*ǵʰ(e)i-m-, “hiver”.
Faisons le point.
- les latins bīmus, “âgé de deux ans”, trīmus, “âgé de trois ans”, quadrīmus, “âgé de, de quatre ans”, et quadrīmulus, “qui n'est âgé que de quatre ans”,
- l'adjectif latin classique hibernus,“hivernal”, et
- son emprunt en français, hiver.
D'hiver, les Divers Jeux rustiques ?, 12 décembre 2021
🜛
- le roumain iarnă,
- le catalan hivern,
- l'occitan ivèrn,
- le normand hivé,
- le wallon ivier,
- l'asturien iviernu, hibiernu,
- le piémontais invern,
- le dalmatien inviarno,
- l'talien inverno,
- le sicilien nvèrnu,
- le portugais inverno,
- l'espagnol invierno,
- le romanche enviern.
- χεῖμᾰ, kheîma, “hiver, froid, gel, tempête”,
sur lequel se sont construits :
- χειμών, kheimón, “hiver, souffrance, détresse”,
- χιών, khiốn,“neige, neige fondue, eau glacée”, d'où
- Χιόνη, Khiónê, Chioné, déification de la neige,
- χίμαιρα, khímaira, chimère.
- le gotique wintrus,le vieux norois vetr, d'où le féroïen vetur,
- l'elfdalien witter,
- le vieux frison winter,
- le néerlandais winter,
- le vieil anglais winter,
- d'où l'anglais winter.
Avec le vent du nord..., 19 décembre 2021
🜛
- Le vieux norois gœ, “fin de l'hiver”, d'où...gói,
- l'islandais góa, “fin de l'hiver”,
- le norvégien nynorsk gjø, go, “fin de l'hiver”,
- le féroïen gø, “fin de l'hiver”,
- le composé vieux norois gómánaðr, “mois de la fin de l'hiver”, d'où...
- le vieux suédois göyomånat, “février”, dont est issu...
- le suédois désuet göjemånad, “février”.
Góa er næstseinasti mánuður vetrarmisseris, 26 décembre 2021
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- ingimus, “animal d'un an”,
- tuigimus, “animal de deux ans”.
Et quoi, elle fut promulguée en hiver, la loi salique ?, 2 janvier 2022
🜛
- le vieil irlandaisgam, gem, gaim,“hiver”, dont dérivent...
- le vieil irlandaisGAMI-CUNAS, litt. “hiver-loup”,
- le vieil irlandais gemred, gaimred, littéralement“saison de hiver”, d'où
- l'irlandais geimhreadh,“hiver”,
- le gaélique écossais geamhardh, geamhraich, “hiver”,
- le manxois geurey, “hiver”,
- le vieil irlandais fogamar,“automne, récolte, d'où
- l'irlandais fómhar, “automne, saison des récoltes, récolte”,
- le gaélique écossais foghar, “récolte, automne”,
- le manxois fouyr, “automne, récolte”,
- le vieux gallois gaem,“hiver”, d'où
- le moyen gallois gayaf, gaeaf,
- le gallois gaeaf,“hiver”, d'où
- le gallois cynhaeaf, “récolte ; (désuet) automne”,
- le vieux breton guoiam, d'où
- le moyen breton gouaff, d'où
- le breton goañv, gouañv, “hiver”
- le vieux cornique goyf, “hiver”, d'où
- le cornique gwav, “hiver”, d'où
- le cornique kynnyav, kydnyadh, “automne”.
Un loup en hiver, 9 janvier 2022
(Il va de soi que pour ce qui est du gaulois, je fais également appel à
Xavier Delamarre ; Redde Caesari... et toute cette sorte de choses.)
- Ça giamos, Giamos à lunettes ?- Ça giamos, ça giamos, Grand Giamos, merci.
(Giamissa, comme Le bon roi Dagobert, bien sûr, Giamissa culotte à l'envers.)
D'où ce si subtil Monsieur Winter, en exergue. Quant à Madame Winter, la voici :
Ophélie |
le calendrier de Coligny, retrouvé par un fermier à Coligny(!) Non mais, vous imaginez la probabilité, pour que ce soit précisément à Coligny que l'on retrouve le calendrier de Coligny ?? (Pour les Brexiteers, Monsieur X et ceux qui croient que Pétain est le sauveur des juifs, c'est de l'humour. Pour les "wokes", vous trouvez normal que ce calendrier soit écrit en BLANC, qui plus est sur fond NOIR, et qu'on ne parle pas d'une calendrière ? Saletés de cis hétéros privilégiés souchiens gaulois.) |
Le Lugdunum. Si vous aimez le tunnel de Fourvière, les abris antiatomiques et le béton armé, vous allez A-DO-RER. |
pour être honnête,
- et j'espère vous surprendre par ce succulent petit dessert -,
Aaaaaaaaargh, les desserts de Nigella !!! (Nigella Lawson, pour les maigres et anorexiques) |
il nous reste encore, disais-je, à découvrir un bien joli mot fraaaançais vraisemblablement dérivé du gaulois.
- je paraphrase -
(apparenté au celtique *gyemo-, évidemment),
Une lénition ? Du latin lenis, “doux, mou...”, il s'agit de l'affaiblissement (ou, c'est plus mimi, de l'adoucissement) de l'articulation d'une consonne en position intervocalique. On en trouve des exemples partout : avec le passage du t au d du latin vita à vida en portugais, en espagnol..., ou même avec la disparition pure et simple du t de ce même latin vita, devenu invisible dans notre français vie (invisibilisé, pour employer le jargon rigolo de certains taré·e·s·x).
Notez que la lénition est un phénomène inhérent aux langues celtiques, qui affecte en permanence leur morphologie. En irlandais (actuel), elle affecte notamment les consonnes initiales de certains types de mots (les substantifs, les verbes...), indiquant par exemple, pour un nom, le genre, pour un verbe, la négation... Le changement de prononciation se retranscrit alors en rajoutant un h à la consonne lénifiée.
Lénition irlandaise |
Lenny Kravitz |
Une syncope ? La chute d’un segment à l’intérieur d’un mot, comme la perte du i dans le passage du latin classique calidus au latin vulgaire caldus (qui donnera le français chaud), ou
la perte de TOUS les e (ou presque) quand vous demandez à un Ch'ti de prononcer “Il est debout devant la petite fenêtre” (“Il est d'bout d'vant la p'tit' f'nêtr”).
Il eût suffit à Georges Perec de demander à un Ch'ti de lire n'importe quel roman à haute voix, de l'enregistrer et de le faire retranscrire, et il l'aurait eue d'office et sans trop d'efforts, sa Disparition.
(Nous en avions déjà parlé, en 2013, de La Disparition, à l'occasion de reliques, délits et lipogrammes ; je m'étais étonné de la présence d'au moins QUATRE e sur la couverture du livre (rien que dans Georges Perec), et vous avais expliqué qu'à la sortie du livre, l'auteur, qui en avait été douloureusement conscient, avait proposé que son nom apparaisse sur la couverture sous la forme Gorgs Prc, ce que Gallimard avait catégoriquement refusé prétextant que "ça faisait un peu trop jeune écrivain dissident polonais, intello et chiant".)
Avez-vous une petite idée du mot français que je veux vous faire trouver ?
...
...
...
Mais OUIIIII ! Givre !
Couche de glace extrêmement ténue et blanche, provenant de la cristallisation, par temps froid, au contact d'un corps solide exposé à l'air, des fines gouttelettes d'eau en surfusion des brouillards et des nuages. ©Le Grand Robert de la langue française (que j'utilise encore jusqu'à la fin de mon abonnement, que je ne renouvellerai pas (iels comprendront).
Il est hautement probable, donc, mutatis mutandis, que notre français givre dérive du gaulois.
étymon gaulois *gēveros
Précisons encore, s'il le fallait vraiment, que cette piste gauloise est celle qu'emprunte également Matasović, suivi en boitillant par Alain Rey, qui ne se mouille pas trop, avec son origine prélatine.
J'ajouterai encore que Pierre Guiraud propose une tout autre étymologie, ce qui est clairement bon signe.
(Je l'aimais bien, moi, Pierre Guiraud, à l'esprit vif et à l'imagination bouillonnante, qui osait des étymologies quand les autres mouraient par manque d'imprudence ; mais quelqu'un aurait quand même pu lui dire un jour que le français ne provient pas que du latin.)
Un chant de travail des Hébrides, en voici un autre, filmé en 1941(!), dans une vidéo incroyable et tellement émouvante :
- vous abonner par mail, en cliquant ici, en tapant votre adresse email et en cliquant sur “souscrire”. ET EN CONFIRMANT le lien qui vous arrivera par email dans les 5 secs, et vraisemblablement parmi vos SPAMS (“indésirables”), ou
- liker la page Facebook du dimanche indo-européen : https://www.facebook.com/indoeuropeen/
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Et le bergamote alors ? Ce serait un agrume récolté sur la montagne l'hiver? Bravo pour ton article et merci pour le partage...
RépondreSupprimerJ'attends avec intérêt le slave Zíma, l'hiver en Tchèque, langue de ma grand mère morave. Je l'aurai, je l'aurai. 😊
RépondreSupprimer@Bernard,
RépondreSupprimerTu m'as ôté les mots de la bouche ! :-D
Merci à TOI.
@Unknown,
RépondreSupprimerPlus que 6 fois dormir.... ;-)
@Fox Bernard, @Frédéric,
RépondreSupprimerAh non! Ça c'est la bargemote ;-)