article précédent : Un petit poisson, un petit oiseau
Bonjour à toutes et tous !
Aaaah, les vacances...
Oui, il s'agit toujours, évidemment, de clichés tirés du sublime
Alexandre le Bienheureux
Nous savons déjà qu'à l'origine de nos poisson et piscine, et par le latin piscis, se retrouve une jolie racine indo-européenne
- mais probablement uniquement occidentale -,*pisk-, “poisson”.
- Maisje ?
Fernand Ucon |
- Rien que pour Monsieur Ucon : allez, on relit :
La piscine
Un petit poisson, un petit oiseau
racine indo-européenne (occidentale) *pisk-, “poisson”
⇓
proto-italique *piski-, “poisson”
⇓
latin piscis, “poisson”
⇓
latin piscis, “poisson”
Je vous proposerai, avant de passer aux dérivés germaniques et celtiques de notre *pisk-, de terminer ce chapitre consacré à ses dérivés français.
En vous parlant, pour ce faire, du très récent (1935 !) français populaire poiscaille, désignant simplement le... poisson, mais, par l'emploi du suffixe à valeur péjorative -caille, le dévalorisant
- comme si c'était encore possible -
en le présentant comme partie non-individuée d'un tout, la poiscaille se comprenant comme l'ensemble des poissons, “du poisson”.
En vous précisant cependant que nous utilisions en ancien français (du côté du XIIIème) une forme pescaille, que l'on pourrait voir ressuscitée dans ce moderne et vulgaire poiscaille, mais qui désignait très précisément, à l'époque, le poisson séché.
Il nous faut hélas le reconnaître, notre pauvre poisson a souvent servi à désigner des personnes peu recommandables.
Savez-vous que par poisson d'avril, on désignait, deuxième moitié du XVème, un jeune garçon qui allait délivrer les lettres d'amour que son maître avait rédigées pour sa belle?
“Poisson d'avril ???” me direz-vous. “Mais enfin, quel rapport y-a-t-il entre ce jeune coursier et le poisson, et le mois d'avril, en plus ?”. (Car je vous connais, hein)
Excellentes questions.
Auxquelles je n'aurai pas de réponses définitives.
Pour ce qui est du poisson, on peut supposer qu'il est employé ici pour son côté anguille : fuyant et difficile à attraper, les amours du maître en question n'étant pas nécessairement très euh... légitimes, obligeant ledit coursier à ruser de plus belle pour pouvoir confier son message en mains propres...
Pour ce qui est d'avril, Alain Rey avance l'hypothèse que le début du printemps
Quoi qu'il en soit, c'est ce sens d'entremetteur que l'on prêtait au poisson d'avril qui fera de l'expression un synonyme de souteneur dès le début du XVIème.
Oui, il fallait y voir un jeu de mots irrésistiblement comique sur le double sens de maquereau
d'autant plus poilant qu'avril était précisément la saison privilégiée de la pêche au... maquereau.
Tordant, non ?
D'autant plus que je soupçonne un glorieux ancêtre de Fernand Ucon d'avoir établi la correspondance entre le mot maquereau, désignant le poisson,
En vous précisant cependant que nous utilisions en ancien français (du côté du XIIIème) une forme pescaille, que l'on pourrait voir ressuscitée dans ce moderne et vulgaire poiscaille, mais qui désignait très précisément, à l'époque, le poisson séché.
Il nous faut hélas le reconnaître, notre pauvre poisson a souvent servi à désigner des personnes peu recommandables.
Savez-vous que par poisson d'avril, on désignait, deuxième moitié du XVème, un jeune garçon qui allait délivrer les lettres d'amour que son maître avait rédigées pour sa belle?
En tout cas, la plus ancienne attestation qu'on en a remonte au Doctrinal du temps présent, daté de 1466, de ce bon Pierre Michault, prêtre et poète du XVème, qui fut également le secrétaire du comte de Charolais
Une page de l'incunable, sur Gallica |
“Poisson d'avril ???” me direz-vous. “Mais enfin, quel rapport y-a-t-il entre ce jeune coursier et le poisson, et le mois d'avril, en plus ?”. (Car je vous connais, hein)
Un merveilleux poisson d'avril d'il y a quelques années,
signé Terry Jones.
J'en avais presque pleuré, tant il m'avait ému.
Comme j'eusse aimé que ce fût réel...
Excellentes questions.
Auxquelles je n'aurai pas de réponses définitives.
Pour ce qui est du poisson, on peut supposer qu'il est employé ici pour son côté anguille : fuyant et difficile à attraper, les amours du maître en question n'étant pas nécessairement très euh... légitimes, obligeant ledit coursier à ruser de plus belle pour pouvoir confier son message en mains propres...
Pour ce qui est d'avril, Alain Rey avance l'hypothèse que le début du printemps
- le mois d'avril, pour les pas-mal, non-mais-vraiment-particulièrement-très-lentement-comprenants -était considéré comme propice aux amours illégitimes....
Quoi qu'il en soit, c'est ce sens d'entremetteur que l'on prêtait au poisson d'avril qui fera de l'expression un synonyme de souteneur dès le début du XVIème.
Oui, il fallait y voir un jeu de mots irrésistiblement comique sur le double sens de maquereau
(poisson/souteneur, pour ceux qui, décidément, devraient prendre un deuxième café serré avant de continuer),
d'autant plus poilant qu'avril était précisément la saison privilégiée de la pêche au... maquereau.
Tordant, non ?
Oui, je sais, Monsieur Ucon: plus que tordant, hilarant de la Baltique. Merci.
D'autant plus que je soupçonne un glorieux ancêtre de Fernand Ucon d'avoir établi la correspondance entre le mot maquereau, désignant le poisson,
et maquereau, désignant le tenancier d'une maison de tolérance.
Car évidemment
Aucun.
AU-CUN.
Ouais.
Simple : il ne s'agit pas de deux acceptions d'un seul mot, mais bien, carrément, de DEUX MOTS DIFFÉRENTS.
Son nom, à ce pauvre maquereau (le poisson) pourrait venir du fait qu'il soit bien souvent tacheté (pensez à macula, maculé, empruntés au latin maculare, “marquer, tacher...”).
Quant à maquereau, maquerelle, il s'agit d'un emprunt, non plus au latin, mais au ... moyen néerlandais... makelâre, “courtier, intermédiaire”, dérivé de makeln, “trafiquer”, lui-même construit sur maken, “faire”. Oui oui, l'équivalent néerlandais de l'anglais to make.
Je vous le disais: RIEN À VOIR.
Encore merci à vous, les Ucon.
Mais donc, reprenons.
Notre expression poisson d'avril, après avoir désigné un entremetteur puis un souteneur, finira, fin du XVIIème, par désigner un canular commis le 1er avril, peut-être en référence à l'ancien échange des cadeaux de nouvel-an, du temps où l'année commençait le 25 mars... (Personne n'ose l'affirmer, cependant...)
Ce qui peut nous intéresser, c'est que lors de la première moitié du XIXème, on ne désignera plus le souteneur que par le terme poisson. Seul.
Et poisson, dans cette acception, s'abrégera en ... poisse.
À ne pas confondre, évidemment, avec poisse, déverbal de poisser, et désignant le fagot enduit de poix
Bon, on va en rester là.
La suite, ce sera pour la semaine prochaine.
Je vous souhaite, à toutes et tous, un excellent dimanche, une superbe semaine...!
Frédéric, en vacances
Car évidemment
- je vous le dis, c'est du Ucon tout craché-,il n'y a STRICTEMENT aucun lien, ni sémantique ni étymologique, entre ces deux mots.
Aucun.
AU-CUN.
Ouais.
Simple : il ne s'agit pas de deux acceptions d'un seul mot, mais bien, carrément, de DEUX MOTS DIFFÉRENTS.
Son nom, à ce pauvre maquereau (le poisson) pourrait venir du fait qu'il soit bien souvent tacheté (pensez à macula, maculé, empruntés au latin maculare, “marquer, tacher...”).
Quant à maquereau, maquerelle, il s'agit d'un emprunt, non plus au latin, mais au ... moyen néerlandais... makelâre, “courtier, intermédiaire”, dérivé de makeln, “trafiquer”, lui-même construit sur maken, “faire”. Oui oui, l'équivalent néerlandais de l'anglais to make.
Je vous le disais: RIEN À VOIR.
Encore merci à vous, les Ucon.
Psss: si vous prenez le train en marche, et ignorez tout des agissements de cette grande et vieille famille à mobilité neuronale réduite, sans qui notre belle langue serait encore plus belle, lisez donc Es war einmal mitten im Winter, und die Schneeflocken fielen wie Federn vom Himmel herab...
Mais donc, reprenons.
Notre expression poisson d'avril, après avoir désigné un entremetteur puis un souteneur, finira, fin du XVIIème, par désigner un canular commis le 1er avril, peut-être en référence à l'ancien échange des cadeaux de nouvel-an, du temps où l'année commençait le 25 mars... (Personne n'ose l'affirmer, cependant...)
Ce qui peut nous intéresser, c'est que lors de la première moitié du XIXème, on ne désignera plus le souteneur que par le terme poisson. Seul.
'a p'us, “d'avril”. Parti. Fini.
Et poisson, dans cette acception, s'abrégera en ... poisse.
À ne pas confondre, évidemment, avec poisse, déverbal de poisser, et désignant le fagot enduit de poix
- sorte de colle visqueuse fabriquée à partir de résine de pin ou de goudron de bois -,que l'on projetait joyeusement sur la tête des assaillants, durant un siège...
(Quant au sens figuré de malchance (1908) que l'on donne aujourd'hui à poisse, il fait simplement allusion au fait qu'on se défaisait particulièrement difficilement de cette matière gluante et visqueuse, tout comme on n’arrive pas à se défaire d’une malchance tenace...)
Bon, on va en rester là.
La suite, ce sera pour la semaine prochaine.
Je vous souhaite, à toutes et tous, un excellent dimanche, une superbe semaine...!
Frédéric, en vacances
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Attention,
ne vous laissez pas abuser par son nom:
on peut lire le dimanche indo-européen
CHAQUE JOUR de la semaine.
(Mais de toute façon,
avec le dimanche indo-européen,
c’est TOUS LES JOURS dimanche…).
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Et pour nous quitter,
Un extrait de la bande originale
d'Alexandre le Bienheureux,
avec la voix si douce, si douce, d'Isabelle Aubret,
sur une musique de Vladimir Cosma
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