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dimanche 7 mai 2023

God Save The King!

article précédent : Ce n'est pas un grand avantage d'avoir l'esprit vif, si on ne l'a juste.




« La coutume, cette loi non écrite. Dont le peuple, même aux rois, impose le respect. »


Charles d'Avenant,
dans sa tragédie Circé, 1677 




Charles d'Avenant,
économiste anglais, mais aussi poète,
1656-1714



Bonjour à tous !


En ce premier dimanche de mai,
les festivités domestiques...




Les bluebells étaient même de la partie
(des Hyacinthoides non-scripta
provenant de chez Humphreys Garden,
dans le Kent. Et prout.)
 
...liées à un couronnement de roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord (ainsi que de quatorze autres États souverains, cela dit) ne m'ayant guère laissé de temps,
nous laisserons temporairement de côté notre délicieuse racine indo-européenne *men-, « penser », pour nous intéresser à quelques mots importants de ce cérémonial.

Pour l'exercice, je ne ferai que puiser dans les mots 
- ma foi, déjà nombreux -
qui ont été traités en ces pages...

De votre côté, vous n'aurez donc qu'à cliquer sur les mots dont vous souhaitez retrouver l'étymologie indo-européenne, c'est aussi simple que ça.


Ce qui me permet, soi dit en passant, de vous rappeler que pour une lecture plus enrichissante du blog, pensez à l'appréhender en mode web, cette visualisation qui offre notamment une liste de tous les mots traités, et plein, plein d'autres choses encore...




Allons-y !

En ce samedi six mai, nous avons assisté, sous les grandioses arches de l'abbaye de Westminster, au couronnement
(en anglais, coronation)
du Roi
(King, si vous préférez)
Charles III.

Nous y avons vécu son avènement au trône de... disons... d'Angleterre, ce sera plus simple.


Charles est arrivé à Westminster au côté de Camilla, sa future reine consort
- oui oui, the queen -,
non pas en vulgaire calèche


mais bien dans un somptueux carrosse.




Le rituel traditionnel du couronnement était une nouvelle fois époustouflant. Un véritable ballet remarquablement préparé, précis, minuté.

C'est sous le regard de nombre de ministres, d'ambassadeurs et d'autres représentants de pays amis
- c'est ainsi que Brigitte accompagnait Manu -


 que s'est déroulée la cérémonie, même si son apothéose, l'onction

moment intime et profondément spirituel entre le roi et son Dieu,
se pratique toujours à l'abri des regards profanes.




Bien entendu, et comme à l'accoutumée, c'est l'archbishop de Canterbury qui a officié, en grand appareil.




Le cérémonial, où figuraient des symboles particulièrement puissants, a été exécuté de main de maître





Ce qui est certain, c'est que si vous aimez les étendards, les armoiries et les buccins, vous étiez aux anges...
 

À l'issue de la cérémonie, le nouveau couple royal est rentré à Buckingham Palace, pour une dernière ovation, au balcon, devant le monument à la Reine Victoria. 




Et oui, bien sûr, l'aviation était de la partie, avec une splendide formation
(une Big Battle, pour les puristes et autres carpettes de la langue du maître)
des Reds Arrows
- peut-on parler d'une escadrille ? -
remontant le Mall et arborant les couleurs britanniques au moment du survol du palais royal.




Mais,
en toute confidence (vous gardez ça pour vous, hein ?),
ce qui m'a impressionné le plus, c'est la stature de la parlementaire britannique Penny Mordaunt, assumant le rôle de porte épée auprès du roi Charles III.





Solennelle, elle maintenait immobile, droite, irrésistiblement pointée vers le ciel, l'épée de l'État, la magnifique épée de l'Offrande sertie de bijoux (la Jewelled Sword of Offering) avec un port digne de la Dame du Lac

Oui. J'y ai vu un rappel de la mythique Avalon... 



Pour tout vous dire, Penny Mordaunt a détrôné Pippa Middleton, que j'ai à peine reconnue. Mais bon, elle était de face, aussi.




Penny Mordaunt, dont le nom de famille serait un beau dérivé de l'ancien français mordant, évidemment passé en anglais par l'anglo-normand. Il faudrait le prendre au sens de sarcastique.





À vous tous, un excellent dimanche.

Portez-vous bien.




Frédéric


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Attention,
ne vous laissez pas abuser par son nom :
on peut lire le dimanche indo-européen
CHAQUE JOUR de la semaine.
(Mais de toute façon,
avec le dimanche indo-européen,
c’est TOUS LES JOURS dimanche…)

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Et pour nous quitter…

le très rassérénant, apaisant, inspirant...


Cantique de Jean Racine

de

Gabriel Fauré,


remarquablement interprété par 

VOCES8

et

l'English Chamber Orchestra


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dimanche 22 mars 2020

-Au nord, c'était les... -NON. -Mais enfin ?-NON. Non non. Non. NON.




Le souvenir des années de collège me servira à rendre
exactement ma pensée.
Qui n'a goûté de Y abondance? 
Ce breuvage peu fortifiant contient beaucoup d'eau mêlée à un 
peu de vin.
C'est l'image de la monnaie avilie, de l'abondance factice que l'on prétend produire au moyen de l'altération de la monnaie.
Comme celle du collège, cette fausse abondance ne profite guère.


Traictie De La Première Invention Des Monnoies,

Nicole Oresme


Nicolas Oresme
entre 1320 et 1322 (le travail fut pénible) - 1382,
philosophe, astronome, mathématicien, économiste,
musicologue, physicien, traducteur et théologien


























Bonjour à toutes et tous ! 

Je vous l'avoue, si dimanche dernier, mon moral n'était pas ce qu'il est d'habitude, cela n'avait pas grand-chose à voir avec le confinement.





Mais avec la perte de mon bon chien.

Nous savions que ce jeudi, elle partirait. Et le jeudi tant redouté... est arrivé. 

Et je n'en peux plus. 

Pour tout vous dire, je ne savais tout simplement pas que je pouvais pleurer à ce point-là.
Je vous ferai grâce des détails, rassurez-vous !

Mais en tout cas, et encore une fois, je vais faire court. Mais au moins, je ferai.


Emma, le meilleur chien du monde
Lens, 12 janvier 2006 - Givet, 19 mars 2020



Notre question du moment : quelle est donc l'étymologie de coronavirus ?

Nous avions vu, dimanche dernier, que le corona- du composé coronavirus nous arrivait, 
par le latin corōna, guirlande, couronne...”, 
du grec ancien κορώνη, korṓnē, “quelque chose de courbé...”, issu, lui,  
de la racine indo-européenne *kor-u/n-, qui désignait le corbeau.
le corbeau, dont on compare l'intelligence à celle des grands singes !

Ce qui signifie donc que le corbeau serait nettement plus intelligent
que bon nombre de nos compatriotes.




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racine indo-européenne *kor-u/n-, “corbeau

grec ancien κορώνη, korṓnē, “quelque chose de courbé...

emprunt

latin corōna, guirlande, couronne...”

emprunt savant (années 1960)

français corona- dans le composé coronavirus

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Du latin corōna, guirlande, couronne...”, nous avons bien évidemment tiré, 
par l'ancien français corona, (circa 980), puis curune et corone, attestés, eux, un siècle plus tard, en 1080,
notre couronne, vers 1340.






De là,
et comme vous pouvez aisément le deviner,
nous avons créé... couronner, couronnement...




Mais... calqué sur l'adjectif latin coronarius“en forme de couronne”, nous avons aussi créé... coronaire !


Coronaire ?

En anatomie - et selon le ©Le Grand Robert de la langue française -,
qui est disposé en couronne. Spécialement, se dit d'artères et de veines du cœur. 


Oui, l'adjectif coronaire, attesté en 1562, se rapporte aux artères disposées en rond qui partent de l’aorte et qui portent le sang dans le cœur, ainsi qu'à la veine qui draine vers l’oreillette droite le sang qui a irrigué le cœur, que l'on appelle
(à moins de ne pas avoir l'intelligence d'un corbeau ou d'un grand singe)
la grande veine coronaire.






Mais dites-moi, auriez-vous fait le rapprochement entre notre couronne et ... corollaire ?





Notre corollaire est une réfection de correllaire (1372), emprunt au diminutif latin corollarium, pour “petite couronne”.

Au figuré, ce corollarium pouvait aussi désigner un don, un supplément, parce qu'il était coutume de donner, en gratification, une petite couronne. Notamment aux acteurs.





Mais bon, de supplément à, par exemple - je reprends ici une de ses acceptions -
proposition dérivant immédiatement d'une autre,
il n'y a peut-être qu'un pas, mais alors, un pas gigantesque, non ?


Le terme fut introduit en logique par le grand Nicole Oresme, pour désigner un argument nouveau, produit à l'appui d'une affirmation précédente. 

Plus tard, en 1611, ce sens disparaîtra au profit de “proposition découlant à titre de conséquence immédiate d'une autre déjà démontrée”.

Par extension, il en viendra à désigner la conséquence, la suite naturelle (1788).


Ce qui s'est passé, qui expliquerait ce pas gigantesque ?


Here's what happened (voici ce qui s'est passé)
Adrian Monk

On a très tôt confondu, mélangé les sens de corollarium et de corrélation.

Ce qui explique par la même occasion cet ancien français correllaire, et puis l'évolution de sens ultérieure de sa réfection corollaire.


Nous retrouverons cependant le sens pur, inaltéré de “petite couronne” dans notre français ... corolle, francisation du latin scientifique corolla (1740), que Linné empruntera au latin classique corolla“petite couronne, feston de fleurs, guirlandes”, diminutif de corōna.



Corolla des années '70


- Bon, et l'anglais coroner“médecin légiste”, qui apparaît dans toutes les séries policières anglaises dignes de ce nom, il fait aussi référence au coeur, sans les battements duquel il n'y a point de vie ? Le coroner, c'est celui qui vérifie si le coeur bat toujours ?
- Ah, beau rapprochement ! 

Mais le rapport entre l'anglais coroner et couronne,
s'il existe assurément, du reste,
est autre...

Le Coroner était tout simplement à l'origine, fin du XIIème, un officier de la Couronne !, chargé de faire respecter les propriétés privées du souverain, et de le défendre dans ses actions en justice.

Plus tard, son rôle se spécialisera en médecin légiste, chargé de déterminer les causes de la mort de personnes mortes par accident ou des suites de violences.


Le moyen anglais coroner descend,
par l'anglo-normand coruner, corouner,
de l'ancien français curuner, repris du latin médiéval custos placitorum coronae, que l'on pourrait traduire littéralement par gardien des procédures pénales de la Couronne”. 


Sachez par ailleurs que ce latin placitum, littéralement « ce qui plaît », 
et qui prit le sens de « ce que l'on a en vue », et en latin médiéval, « dessein, projet, résolution, consentement, pacte », 
s'emploiera, dans la langue juridique médiévale, pour « engagement à comparaître devant le tribunal », « réunion, conférence », et de là, pour « séance judiciaire, plaidoirie » et « litige, procès ». 
C'est donc bien de placitum que sera issu le fameux plaid de l'ancien français, dont nous tirons nos modernes plaider et plaidoyer.

Les aficionados de la première heure du blog se souviendront certainement de l'article du 3 février 2013,
Quand les hommes vivront d'amour
où je reprenais le texte des Serments de Strasbourg de 842, dans lequel Louis le Germanique fait mention, 
dans une langue romane que l'on ne peut encore qualifier - sinon sous l'emprise de la boisson - de français,
de plaid.



deux des coroners officiant à temps complet à Midsomer
(Midsomer murders, Inspecteur Barnaby)

quand le taux de mortalité du coronavirus aura atteint celui des morts
violentes dans cette jolie et fictive bourgade anglaise,
je ne donnerai plus cher de notre peau d'humains



- Va pour coroner ! Et idem pour le français coron, qui descend lui aussi de notre latin corōna, guirlande, couronne...” !
- Euh, comment vous dire ? Non. Non, absolument pas.




Je vous l'accorde, on peut très facilement comparer le théâtre de l'action de Coronation Street (Rue du Couronnement), série télévisée anglaise à l'antenne depuis le 9 décembre 1960 (!!!), et qui se situe quelque part du côté de Manchester, 



avec un coron


ensemble d'habitations identiques, disposées régulièrement le long de voies, et construites pour loger les ouvriers des mines de charbon, notamment dans le Nord de la France.
© 2017 Dictionnaires Le Robert - Le Grand Robert de la langue française

Je précise quand même que les corons, il y en a aussi - et plein - en Belgique. Une fois.

- Wouah, "une fois", c'est trop drôle, c'est bien du belge, ça, une fois !
- Oui, je savais que ça vous amuserait. Ça amuse notamment les corbeaux et les grands singes.


- Au nord, c'était les...
- Non. S'il vous plaît. J'ai déjà perdu mon chien, c'est assez dur comme ça.




monchien outai,

Jacques Brel Stromae



Notre coron, figurez-vous, est vraisemblablement dérivé de l'ancien français cor / corn, “extrémité, coin(circa 1180).
Cor / corn que l'on retrouve en français actuel dans corne, évidemment, ou en anglais, dans corner, le coin !

En ancien français, coron, propre aux dialectes du nord, désignait l'extrémité, la corne d'un bâtiment.

Il désignera, en wallon, l'extrémité d'une rue...

De son acception de bout d'une rue, il en viendra vite à désigner un ensemble de maisons ouvrières dans une localité industrielle, car ces quartiers ouvriers étaient situés précisément... en bout de rue, hors de l'agglomération.



Le pays de Charleroi, le pays où je suis né,
mon pays.




Allez, on s'quitte. Mais pour une semaine, seulement.

Chères lectrices, chers lecteurs,
surtout, surtout,
protégez-vous bien, pensez à VOUS, portez-vous bien.

Tenez bon !




Frédéric



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Et pour nous quitter,


du Bach.

Un merveilleux morceau qui m'apaiserait presque,

qui évoque pour moi le retour au calme - et surtout à la sérénité - après la tempête, la souffrance :

Wenn ich einmal soll scheiden,

de La Passion selon Saint Matthieu, BWV 244




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