article précédent : D'interstice à armistice, il n'y a qu'un pas. De l'oie.
“Dieux ! s'écriait-elle en versant des larmes de désespoir : vous mourrez avant moi ; je suis condamnée à vous survivre ; elle s'arrachait les cheveux, embrassait tour-à-tour son père, sa soeur, sa mère”
Almanach des prisons ou Anecdotes sur le régime intérieur de la Conciergerie, du Luxembourg, ect., et sur différens prisonniers qui ont habité ces maisons, sous la tyrannie de Robespierre, avec les chansons, lettres et couplets qui y ont été faits,
Philippe-Edme Coittan,
Ça, c'était en l'An III, en République française.
Ceci, c'est aujourd'hui, dans le Royaume de Belgique.
(source) |
"Moi, Dounia, hébergeuse de migrants, arrêtée, menottée, emprisonnée…"
Bonjour à toutes et tous !
En ce beau dimanche d'automne - beau du moins ici -, vous n'y couperez pas, nous continuons l'étude de la racine indo-européenne...
*(s)ker-, “couper”.
“vous n'y couperez pas” !
Après ce grand moment d'humour qui me stupéfie moi-même, je vous laisse un peu de temps pour vous remettre, et nous poursuivons.
Pour rappel, parmi les dérivés de la belle et délicate *(s)ker-, “couper”, nous avons passé en revue quelques-uns de ses descendants germaniques, par le proto-germanique *skeran-, “couper” -, et ses descendants celtiques, par le proto-
- allez, c'est facile : c... cel... t- ... celt-... OUI !! -celtique *skara-, “diviser, séparer”.
Avant d'aller plus loin, deux mots, voulez-vous ?
Est-ce la lune et/ou les marées, les tensions sur la scène internationale, le néo-poujadisme ambiant, les sujets du blog en eux-mêmes, je ne sais, mais ces dernières semaines m'ont parues curieusement animées si je me fie aux commentaires reçus...
Passons les commentaires des abrutis de service au crible cognitif à mailles très fines et à l'activité neuronale réduite qui, malgré les mises au point de J. P. Demoule lui-même
https://cipanglo.hypotheses.org/689, je cite:
“Je n’ai jamais écrit que les études indo-européennes étaient une production du nazisme. J’ai écrit que l’un des points d’aboutissement possibles, et historiquement attesté, du modèle d’un peuple originel unique et conquérant (Urvolk) – qui n’est lui-même que l’un des modèles explicatifs possibles – avait été le nazisme ainsi que ses descendants historiques actuels, dont la « Nouvelle Droite » française. Et je déconnecte totalement et clairement les idées politiques (fort diverses, sinon opposées) des différents auteurs, de leurs théories ; aucun des philologues allemands qui ont édifié la grammaire comparée tout au long du 19ème siècle n’étaient d’ailleurs engagés politiquement, pas plus que la plupart des linguistes du 20ème siècle. Mon travail étant historiographique, il était difficile de faire l’impasse sur l’idéologie « aryenne » et ses conséquences, qui n’occupent néanmoins qu’un dixième à peine du livre. (...).sont intimement persuadés que la linguistique indo-européenne est le fait de fascistes tendant à prouver la suprématie de la race blanche, et ses adeptes des nazillons bon teint décomplexés,
(...)
Je n’ai jamais écrit que les études indo-européennes seraient un pur fantasme et les indo-européanistes des imposteurs, ni que la grammaire comparée (dans sa version néo-grammairienne stricte comme dans ses formes plus contemporaines) serait vide de sens – à une regrettable exception près, dont je me suis déjà expliqué. En effet, le texte de la tribune (de 3000 signes) que m’avait proposée la revue La Recherche il y a trois ans face à Romain Garnier commençait en réalité par la phrase « Comment expliquer l’existence de la famille des langues dites indo-européennes, clairement distincte de celle des langues sémitiques ou sino-tibétaines ? » – texte originel que je tiens à la disposition des (rares) historiographes que cela pourrait intéresser. La journaliste éditrice, voulant sans doute en rajouter dans la polémique, a inventé de toutes pièces la phrase : « je ne crois pas qu’il existe une famille de langues dites « indo-européennes » qui soit clairement distincte de celle des langues sémitiques ou sino-tibétaines », et que je n’ai jamais ni écrite, ni pensée. Et, honte à moi, pressé comme tout un chacun, je n’ai pas pris la peine de vérifier de près les épreuves. Mais on ne trouvera nulle part dans mon livre une telle affirmation.”
comme celui-ci, vomi ou plutôt déféqué sur un remarquable groupe FB traitant du grec ancien:
(...) En l'occurrence il [Frédéric Blondieau, ou son blog] ne fait pas vraiment référence au grec ancien, mais l'utilise pour asseoir une théorie. J'ignore peut être l'origine du grec ancien, mais je n'ignore point l'origine idéologique de cette analogie univoque qui envenime le milieu académique, en Europe, et ce depuis belle lurette. (...),
passons donc, car il faut bien jouer le jeu: si je publie quelque chose, je dois m'attendre à des réactions du public, c'est on ne peut plus normal...
Mais vous (car je ne vous place évidemment pas dans la catégorie ci-dessus mentionnée), lecteurs assidus du blog, m'avez également assailli, dans vos commentaires, de demandes pressantes sur l'inclusion de tel ou tel mot dans cette étude de *(s)ker-, “couper”.
Je suis bien entendu enchanté de vos interactions, charmé de votre intérêt pour l'étymologie historique...
ou plutôt
...mais voilà !
Dans mon rôle de vulgarisateur, messager à la croisée de deux mondes, celui des universitaires absorbés dans la linguistique historique et celui des gens qui essaient encore, parfois vainement, d'avoir une vie normale, j'essaie de vous offrir des articles précis, c'est une chose, mais prétendant aussi à une certaine exactitude scientifique.
Je l'ai déjà dit: je ne suis pas un linguiste, mais un amateur de linguistique, un linguiste du dimanche.
Pour atteindre à cette exactitude, j'effectue un travail de recherche en me fondant sur des sources scientifiquement fiables, que j'analyse alors et que je régurgite à ma façon, sous une forme et dans un style que j'espère compréhensibles et amusants.
Mais, sans rire, vous avez essayé de lire un dictionnaire d'étymologie indo-européenne?
Ça donne ça:
(Il s'agit d'un court extrait d'un passage que vous aurez reconnu du Etymological Dictionary of Proto-Germanic de Guus Kroonen - Leiden Indo-European Etymological Dictionary Series.)
Tous les dimanches, en partant de cela
- mais non, ce n'est pas toujours le même passage -,
je m'efforce de vous entretenir (dans le sens noble et ancien du terme, que l'anglais a repris et conservé dans son entertainment
répétez après moi: "je suis content, ici et maintenant, je suis content, ici et maintenant...")Et parfois, parfois, les sources ne sont pas très parlantes.
Et des mots qui vous paraissent indubitablement provenir d'une racine indo-européenne, comme en l'occurrence notre jolie *(s)ker-, “couper”, tant leur forme et leur sens les rapprochent d'elle, ne sont peut-être pas, à l'aune de la stricte et rigoureuse linguistique historique, des dérivés de ladite racine.
Pour faire simple, mon étude, dont le résultat est ce blog, se borne à étudier le résultat des études des autres.
Quand je ne retrouve pas dans mes sources la descendance précise d'un mot, je préfère l'omettre.
Jusqu'à preuve du contraire,
et sans vouloir couper les cheveux en quatre,ce mot, pour moi, ne dérivera pas de cette racine.
Sinon, à quoi bon ?
Je suis d'ailleurs toujours, à l'heure actuelle, en train de travailler sur *(s)ker-, “couper” et tous ces mots qui pourraient en être les dérivés.
À ce jour, je n'ai pas encore réussi à tout dépatouiller.
C'est à s'arracher les cheveux.
Je pense que nous enrichirons bientôt la descendance germanique de l'adorable
*(s)ker- par de nouveaux mots que j'aurai pu tracer jusqu'à elle ; mais ce sera pour plus tard. On y arrive.
Aujourd'hui,
Penchons-nous sur ses descendants ... balto-slaves.
En fait, non.
Vous le savez, il est admis à l'heure actuelle que les langues baltes et les langues slaves proviennent d'un tronc commun, balto-slave, précisément.
Mais pour ce qui est de notre gentille *(s)ker-
- et à ma connaissance -,seuls des descendants baltes lui sont connus.
Correction !!! Il y en a, des dérivés slaves de notre *(s)ker-, vous les trouverez ici: (C'est le Frédéric de dans trois mois qui vous le dit)
Pouchkine n’aimait pas les laitues
Via le double étymon proto-balte... *skirti- / *kerti-.
Nous l'aurez compris, nous avons affaire ici à un cas de s-mobile.
Mais oui, oh ! ce phénomène par lequel certains des dérivés d'une racine indo-européenne commençant par un *s- suivi d'une consonne perdront ce *s- initial. C'est pour ça, hein, que l'on met entre parenthèses le s initial de certaines racines...
Relisez peut-être...
Es war einmal mitten im Winter, und die Schneeflocken fielen wie Federn vom Himmel herab...
Commençons par l'étymon balte *kerti-.
Je ne vous en dirai pas grand-chose, si ce n'est que nous lui devons le lituanien ... kerti, “se détacher, s'enlever...”.
S'enlever, mais aussi sans le s !
Ah mais, je suis en forme, aujourd'hui !
Avec le s, maintenant, partons sur ... *skirti-.
De cet étymon balte, nous pouvons faire dériver
- le lituanien ... skìrti, “séparer, diviser, distinguer...”,
- le letton (mais l'est-on VRAIMENT ??) sķirt, “séparer, diviser, trancher...”
Bon, c'est pas tout ça, mais la douce *(s)ker-, “couper” s'est encore retrouvée en grec ancien.
Eh oui.
Je pense - commençons par là - au grec ancien... κείρω, keírō, “couper / raser (spécialement les cheveux), tondre, abattre...”.
C'est vraisemblablement par un étymon hellénique *keřřō- que*(s)ker- a engendré κείρω, keírō.
Le temps me manque...
La suite de l'étude de κείρω, keírō et des dérivés grecs de *(s)ker-, “couper”, ce sera pour dimanche prochain !
Le temps d'une petite récapitulation, et je vous laisse.
racine indo-européenne *(s)ker-, “couper, découper”
⇓
proto-balte kerti-
⇓
lituanien kerti, “se détacher, s'enlever...”
⇓
lituanien kerti, “se détacher, s'enlever...”
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racine indo-européenne *(s)ker-, “couper, découper”
⇓
proto-balte *skirti-
⇓
lituanien skìrti, “séparer, diviser, distinguer...” et letton sķirt, “séparer, diviser, trancher...”
-----
⇓
lituanien skìrti, “séparer, diviser, distinguer...” et letton sķirt, “séparer, diviser, trancher...”
-----
racine indo-européenne *(s)ker-, “couper, découper”
⇓
proto-hellénique *keřřō-
⇓
grec ancien κείρω, keírō, “couper / raser (les cheveux), tondre, abattre...”
⇓
grec ancien κείρω, keírō, “couper / raser (les cheveux), tondre, abattre...”
Je vous souhaite, à toutes et tous, un excellent dimanche, et une très, très belle semaine !
À dimanche prochain, pour la suite des aventures de notre vaillante *(s)ker- ...
À dimanche prochain, pour la suite des aventures de notre vaillante *(s)ker- ...
Frédéric
PS: dans ces articles, les passages de texte en bleu, vous l'aurez compris, traitent d'éléments de linguistique.
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Attention,
ne vous laissez pas abuser par son nom :
on peut lire le dimanche indo-européen
CHAQUE JOUR de la semaine.
(Mais de toute façon,
avec le dimanche indo-européen,
c’est TOUS LES JOURS dimanche…).
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Et pour nous quitter,
Une publicité !
Mais aussi un vrai moment de bonheur.
Des chanteurs - de haut niveau ; j'en ai approché certains - dans une chorégraphie très soigneusement préparée, accueillent les passagers des vols entrant, au terminal 5 de Heathrow.
Tout est a capella, tout est filmé d'une traite, en direct, par de nombreuses caméras.
Cela date de 2010, et je l'ai peut-être même déjà mis ici ! Mais qu'importe, ça me fait du bien. C'est ce genre de choses que j'ai envie de voir en ce moment, et j'espère vraiment que le plaisir sera partagé...
Et puis, on vient de parler de s-mobile, et cette vidéo est réalisée pour l'opérateur britannique T-Mobile.
C'est un signe, non?
The T-Mobile Welcome Back
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article suivant : - "Arthropodes chélicérates, pathogènes, parasites, bien-pensants !" - Mais voyons, capitaine, ils ne peuvent plus nous entendre !
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