article précédent: Il n'est pas possible de vivre heureux sans être sage, honnête et juste, ni sage, honnête et juste sans être heureux. - Épicure
“ J'ai touché le fond de la piscine
Dans le petit pull marine
Tout déchiré aux coudes
Qu'j'ai pas voulu recoudre
Que tu m'avais donné
J'me sens tellement abandonnée
Y'a pas qu'au fond de la piscine
Que mes yeux sont bleu marine
Tu les avais repérés
Sans qu'il y ait un regard
Et t'avais rappliqué
Maintenant je paie l'effet retard”
Isabelle Adjani, Serge Gainsbourg, Pull Marine
Dans le petit pull marine
Tout déchiré aux coudes
Qu'j'ai pas voulu recoudre
Que tu m'avais donné
J'me sens tellement abandonnée
Y'a pas qu'au fond de la piscine
Que mes yeux sont bleu marine
Tu les avais repérés
Sans qu'il y ait un regard
Et t'avais rappliqué
Maintenant je paie l'effet retard”
Isabelle Adjani, Serge Gainsbourg, Pull Marine
Bonjour à toutes et tous !
Il fait chaud. Il fait très chaud.
Il fait lourd.
Et il fait chaud.
Et encore encore plus chaud. Et encore plus lourd.
Et je ne rêve que d'une seule chose...
Plonger dans l'eau délicieusement fraîche, d'une piscine.
Le voilà, le sujet de ce dimanche: non pas canicule, dont nous avons déjà parlé dans
Il fait lourd.
Et il fait chaud.
Et encore encore plus chaud. Et encore plus lourd.
un appel au secours d'un fermier écossais.
Probablement ses dernières paroles,
car succombant à une vague de chaleur de près de 15°.
Et je ne rêve que d'une seule chose...
Plonger dans l'eau délicieusement fraîche, d'une piscine.
Le voilà, le sujet de ce dimanche: non pas canicule, dont nous avons déjà parlé dans
Aux Canaries, par cette canicule? Quel cynisme, gros canaillou!,mais bien ... piscine.
Ça peut paraître évident pour certains d'entre vous, mais savez-vous d'où nous arrive notre piscine?
C'est par là que vous pourrez d'ailleurs expliquer pourquoi ce mot prend étrangement un s suivi d'un c.
Notre piscine est en fait un emprunt de la fin du XIIème au latin piscīna, “vivier”.
Bon, ça, c'est une chose.
Et d'où qu'i' v'nait, hein, le latin piscis?
Du proto-italique, bien sûr. De *piski-, bêtement “poisson”.
Et... d'où qu'i' v'nait, l'italique *piski-? Hein, hein?
Ben oui, de l'indo-européen *pisk- (ou *peysḱ- selon d'autres transcriptions), “poisson”.
Mais attention: la racine peut être qualifiée d'indo-européenne car on la retrouve dans plusieurs groupes linguistiques indo-européens, certes, mais ... uniquement dans les groupes occidentaux: dans les langues romanes, celtiques et germaniques.
Ce qui fait dire à Guus Kroonen qu'il s'agirait plutôt d'une racine indo-européenne... occidentale.
Arrivée sur le tard, si vous préférez, bien après que les grands groupes de langues indo-européennes se furent formés à partir de la langue de départ, l'indo-européen commun.
Même si, en sanskrit... Mais on y reviendra plus tard.
En résumé:
C'est par là que vous pourrez d'ailleurs expliquer pourquoi ce mot prend étrangement un s suivi d'un c.
Notre piscine est en fait un emprunt de la fin du XIIème au latin piscīna, “vivier”.
Oui, entendez le bassin où l'on élevait des piscēs, des poissons, du latin piscis, “poisson”.
C'est aussi simple que ça.
Enfin...
En ancien français (où l'on trouvait le mot tant sous la forme piscine que pecine), le terme piscine n'était utilisé que dans le cadre de la liturgie catholique, d'après la Piscine probatique, à Jérusalem, où l'on purifiait les animaux qui devaient être offerts en sacrifice (moutons, brebis), et là aussi où Jésus aurait guéri le paralytique.
Ce probatique n'a strictement rien à voir avec nos probatoire ou probation, que ce soit clair. Il n'est qu'un emprunt au grec ancien πρόβατον, προβατιον, probaton, “petit bétail”, référence directe à ces pauvres bêtes destinées au sacrifice.
Reconstruction des deux bassins de la Piscine probatique à l'époque du Christ (source) |
Piscine s'emploie aussi, au milieu du XIIIème, pour désigner le bassin où le prêtre officiant se lavait les mains...
Il faudra attendre le XVIème pour le mot passe dans l'usage général, et retrouve - enfin - son sens étymologique de “vivier”. Il va alors commencer à désigner un simple bassin où l'on se baigne.
Mais ce n'est que bien plus tard, dans la deuxième moitié du XIXème, que son sens courant de “grand bassin de natation” sera attesté.
Bon, ça, c'est une chose.
Et d'où qu'i' v'nait, hein, le latin piscis?
Du proto-italique, bien sûr. De *piski-, bêtement “poisson”.
Et... d'où qu'i' v'nait, l'italique *piski-? Hein, hein?
Ben oui, de l'indo-européen *pisk- (ou *peysḱ- selon d'autres transcriptions), “poisson”.
Mais attention: la racine peut être qualifiée d'indo-européenne car on la retrouve dans plusieurs groupes linguistiques indo-européens, certes, mais ... uniquement dans les groupes occidentaux: dans les langues romanes, celtiques et germaniques.
Ce qui fait dire à Guus Kroonen qu'il s'agirait plutôt d'une racine indo-européenne... occidentale.
Arrivée sur le tard, si vous préférez, bien après que les grands groupes de langues indo-européennes se furent formés à partir de la langue de départ, l'indo-européen commun.
Même si, en sanskrit... Mais on y reviendra plus tard.
En résumé:
racine indo-européenne (occidentale) *pisk-, “poisson”
⇓
proto-italique *piski-, “poisson”⇓
latin piscis, “poisson”
⇓
latin piscīna, “vivier”
⇓
emprunt
⇓
ancien français piscine, pecine, “piscine probatique”, d'où divers sens dans la liturgie catholique
⇓
généralisation
⇓
emprunt
⇓
ancien français piscine, pecine, “piscine probatique”, d'où divers sens dans la liturgie catholique
⇓
généralisation
⇓
français piscine, “bassin où l'on se baigne”, puis “grand bassin de natation”
Bon, ben c'est déjà ça!!
Et moi, je me mets en mode ... vacances.
Un article par semaine, oui, je m'y engage, mais les articles se feront plus courts, comme chaque année à la même époque.
Un peu comme les jours, après la Saint-Jean d'été...
Aaaaah, un peu de calme, de laisser-aller... Philippe Noiret, dans le divin Alexandre le Bienheureux, Yves Robert, 1968 |
Amis lecteurs,
Merci - vraiment, sincèrement - de me suivre, de me lire, et parfois, de me le dire !
En ce lendemain de fête nationale
- Eh oui, nous, Belges, nous sommes libérés du joug de Guillaume Ier (Guillaume Frédéric d'Orange-Nassau, roi des Pays-Bas) en 1830, et nous célébrons notre fête nationale le 21 juillet, commémorant ainsi le serment du 21 juillet 1831, au cours duquel notre premier roi, Léopold de Saxe-Cobourg, jura de rester fidèle à la Constitution.
(Remarquez que nous parlons du Roi des Belges, et non du Roi de Belgique, ce premier Roi ayant été choisi par - non pas le peuple, n'exagérons rien - mais par ses représentants.)
En ce lendemain de fête nationale, donc, je vous souhaite un excellent dimanche, et une superbe semaine. Un peu moins chaude, peut-être?
À dimanche prochain, pour la suite des aventures de la trépidante *pisk-, “poisson”!
Vive la Belgique, et vive le Roi!
Frédéric
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Attention,
ne vous laissez pas abuser par son nom:
on peut lire le dimanche indo-européen
CHAQUE JOUR de la semaine.
(Mais de toute façon,
avec le dimanche indo-européen,
c’est TOUS LES JOURS dimanche…).
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Et pour nous quitter,
Ben oui
- ça alors, quelle surprise!? -,
Pull marine,
co-écrite par Isabelle Adjani et - évidemment - Serge Gainsbourg.
Qui plus est, dans un clip réalisé ici - excusez du peu - par Luc Besson
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