-européen,
c’est TOUS LES JOURS dimanche…).
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Et pour nous quitter,

J'aurais bien voulu vous trouver un morceau d'Hippolyte Bedeau, chansonnier du XIXème, mais je n'en trouve aucune video...

Alors, je me suis senti obligé, par attrait pour le bouddhisme et l'Orient, de vous proposer Anoushka Shankar.



Lasya, par Anoushka Shankar, tiré de son album Traces of You


dimanche 11 juin 2017

Swing tanzen verboten






“Но мой Онегин вечер целый
Татьяной занят был одной,
Не этой девочкой несмелой,
Влюбленной, бедной и простой,
Но равнодушною княгиней,
Но неприступною богиней
Роскошной, царственной Невы.
О люи! все похожи вы
На прародительницу Эву:
Что вам дано, то не влечет,
Вас непрестанно змий зовет
К себе, к таинственному древу;
Запретный плод вам подавай:
А без того вам рай не рай.”



“Mais Onéguine, pendant toute la soirée,
ne fut occupé que de la seule Tatiana ;
non pas de cette petite fille
timide, simple, amoureuse ;
mais de la hautaine princesse,
de l'inabordable divinité
des rives de la Neva.
Ô hommes! vous êtes tous semblables
à notre grand'mère Ève :
Ce qui vous est donné ne vous attire pas.
Un serpent vous appelle à lui 
sans relâche à l'arbre mystérieux ; 
il faut qu'on vous donne le fruit défendu ;
sinon, le paradis n'est plus le paradis.”


Eugène Onéguine (Евгений Онегин)
Huitième partie, XXVII

Alexandre Pouchkine


(évidemment, si Tatiana ressemblait à ça)

Alexandre Pouchkine,
Moscou le 6 juin (26 mai) 1799
-
Saint-Pétersbourg le 10 février (29 janvier) 1837.














 (Quoi ? Ne me dites pas que vous peinez encore à passer les dates du calendrier grégorien au calendrier julien ?? Ou alors - mais je n'ose même pas l'imaginer -, vous n'avez pas lu Une sieste dans la Chapelle Sixtine ? Chaque année bissextile ? ni ensuite C'est alors que Jack Ryan proposa quelques After Eights au capitaine de l'Octobre Rouge ??)




Bonjour à toutes et tous !


Aujourd'hui, amis de l'étymologie et des racines indo-européennes, une racine qui va vraiment vous surprendre.


Je sais, je le dis tout le temps.


Mais cette racine, mes amis !!


On la retrouve en français et dans les langues romanes, dans les langues germaniques, en grec, dans le groupe indo-iranien, dans les langues celtiques, dans les langues baltes, et les slaves...


Et, cerise sur le gâteau, en tokharien.

- Euh, maisje...


- Euh, maisje...
... vous avez bien dit ... tokharien ?









- oui oui, tokharien (ou tocharien, d'autant que le nom ne correspond probablement pas, ni au nom des peuples qui parlaient cette langue, ni à celui de la langue elle-même) !


Oui, j'en ai déjà parlé, de-ci de-là ; j'ai déjà cité quelques cognats tokhariens des mots que nous traitions....
Je ne vais pas réinventer la roue: si vous souhaitez en savoir plus sur ces braves Tochariens / Tokhariens, voici quelques articles qui les mentionnaient:

Les Tokhariens (ou du moins ces peuples que l'on appelle à présent ainsi) habitaient dans le bassin du Tarim - l'actuelle région autonome chinoise du Xinjiang -, et ont disparu il y a environ un millénaire.


Nous savons très curieusement pas mal de choses de leur langue, ou plutôt de leurs langues.

Que l'on a très laconiquement, très platement mais aussi très simplement dénommées tokharien A et tokharien B.
Et on parle même aussi d'une variante C.
le bassin du Tarim, plus ou moins au milieu de la carte

Oui, on les connaît assez bien, car on a retrouvé des écrits en tokharien !

Quoi, vous ne pensez quand même pas qu'ils écrivaient à la machine ?





Ce que l'on en sait, de la langue tokharienne ?
  • Le tokharien, d'un point de vue lexical, présentait beaucoup de similitudes avec le grec ancien, et même avec le germanique.
  • Et morphologiquement, il s'apparentait plutôt aux langues du groupe italo-celtique.
Oui, je sais, c'est dingue !
  • Mais cette langue présentait également un caractère archaïque, correspondant à son apparition, bien antérieure à nos groupes de langues, sur l'arbre linguistique indo-européen.

Pour vous situer...
(source)


Pour en revenir à cette fameuse racine du jour...
- le tokharien, on y reviendra en temps voulu -,
...il m'a semblé plus qu'important de vous la présenter, car, encore une fois, elle va vous permettre d'établir des ponts entre des mots que jamais (JAMAIS) vous n'auriez soupçonnés d'être liés à ce point.


Je vous l'assure, vous allez être surpris...


Vraiment.


Cette racine indo-européenne si particulière, c'est

*bheudh- 

Bon, d'accord, comme ça, elle n'est peut-être pas à son avantage, mais attendez.

La signification qu'on lui attribue ?

Selon Watkins : “être conscient, rendre conscient”, que l'on pourrait aussi bien comprendre comme “savoir, faire savoir.

Et ce savoir pourrait très bien être remplacé par comprendre.

Pour Beekes : “s'éveiller, devenir attentif...”


Curieux, hein ?

Mais comme vous le savez, les interprétations des racines indo-européennes sont rarement précises, elles se basent sur les mots que l'on reconnaît comme dérivés d'elles, et le sens premier qu'ils ont eu.

Ce n'est pas toujours simple, en jouant ce jeu, de retrouver le sens précis d'une racine.
On en reste souvent à des généralités...

Et quand vous connaîtrez les sens de ses dérivés, à la petite *bheudh-...



Commençons donc par passer en revue ses dérivés dans le groupe germanique.


De *bheudh- dérivera le verbe fort proto-germanique *beudan-, “offrir, faire une offre...”, mais aussi “commander”.


- Mais?? Mais enfin, quel est le rapport entre tous ces sens comme “être conscient, rendre conscient”, “s'éveiller, devenir attentif...” et offrir ??
Et commander, alors !! N'en parlons même pas !!
Vraiment, là, tu fumes la moquette, pépère.

- Bonjour, et bon dimanche ! Vous allez bien ? À mon avis, un bon café devrait vous aider, non ?

Mais j'en conviens, le rapport n'est peut-être pas... immédiat.

Ici, comme dénominateur commun, nous avons l'idée de faire savoir, rendre conscient: faire un cadeau, c'est manifester sa joie, ses remerciements...auprès de la personne à qui vous faites ce cadeau, qui sert en quelque sorte de message. 
Cette personne, vous la rendez consciente de ce qu'elle est pour vous, de ce qu'elle représente à vos yeux.

j'vous ai apporté des bonbons

Idem pour faire une offre : vous prévenez, vous faites prendre conscience de l'offre que vous voulez faire.
C'est simple : si la personne à qui vous voulez acheter le bien n'est pas au courant de votre offre, si elle n'en est pas consciente, il y a vraiment peu de chances que vous puissiez acquérir ledit bien...
La notion de “proclamer”, de “faire savoir”, va donc de pair avec celle d'offrir, ou de faire offre.

Pour ce qui est de commander, il convient de suivre la même logique: commander, c'est transmettre un ordre, un commandement. Donc, faire passer un message, mettre quelqu'un au courant de sa décision, afin qu'il la mette en pratique.
Je sais. Pour moi aussi, tout cela est un peu tiré par les cheveux, mais cette racine a donné lieu à des dérivés tellement sémantiquement disparates... Sachez aussi que certains des ses dérivés ont tous ces sens à la fois ! (on y arrive)

le sergent instructeur Hartman,
Full Metal Jacket, Stanley Kubrick. 1987

De ce germanique *beudan-, “offrir, faire une offre, commander,...”, nous arrive, assez logiquement, l'anglais bid, “offrir, faire une offre...”


*bheudh-, “être conscient, rendre conscient”
germanique *beudan-, “offrir, faire une offre, commander...”
vieil anglais bēodan
moyen anglais beden
anglais bid, “offrir, faire une offre...”


Ce mot, pourtant, si vous prenez le temps de vous pencher dessus, est assez surprenant.

Car to bid - QUI a dit or not to bid” ?? - peut vouloir dire pas mal de choses, et j'oserais même ajouter un peu de tout, et son contraire.

Oui, to bid, c'est tout autant commander, inviter, convier, dire..., que faire une offre, tenter, prier...

J'aurais même tendance à dire qu'en anglais, quand vous ne trouvez pas le bon verbe, essayez toujours de placer to bid comme verbe générique, il y a bien une chance que ça marche.
Il y a en fait une excellente raison à cette anarchique profusion de sens propre à bid.


Voilà ce qui s'est passé :

C'est de cette façon, en tout cas, que Monk aurait tout expliqué, à la fin de l'épisode.

Formidable Adrian Monk !















Ce qui s'est passé, donc, c'est qu'à l'origine de to bid, il y avait deux racines indo-européennes.

Oui, vous avez bien lu. Deux.
To bid provient...
  • de *bheudh- par le germanique *beudan-, “offrir, faire une offre...”, comme nous venons de le voir,
  • mais aussi d'une racine *gʷhedh-, demander, prier, par le germanique *bidjan-, “demander...”

*gʷhedh-, “demander, prier”
germanique *bidjan-, “demander...”
vieil anglais biddan, “demander, exiger...”
moyen anglais bidden
anglais bid, “demander...”


Certaines de ses acceptions sont à relier à son ancêtre *bidjan-, et celles comme faire offre à son ancêtre *beudan-, “offrir, faire une offre...”.

Eh !
Il y a eu, à l'époque du moyen anglais, télescopage des verbes beden et bidden (phénomène qui vraisemblablement avait déjà commencé à l'époque du vieil anglais).

Mais oui, les champs sémantiques de ces deux verbes - au demeurant phonétiquement si proches - se recouvrant, se superposant parfois, les ont fait se rapprocher inexorablement..., inexorablement...





Au point qu'ils ont fini par se confondre en une seule forme verbale, dans l'anglais bid.


ce signe manifesterait apparemment le respect au sein de cette classe
particulière d'artistes de variétés, sobres, mesurés, d'un goût exquis, et
prônant si bien l'amour de l'autre (ce qui d'ailleurs transparaît dans leur
art, où leur musique n'est qu'harmonie, et si peu rythme).
Oh, et si éloignés des apparences, aussi.



Trop Fort, t'es trop balèze, Monk.
J'te kiff (trop) grav (ta race) mon frère.
























Alors, oui, au sein des langues germaniques, il n'y a évidemment pas qu'en anglais que le germanique *beudan-, “offrir, faire une offre,...” s'est dérivé.

Pensons, par exemple,
  • au bas allemand beden, 
  • au néerlandais bieden, 
  • à l'allemand bieten, 
  • au danois byde, ou encore 
  • au norvégien by.

Idem d'ailleurs pour le germanique *bidjan-, “demander...”, que l'on retrouve aussi dans...
  • le frison occidental bidde, 
  • le bas allemand bidden, 
  • le néerlandais bidden, 
  • l'allemand bitten, d'où bitte, bien sûr
  • le danois bede, ou 
  • le norvégien be.

la polka Bitte schön, Op.372,
Johann Strauss II (fils)


Tiens, vous souvenez-vous de cette remarquable petite racine qui nous avait tenus en haleine pendant plusieurs dimanches, fin 2013 : *per-1, (notamment) “en avant, “au travers”...
Tout avait commencé ici : demain matin.

Eh bien, cette jolie *per-1 se retrouve dans le germanique *furi-, et évoque ici l'idée d'éloignement, le fait d'être dehors,... au point d'être en opposition, être contre”.


Maintenant, vous prenez calmement les germaniques *furi- et *beudan- (ici plutôt dans le sens de commander, proclamer ...), vous les accolez et vous regardez ce qui se passe:

Oui, vous obtenez le proto-germanique *furibeudan-. 

Alors, comment l'interpréter, ce sybillin commander contre” ?
Par quelque chose comme “aller à l'encontre - de quelque chose - par son commandement, commander / ordonner ... de ne PAS faire”.
Donc... refuser, interdire, empêcher...

Oui ! C'est bien ça.

Du germanique *furibeudan- découlera le vieil anglais forbēodan, d'où nous arrive l'anglais... forbid: défendre, interdire, empêcher...

Et toujours de *furibeudan- descendront...
  • le néerlandais verbieden, 
  • le danois forbyde, 
  • le suédois förbjuda,...
... et naturellement aussi - et surtout - l'allemand verbieten, (malheureusement) mieux connu sous sa forme participe verboten.

Ça date du Berlin nazi.

Oui, méfiez-vous des gens qui vous interdisent de danser - le jazz ou pas -,
de vous amuser, de prendre plaisir...

L'Histoire nous apprend que ce n'est jamais très très bon...

Aujourd'hui il y a des abrutis pour expliquer que “la musique c'est haram”.
La bêtise humaine est décidément insondable.
L’As des as, Gérard Oury, 1982.
Il n'a pas trop bien vieilli, le film...

(verboten, fruit défendu: oui, vous aurez ainsi pu relier le titre de l'article ainsi que ce passage de Pouchkine en exergue avec notre *bheudh-.)



Mais continuons...


Pour rappel, nous savons à présent que de notre indo-européenne *bheudh-, “être conscient, rendre conscient”, descend le germanique *beudan-,“offrir, faire une offre, commander...”


Mais voyez-vous, notre bonne *bheudh- a également donné naissance à un autre verbe germanique :
*budōn-, “proclamer, annoncer, instruire...”


En vieil anglais, il donnera bodian, “annoncer, prédire”, puis en moyen anglais boden.

Nous le retrouvons à présent dans l'anglais to bode, “présager, augurer”.
Pour tout vous dire, de *budōn- dérivait également le substantif vieil anglais boda, qui désignait le messager, mais aussi le présage, le signe avant-coureur.

Et bien entendu, le germanique *budōn- se dérivera également dans d'autres langues germaniques :
  • en néerlandais : bode, “messager, présage”,
  • en allemand : Bote, “messager”, mais aussi Gebot, “ordre, commandement...”
    Oui, on y retrouve cette notion de commandement présente dans *beudan-...

Notez encore que ces sens divers propres aux racines germaniques dérivées de notre *bheudh-, “message, offre, ordre, augure, présage”, devaient vraisemblablement être tous présents dans le
- OUIIIIII !!! -
le vieux norois de service
vieux norois boð - ce ð se prononçant comme l'anglais th -,

car ses dérivés islandais boð et féroïen boð les conservent remarquablement bien.

C'est à eux que je faisais allusion tout à l'heure, en vous disant que certains des dérivés de *bheudh- ont tous les sens dont nous parlions... à la fois ! 









*bheudh-, “être conscient, rendre conscient”
germanique *budōn-, “proclamer, annoncer, instruire...”
vieil anglais bodian, “annoncer, prédire
moyen anglais boden
anglais to bode, “présager, augurer”




Bon, on continue !

Et toujours dans le groupe germanique...

Mais... avec un mot suédois que le français lui a emprunté.


Mais pas du fait des invasions nordiques.

Pas vraiment, non...
Le mot est même très récent en français.


Ce mot ?


Eh bien, considérez ceci comme un petit devoir : sans faire appel à Google ou à d'autres moteurs de recherche - jouez le jeu, j'insiste ! -, essayez donc de deviner ce mot.

Avant dimanche prochain...



Dimanche prochain qui vous accueillera avec quelques très jolies surprises, en français, et ailleurs...
Oui, et en tokharien aussi. Vous ne laissez rien passer, hein ?


Vous savez déjà que *bheudh- nous a légués les anglais bid, bode et forbid.
Ainsi que les allemands verboten et bitte.

Mais attendez de voir la suite.


JAMAIS vous n'avez pensé à faire le lien entre les mots que je vous livrerai dimanche prochain.


JAMAIS.





Je vous souhaite, à toutes et tous, un excellent dimanche, une très belle semaine !




Frédéric




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Attention,
ne vous laissez pas abuser par son nom:
on peut lire le dimanche indo-européen
CHAQUE JOUR de la semaine.
(Mais de toute façon,
avec le dimanche indo-européen,
c’est TOUS LES JOURS dimanche…).
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Et pour nous quitter,

Un extrait de Jeux Interdits, 
film que René Clément basa, en 1952,
sur le roman de François Boyer Les Jeux inconnus.


Avec, devant la caméra, Georges Poujouly et Brigitte Fossey, 
et à la guitare (à 10 cordes !), Narciso Yepes

(et rassurez-vous, le petit chien n'est pas mort;
Brigitte Fossey racontera même plus tard que du haut de ses cinq ans,
elle refusait de rendre l'adorable chiot à ses propriétaires à la fin du tournage)