article précédent: Rien ne sert de courir, sauf quand on n'est pas parti à point, bien sûr
“Il court, il court, le furet
Le furet du bois, mesdames,
Il court, il court, le furet
Le furet du bois joli.”
Chanson enfantine
(vraisemblablement du XVIIIème,
et dont la mélodie n'est certainement pas beaucoup plus ancienne,
vu la présence d'une sensible
- relisez ne confondons pas guerre intestine et gastro-entérite),
mais aussi très jolie contrepèterie raillant le cardinal Guillaume Dubois,
principal ministre du régent, le duc Philippe d'Orléans:
“Il fourre, il fourre, le curé Dubois joli”
(merci Wikipedia !)
Bonjour à toutes et tous !
Dimanche dernier, nous avons commencé l'étude de la racine indo-européenne ...
Et nous savons déjà que nous lui devons nos français ...
courir
Ben, on repart du latin currō pour la suite.
racine indo-européenne *kers-, “courir”
⇓ ⇓
proto-italiques *korse/o, “courir” et *korso-, “chariot”
⇓
latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes”
⇓
currus, “chariot”
⇓
ancien français curre ⇒ courre
⇓
changement de conjugaison
⇓
curir
⇓
courir
Et donc, nous reprenons précisément... ici:
⇓ ⇓
proto-italiques *korse/o, “courir” et *korso-, “chariot”
⇓
latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes”
Sans rire, vous avez déjà essayé de lister tous les dérivés français du latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes”?
Car il y en a un paquet.
Je ne vais pas m'amuser à vous les donner tous (j'ai pas qu'ça à f. non plus), mais enfin, en voilà quand même quelques-uns. Neuf, en fait.
Mais vous aussi, vous allez vous y mettre.
Sinon, ce serait un peu trop facile.
Je vous donne une définition, ou une étymologie, une série d'indices, quoi, et vous me donnez le mot qui y correspond.
Simple.
Mais... débrouillez-vous pour trouver chacun de ces mots en utilisant le moins d'indices possible...
Et pour augmenter votre niveau de stress
1er mot, 4 indices... TOP !
4. Emprunt très (très) récent - du tout début du XXème - au latin.
3. Le mot latin désignait la course, ou le parcours. Ou même un char de course.
2. Le mot est un diminutif de currō, construit avec le suffixe (diminutif, ce qui tombe vraiment bien) -culum.
1. On l'utilise à présent dans le sens de cours de la vie, parcours professionnel.
Oui: curriculum.
latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes” + -culum, neutre du suffixe diminitutif -culus
⇓
latin curriculum, “course, parcours, char de course”
⇓
emprunt
⇓
français curriculum, cours de la vie”
2ème mot (4 indices)
4. Toujours un emprunt vachement tardif au latin (deuxième moitié du XIXème), avec deux spécialisations:
2. La deuxième consiste en une extension dans le domaine des études supérieures, d'après une acception de ce même mot en anglais...
1. Le mot latin, à l'origine, est un substantif créé sur currō.
Oui? cursus!
nom d'action latin cursus “action de courir”
⇓
emprunt
⇓
français cursus, “ensemble des études dans une matière”
3ème mot. 5 indices ! Je vous gâte, je vous gâte...
Et en plus, celui-ci, il est vraiment fastoche
5. Issu au XIème d'un mot latin qui signifiait entre autres “voyage (notamment en mer), déplacement des étoiles, d'un fleuve...”.
4. Tout comme son parent latin, le mot français exprime à la base une idée de mouvement, de déplacement.
3. Fin du XIVème, le mot entre dans le vocabulaire du commerce, se référant à la circulation des marchandises...
2. Métonymiquement, il désignera le taux auquel se négocient ces dernières...
1. Au XIVème, encore, il se spécialise dans le domaine des études, en y exprimant toujours l'idée de voyage, mais cette fois ... dans le temps: “un développement dans le temps”
Oui? cours, du latin cursus ! Qui signifiait aussi, évidemment, “action de courir”, mais je ne voulais pas vous gâcher le plaisir de la recherche...
Voilà pourquoi notre cours désigne aussi bien le cours d'une monnaie que le cours d'un fleuve, ou un cours d'eau, le cours du soleil, le cours des siècles, ou un cours donné par un professeur.
Voilà aussi pourquoi nous utilisons toujours des expressions comme avoir cours, et que nous parlons, par exemple, d'un voyage au long cours...
4ème mot. 4 indices.
4. Il nous arrive de l'italien.
3. Il y désigne notamment (en italien, on suit) une avenue, un lieu de promenade...
2. Lieu de promenade où se déroulent les fêtes publiques.
1. En français, il désigne un défilé en plein air, au cours de festivités locales, où figurent souvent des ... chars.
Oui ! corso. Souvent fleuri, d'ailleurs,
latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes” + -sus
⇓
nom d'action latin cursus “action de courir”
⇓
italien corso, “avenue”
⇓
emprunt
⇓
français corso, “défilé de chars, lors d'une fête”
5ème mot, et trois précieux indices...
1. Emprunt - probablement via l'ancien provençal -, à l'italien , où le mot est issu, lui, du bas-latin.
2. On trouve des occurrences du mot d'origine dans le Purgatoire, de Dante, 1315.
Oui ? corsaire ! YESS, de l'italien corsaro, de même sens.
latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes” + -sus
⇓
nom d'action latin cursus “action de courir”
⇓
bas latin cursarius
⇓
italien corsaro, “corsaire”
⇓
emprunt
⇓
français cursaire (latinisme), puis corsaire.
6ème mot, et six indices.
6. Il ne s'agit plus d'un emprunt à l'italien, mais à ... l'espagnol.
5. Un calque, même.
3. Oui, correr.
2. Au XVème, il désigne, en toute logique, la course.
1. D'où, spécialement, la course de ... taureaux
Eh oui: corrida
7ème mot. 3 indices, pour celui-ci...
1. Emprunt, mais à l'italien, ou plus précisément, à l'ancien italien, début du XVIIème.
1. Il désigne d'abord un terme de fortification: un passage couvert établi derrière des murailles.
Oui !! corridor, de l'ancien italien corridore, devenu en italien moderne corridoio.
latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes”
⇓
(ancien) italien correre, “courir”
⇓
ancien italien corridore, “lieu où l'on court”
⇓
emprunt
⇓
8ème mot. Et trois indices...
Attention, ici, le mot, malgré tout ce que je peux raconter, ne provient pas de currō, mais de carrus.
3. Un calque de l'anglais cette fois.
OUI !!! Cargo.
Abréviation du français cargo-boat (1887), calqué sur l'anglais... Allons, on se concentre... cargo-boat, oui.
latin carrus, “charriot” + -icō.
⇓
latin tardif carricō, carricāre, “charger”
⇓
espagnol cargar, “charger”
⇓
déverbal
⇓
cargo, “charge, frêt”
⇓
emprunt
⇓
anglais cargo-boat, “bateau de fret”
⇓
emprunt (calque)
⇓
français cargo-boat
⇓
abréviation
⇓
cargo
9ème mot, 8 indices...
8. Il dérive (XVIIème) d'un mot en latin ecclésiastique médiéval qui signifiait “aide” et était employé pour désigner la suppléance du service pendant la vacance de la charge du curé.
7. Oui, c'est assez pointu.
6. Et oui, ça compte aussi pour un indice.
5. Et ça aussi.
4. Le mot s'applique en un premier temps - en tant qu'adjectif - à une église qui s'ajoute à l'église paroissiale quand celle-ci déborde de paroissiens.
3. Ensuite, le mot se substantivera, et au féminin, tant qu'à faire.
2. Puis, de son sens si spécialisé, il se généralise, et qualifie ce qui remplace quelque chose.
1. Il désigne plus couramment, à présent, un établissement commercial, ou financier, qui dépend d'un siège central.
Oui ? Succursale !
Qui dérive du latin médiéval succursus, “secours, aide”, lui-même dérivant de succursum, le supin du latin succurrere, “porter secours”, construit sur sub- et et... OUI, bien: currere.
composé latin classique sub-, “sous” + currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes”
⇓
succurrere, “porter secours”
⇓
supin
⇓
succursum
⇓
latin ecclésiastique médiéval succursus, “secours, aide”, spécialement “suppléance au service ecclésiastique”
⇓
adjectif français succursale, qualifiant une “église additionnelle dans une paroisse”,
⇓
subtantivation au féminin
⇓
généralisation
⇓
“ce qui remplace quelque chose”
⇓
au sens moderne, “établissement commercial, ou financier, qui dépend d'un siège central”.
10ème (et dernier) mot, en 4 indices
- Dixième?? Mais tu avais dit que...
- Oui, mais celui-ci est un bonus.
Comme cargo, Il ne provient pas du latin currō, mais bien du latin carrus.
Oui, celui-là même qui fut emprunté au gaulois karró, “chariot”.
Je le trouvais tellement beau que j'ai pas pu résister...
4. À moins que vous ne soyez un Alain Rey ou un Xavier Delamarre
3. Il est emprunté au XVIIIème à un mot italien, substantivation du participe passé d'un verbe signifiant “charger”.
2. Ainsi, il signifiait littéralement l'action de charger, la “chargée”, si vous voulez...
1. À partir du XVIIème, il désignera un portrait peu flatteur, disons... (outrageusement) chargé...
Oui? Caricature !
Emprunté à l'italien caricatura, de caricare, proprement “charger”, du latin tardif carricāre, l'infinitif présent actif de carricō, créé sur le latin carrus, emprunt au gaulois karró.
racine indo-européenne *kers-, “courir”
Et voilà !
On continue dimanche prochain, avec, je le pense, quelques belles surprises.
Oui, encore quelques dérivés insoupçonnés de notre jolie *kers-, “courir”
*kers-, “courir”
Et nous savons déjà que nous lui devons nos français ...
courir
- oui, je sais, c'est surprenant -,courre (comme dans le triste chasse à)
(courir et courre tous deux descendant de *kers- par le latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes”)et enfin char, par le gaulois, excusez du peu.
Pour rappel, histoire de reprendre sur de bonnes bases:
racine indo-européenne *kers-, “courir”
⇓
degré zéro *krs-
⇓
formes *krs-e/o-,“courir” et *krs-o-, “courant”⇓ ⇓
proto-italiques *korse/o, “courir” et *korso-, “chariot”
⇓
latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes”
⇓
currus, “chariot”
⇓
ancien français curre ⇒ courre
⇓
changement de conjugaison
⇓
curir
⇓
courir
Et donc, nous reprenons précisément... ici:
racine indo-européenne *kers-, “courir”
⇓
degré zéro *krs-
⇓
formes *krs-e/o-,“courir” et *krs-o-, “courant”⇓ ⇓
proto-italiques *korse/o, “courir” et *korso-, “chariot”
⇓
latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes”
Sans rire, vous avez déjà essayé de lister tous les dérivés français du latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes”?
Car il y en a un paquet.
Je ne vais pas m'amuser à vous les donner tous (j'ai pas qu'ça à f. non plus), mais enfin, en voilà quand même quelques-uns. Neuf, en fait.
Mais vous aussi, vous allez vous y mettre.
Sinon, ce serait un peu trop facile.
Je vous donne une définition, ou une étymologie, une série d'indices, quoi, et vous me donnez le mot qui y correspond.
Simple.
Mais... débrouillez-vous pour trouver chacun de ces mots en utilisant le moins d'indices possible...
Et pour augmenter votre niveau de stress
- yark yark yark -à mesure que j'égraine ces indices, un machiavélique compte à rebours vous rappelle inexorablement que la fin est proche...
PS: lisez bien chaque ligne, tranquillement, ne passez à la suivante que vraiment si vous ne trouvez pas...
Et, je le précise, ce quiz linguistique n'eut pas été possible sans Alain Rey et son formidable Dictionnaire Historique, ni sans ©Le Grand Robert de la langue française
1er mot, 4 indices... TOP !
4. Emprunt très (très) récent - du tout début du XXème - au latin.
3. Le mot latin désignait la course, ou le parcours. Ou même un char de course.
2. Le mot est un diminutif de currō, construit avec le suffixe (diminutif, ce qui tombe vraiment bien) -culum.
1. On l'utilise à présent dans le sens de cours de la vie, parcours professionnel.
Oui: curriculum.
Ensemble des indications relatives à l'état civil, aux capacités, aux diplômes et aux activités passées d'une personne.
latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes” + -culum, neutre du suffixe diminitutif -culus
⇓
latin curriculum, “course, parcours, char de course”
⇓
emprunt
⇓
français curriculum, cours de la vie”
***
2ème mot (4 indices)
4. Toujours un emprunt vachement tardif au latin (deuxième moitié du XIXème), avec deux spécialisations:
- et oui, ça compte pour un indice à part entière. On n'est pas en République ici !(je vous parle d'un Royaume) -3. la première (et la plus simple): prose rythmique de la littérature byzantine et des bulles pontificales.
2. La deuxième consiste en une extension dans le domaine des études supérieures, d'après une acception de ce même mot en anglais...
1. Le mot latin, à l'origine, est un substantif créé sur currō.
Oui? cursus!
(en didactique) ensemble des études dans une matière
latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes” + -sus
⇓nom d'action latin cursus “action de courir”
⇓
emprunt
⇓
français cursus, “ensemble des études dans une matière”
***
3ème mot. 5 indices ! Je vous gâte, je vous gâte...
Et en plus, celui-ci, il est vraiment fastoche
5. Issu au XIème d'un mot latin qui signifiait entre autres “voyage (notamment en mer), déplacement des étoiles, d'un fleuve...”.
4. Tout comme son parent latin, le mot français exprime à la base une idée de mouvement, de déplacement.
3. Fin du XIVème, le mot entre dans le vocabulaire du commerce, se référant à la circulation des marchandises...
2. Métonymiquement, il désignera le taux auquel se négocient ces dernières...
1. Au XIVème, encore, il se spécialise dans le domaine des études, en y exprimant toujours l'idée de voyage, mais cette fois ... dans le temps: “un développement dans le temps”
Oui? cours, du latin cursus ! Qui signifiait aussi, évidemment, “action de courir”, mais je ne voulais pas vous gâcher le plaisir de la recherche...
Voilà pourquoi notre cours désigne aussi bien le cours d'une monnaie que le cours d'un fleuve, ou un cours d'eau, le cours du soleil, le cours des siècles, ou un cours donné par un professeur.
Voilà aussi pourquoi nous utilisons toujours des expressions comme avoir cours, et que nous parlons, par exemple, d'un voyage au long cours...
latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes” + -sus
⇓
nom d'action latin cursus “action de courir”
⇓
français cours
***
4ème mot. 4 indices.
4. Il nous arrive de l'italien.
3. Il y désigne notamment (en italien, on suit) une avenue, un lieu de promenade...
2. Lieu de promenade où se déroulent les fêtes publiques.
1. En français, il désigne un défilé en plein air, au cours de festivités locales, où figurent souvent des ... chars.
Oui ! corso. Souvent fleuri, d'ailleurs,
Défilé de chars, lors d'une fête.
latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes” + -sus
⇓
nom d'action latin cursus “action de courir”
⇓
italien corso, “avenue”
⇓
emprunt
⇓
français corso, “défilé de chars, lors d'une fête”
***
5ème mot, et trois précieux indices...
1. Emprunt - probablement via l'ancien provençal -, à l'italien , où le mot est issu, lui, du bas-latin.
2. On trouve des occurrences du mot d'origine dans le Purgatoire, de Dante, 1315.
(facile, 'y a qu'à le lire...)3. Le mot désigne littéralement celui qui pratique la course ; la course étant, en droit maritime, la capture des vaisseaux marchands ennemis.
Oui ? corsaire ! YESS, de l'italien corsaro, de même sens.
anciennement, navire qui était armé en course par des particuliers, avec l'autorisation du gouvernement. — Le capitaine qui commandait ce navire.
Un chapitre de mon enfance... |
latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes” + -sus
⇓
nom d'action latin cursus “action de courir”
⇓
bas latin cursarius
⇓
italien corsaro, “corsaire”
⇓
emprunt
⇓
français cursaire (latinisme), puis corsaire.
***
6ème mot, et six indices.
6. Il ne s'agit plus d'un emprunt à l'italien, mais à ... l'espagnol.
5. Un calque, même.
Si si, ça compte pour un indice4. Ce substantif dérive du verbe espagnol pour courir
3. Oui, correr.
2. Au XVème, il désigne, en toute logique, la course.
1. D'où, spécialement, la course de ... taureaux
Eh oui: corrida
Course de taureaux qui se déroule dans des arènes
latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes”
⇓
espagnol correr, “courir”
⇓
espagnol corrida, “course”, spécialement corrida de toros, “course de taureaux”
⇓
emprunt
⇓
français corrida, “boucherie festive où l'on massacre des taureaux pour prouver qu'on est un homme”
***
7ème mot. 3 indices, pour celui-ci...
1. Emprunt, mais à l'italien, ou plus précisément, à l'ancien italien, début du XVIIème.
Et je serai magnanime, et considérerai cela comme un seul indice. Une bonne poire, voilà ce que je suis.2. Il fut pris à l'italien, où il signifiait proprement lieu où l'on court, au sens de “passage étroit entre un local et un autre”
1. Il désigne d'abord un terme de fortification: un passage couvert établi derrière des murailles.
Oui !! corridor, de l'ancien italien corridore, devenu en italien moderne corridoio.
Passage couvert mettant en communication plusieurs pièces d'un même étage
latin currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes”
⇓
(ancien) italien correre, “courir”
⇓
ancien italien corridore, “lieu où l'on court”
⇓
emprunt
⇓
français corridor, “passage étroit entre un local et un autre”
***
8ème mot. Et trois indices...
Attention, ici, le mot, malgré tout ce que je peux raconter, ne provient pas de currō, mais de carrus.
Mais il me semble qu'il vaut la peine de figurer ici...
3. Un calque de l'anglais cette fois.
2. Qui - soyons fous - l'avait emprunté lui-même à l'espagnol.
1. En espagnol, le mot est le déverbal du verbe cargar, “charger”OUI !!! Cargo.
Abréviation du français cargo-boat (1887), calqué sur l'anglais... Allons, on se concentre... cargo-boat, oui.
Navire destiné surtout au transport des marchandises.
latin carrus, “charriot” + -icō.
⇓
latin tardif carricō, carricāre, “charger”
⇓
espagnol cargar, “charger”
⇓
déverbal
⇓
cargo, “charge, frêt”
⇓
emprunt
⇓
anglais cargo-boat, “bateau de fret”
⇓
emprunt (calque)
⇓
français cargo-boat
⇓
abréviation
⇓
cargo
***
9ème mot, 8 indices...
8. Il dérive (XVIIème) d'un mot en latin ecclésiastique médiéval qui signifiait “aide” et était employé pour désigner la suppléance du service pendant la vacance de la charge du curé.
7. Oui, c'est assez pointu.
6. Et oui, ça compte aussi pour un indice.
5. Et ça aussi.
4. Le mot s'applique en un premier temps - en tant qu'adjectif - à une église qui s'ajoute à l'église paroissiale quand celle-ci déborde de paroissiens.
3. Ensuite, le mot se substantivera, et au féminin, tant qu'à faire.
2. Puis, de son sens si spécialisé, il se généralise, et qualifie ce qui remplace quelque chose.
1. Il désigne plus couramment, à présent, un établissement commercial, ou financier, qui dépend d'un siège central.
Oui ? Succursale !
Qui dérive du latin médiéval succursus, “secours, aide”, lui-même dérivant de succursum, le supin du latin succurrere, “porter secours”, construit sur sub- et et... OUI, bien: currere.
Psss Et vous aurez aussi compris que notre secours descend de ce succursus médiéval.
composé latin classique sub-, “sous” + currō, currere, “se mouvoir rapidement à toutes jambes”
⇓
succurrere, “porter secours”
⇓
supin
⇓
succursum
⇓
latin ecclésiastique médiéval succursus, “secours, aide”, spécialement “suppléance au service ecclésiastique”
⇓
adjectif français succursale, qualifiant une “église additionnelle dans une paroisse”,
⇓
subtantivation au féminin
⇓
généralisation
⇓
“ce qui remplace quelque chose”
⇓
au sens moderne, “établissement commercial, ou financier, qui dépend d'un siège central”.
***
10ème (et dernier) mot, en 4 indices
- Dixième?? Mais tu avais dit que...
- Oui, mais celui-ci est un bonus.
Comme cargo, Il ne provient pas du latin currō, mais bien du latin carrus.
Oui, celui-là même qui fut emprunté au gaulois karró, “chariot”.
Je le trouvais tellement beau que j'ai pas pu résister...
4. À moins que vous ne soyez un Alain Rey ou un Xavier Delamarre
- mais alors, c'est triché -,ou que vous soyez féru d'étymologie italienne, peu de chance que vous puissiez imaginer le lien étroit qui existe entre cours, succursale, corrida, cargo et ce mot.
3. Il est emprunté au XVIIIème à un mot italien, substantivation du participe passé d'un verbe signifiant “charger”.
2. Ainsi, il signifiait littéralement l'action de charger, la “chargée”, si vous voulez...
1. À partir du XVIIème, il désignera un portrait peu flatteur, disons... (outrageusement) chargé...
Oui? Caricature !
Emprunté à l'italien caricatura, de caricare, proprement “charger”, du latin tardif carricāre, l'infinitif présent actif de carricō, créé sur le latin carrus, emprunt au gaulois karró.
Représentation graphique (dessin, peinture…) qui, par le trait et par le choix des détails, accentue ou révèle les aspects humoristiques ou déplaisants du sujet.
racine indo-européenne *kers-, “courir”
⇓
degré zéro *krs-
⇓
forme *krs-o-, “courant”
⇓
proto-celtique *karro-, “chariot”
⇓
gaulois karró, “chariot”
⇓
emprunt
⇓
latin carrus, “chariot”, doublet de currus
⇓
latin tardif carricō, carricāre, “charger”
⇓
italien caricare, “charger”
⇓
caricatura, lit. “action de charger”
⇓
spécialisation
⇓
“portrait ridicule”,
latin tardif carricō, carricāre, “charger”
⇓
italien caricare, “charger”
⇓
caricatura, lit. “action de charger”
⇓
spécialisation
⇓
“portrait ridicule”,
⇓
emprunt
⇓
français caricature
caricature de l'acteur Jason Statham. On n'a toujours pas retrouvé tous les morceaux de l'auteur |
Et voilà !
On continue dimanche prochain, avec, je le pense, quelques belles surprises.
Oui, encore quelques dérivés insoupçonnés de notre jolie *kers-, “courir”
Je vous souhaite, à toutes et tous, un excellent dimanche, et une superbe semaine !
À dimanche prochain,
Frédéric
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Attention,
ne vous laissez pas abuser par son nom:
on peut lire le dimanche indo-européen
CHAQUE JOUR de la semaine.
(Mais de toute façon,
avec le dimanche indo-européen,
c’est TOUS LES JOURS dimanche…).
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Et pour nous quitter,
la stupéfiante guitariste russe Irina Kulikova nous joue un des mouvements de la suite No. 1 en sol majeur - BWV 1007 -, écrite à l'origine pour violoncelle seul, de
Johann Sebastian Bach.
Ce mouvement? Le troisième: la courante.
C'est pour moi un plaisir sans cesse renouvelé que d'entendre comment, d'une seule guitare, de grands artistes sont capables de faire chanter plusieurs voix...
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