article précédent : une nuance plus blanche de pâleur
Le rapport entre un jardin, un hangar, une ville russe, un courtier, une chorale et une danse roumaine ?
Une seule et unique racine proto-indo-européenne :
*gher- !
*gher- véhiculait la notion de "saisir", de "clôturer" (dans le sens de ceindre), avec des sens dérivés comme "clôture", ou "enceinte".
un mur d'enceinte |
Au degré zéro (pour rappel : sans voyelle pivot dans la racine, voir aussi Alternance vocalique, sur Wikipedia),
et accolée au suffixe *-dh pour créer ainsi *ghr-dh,
la racine a donné les anglais...
- gird (ceindre, revêtir),
- girt (encercler, faire le tour de, mesurer le pourtour de) et
- girdle (ceinture, ceinturer, encercler).
Ainsi que, par l'ineffable vieux norrois gjördh, girth (la circonférence de quelque chose, la corpulence de quelqu'un, le périmètre thoracique - "la sangle" - d'un cheval).
Cheval : le périmètre thoracique |
Au timbre o (autrement dit, par le jeu de l'alternance vocalique, quand le "e" devient "o") -
la racine *gher- évoluant ainsi en *ghor,
et suivie du suffixe *-to, ou *-dho
(ce qui nous donne donc *ghor-to, ou *ghor-dho) - (Euh, vous me suivez toujours ?)
elle signifiait "enceinte".
Sous cette forme, elle a permis de créer, par le latin hortus (le jardin), "horticulture",
et même "ortolan" !
Hortolan, en ancien français, désignait encore un jardinier.
Et l'ortolan, c'est l'oiseau des jardins, parfois appelé "jardinier", avant d'être mangé.
Toujours sous cette forme *ghor-to, *ghor-dho, la racine a donné aussi, par le vieil anglais geard ("enceinte, jardin"), les anglais...
L'Asgard, désignant le séjour - dans la mythologie nordique - des Dieux et des héros morts au combat, en provient également, par le vieux norois gardhr (toujours avec le même sens d'"enceinte, jardin").
L'anglais pour "jardin", garden, en est issu, mais aussi le français jardin lui-même, via le francique *gart-, "jardin, enclos" puis le bas latin gardinium.
Intéressant, non: le jardin, c'est étymologiquement un endroit ceint, plutôt qu'un lieu où l'on euh... jardine, où l'on cultive ses épinards...
Probablement par un détour par le germanique, la même racine *gher- nous a donné l'ancien français hangard, dont provient naturellement le français moderne hangar. (voir Home, sweet home pour le "han" de hangar)
J'avais précédemment évoqué Belgrade comme étant la ville blanche (voir une nuance plus blanche de pâleur).
Toujours par sa forme [*ghor-to, *ghor-dho], *gher- nous a transmis le vieux slavon d'église градъ ("gradje" : la ville), qui a évolué pour devenir notamment le russe город ("gorad" : ville).
Que l'on retrouve dans Ленинград, Петроград (Leningrad, "Pietragrad" : Petrograd), mais aussi dans de très nombreux noms de villes russes, comme Новгород ("Novgarad", Novgorod, littéralement Ville-Neuve !).
Dans l'ancienne Perse, Gerd revêtait le même sens.
Hortolan, en ancien français, désignait encore un jardinier.
Et l'ortolan, c'est l'oiseau des jardins, parfois appelé "jardinier", avant d'être mangé.
ortolan non mangé |
Toujours sous cette forme *ghor-to, *ghor-dho, la racine a donné aussi, par le vieil anglais geard ("enceinte, jardin"), les anglais...
- yard (une cour, et en américain : un jardin) et
- orchard (le verger).
Vieille Ford rouillant dans un verger, Royaume-Uni non, il n'y a pas de contrepèterie |
L'Asgard, désignant le séjour - dans la mythologie nordique - des Dieux et des héros morts au combat, en provient également, par le vieux norois gardhr (toujours avec le même sens d'"enceinte, jardin").
L'Asgard... |
...Et un plan des lieux, ça peut toujours servir |
L'anglais pour "jardin", garden, en est issu, mais aussi le français jardin lui-même, via le francique *gart-, "jardin, enclos" puis le bas latin gardinium.
Intéressant, non: le jardin, c'est étymologiquement un endroit ceint, plutôt qu'un lieu où l'on euh... jardine, où l'on cultive ses épinards...
Probablement par un détour par le germanique, la même racine *gher- nous a donné l'ancien français hangard, dont provient naturellement le français moderne hangar. (voir Home, sweet home pour le "han" de hangar)
J'avais précédemment évoqué Belgrade comme étant la ville blanche (voir une nuance plus blanche de pâleur).
Toujours par sa forme [*ghor-to, *ghor-dho], *gher- nous a transmis le vieux slavon d'église градъ ("gradje" : la ville), qui a évolué pour devenir notamment le russe город ("gorad" : ville).
Que l'on retrouve dans Ленинград, Петроград (Leningrad, "Pietragrad" : Petrograd), mais aussi dans de très nombreux noms de villes russes, comme Новгород ("Novgarad", Novgorod, littéralement Ville-Neuve !).
La vieille enceinte de Novgorod. Ça en jette, non? |
Dans l'ancienne Perse, Gerd revêtait le même sens.
Le mot s'est changé en Jerd après l'invasion arabe. Vous trouverez ainsi la ville de Burugerd ou Borujerd en Iran occidental.
Borujerd, dans l'Iran actuel |
Quand un Rom vous appelle gadjo, il ne le sait peut-être plus, mais il vous qualifie d"ayant une maison", il sous-entend que vous êtes littéralement "domestiqué", "confiné dans une enceinte", et que donc, vous n'êtes pas itinérant comme lui.
Gadjo reprend la notion de maison, d'enclos, que l'on trouve encore dans le sanskrit grhah (maison), avec toujours cette notion d'enceinte...
Associée cette fois au préfixe collectif *kom- (ou *ko-)
- qui passe l'idée d'"ensemble", "avec", qui donnera le latin cum, et par suite les très nombreuses occurrences de co-, com-, con- dans le vocabulaire français; de compatriote à co-voiturage, il y en a à la pelle! -
(transformant une racine verbale en nom abstrait, comme le suffixe français "-ation" dans des mots comme utilisation),
- cohorte (par le latin cohors: enclos, compagnie de soldats, multitude),
- cortège,
- cour (l'endroit: la cour, et par extension LA Cour!), et de là courtisan, courtier, courtiser, courtois, courtoisie...
William Hogarth : Les étapes d'une courtisane |
Le fort romain de Mamucium (Manchester), qui hébergeait une cohorte de 500 hommes d'infanterie |
Enfin, et probablement sous le timbre o, et associée au suffixe -o
- suffixe thématique, permettant de créer d'autres noms, adjectifs et verbes -,*gher-, sous donc la forme *ghor-o-,
nous a laissé,
par l'intermédiaire du grec ancien χορός (khoros) : danse en rond, ronde,
repris par le latin chorus, qui en a étendu le sens à la troupe même qui danse et chante,
- l'anglais carol (carols sans lesquels Noël ne serait pas vraiment Noël), et
- les français choeur, chorale, choriste...
Christmas Carol (private joke, only for BBC Breakfast aficionados) |
... et même Hora, qui désigne une danse que l'on danse en rond, en Roumanie et en Israël
Rien de tel qu'une bonne hora pour chauffer l'ambiance |
Frédéric
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