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dimanche 27 septembre 2020

La Tour Infernale, c'était du côté du XVème ?






Le temps existe, bien sûr, puisque nous vieillissons et mourons, puisque tout passe et s'en va. Mais il n'a pas, comme l'espace, une réalité par lui-même. Il n'est pas un fleuve où nous nous plongerions. Mystère profond, il est attaché à la matière et à la vie. Memento mori perpétuel et tout puissant, il est, sur toutes les formes les plus diverses de la réalité et de l'existence, sur toutes leurs facettes et tous leurs fragments les plus infimes, la marque indélébile d'un élan vers la mort et la disparition.

Guide des égarés, 2016,

Jean d'Ormesson



Jean Bruno Wladimir François de Paule Le Fèvre d'Ormesson,
16 juin 1925 – 5 décembre 2017




Bonjour à toutes et tous !


En ce dimanche 27 septembre 2020
qui nous rappelle, si nous l'avions jamais oublié, que nous sommes à présent en automne...



(S'il y a bien des images qui m'évoquent irrésistiblement l'automne
- et aussi, solitude, tristesse, nostalgie -,
ce sont celles-ci, tirées du tout début d'un autre de mes films fétiches,
Ordinary People, réalisé par Robert Redford et sorti en 1980.

Et pour les amateurs, vous y reconnaîtrez la jeune Elizabeth McGovern, toute mimi, un rang devant le jeune Timothy Hutton.)




... en ce dimanche d'automne donc, nous continuons notre étude commencée la semaine dernière, celle des dérivés de la racine indo-européenne...




*ndʰero-, “plus bas...”.




On fait le point ?




De ses dérivés, nous connaissons déjà...

issu du latin dialectal infernus, plus bas, inférieur
(dont le sens évoluera en royaume des damnés” dans le latin chrétien infernus)
via l'ancien français enfern,
 
  • enfer

**********

racine proto-indo-européenne *ndʰero-, plus bas...
proto-italique *enþero-“plus bas...”
falisque ifra“dessous, au-dessous...”,
latin inferus, en bas, en dessous”,
latin dialectal infernus, “du bas, d'un lieu inférieur”

**********

latin dialectal infernus, “plus bas, inférieur”
évolution du sens
latin chrétien infernusroyaume des damnés
ancien français enfern (Xème)
français enfer

**********  


Je ne vous l'apprendrai vraisemblablement pas, le latin infernus a donné lieu à nombre de dérivés ailleurs qu'en français, s'expliquant naturellement par l'expansion du christianisme.

Citons déjà ses dérivés que je qualifierais de naturels ; j'entends par là ceux qui en sont issus
- au sens linguistique du terme : arrivés jusqu'à nous par l'évolution naturelle des mots au sein même de la langue -,
au nombre desquels nous trouvons notamment...
  • l'asturien infiernu
  • l'espagnol infierno,
  • l'italien inferno,
  • l'occitan infèrn, in·hèrn,
  • le catalan infern,
  • le dalmatien infiarn,
  • le frioulan infiêr,
  • le galicien inferno,
  • le normand enfé,
  • le portugais inferno,
  • le romanche enfiern
  • le roumain infern,
  • le sarde iferru,
  • le sicilien nfernu, infernu,
ou encore...
  • le wallon... infier.

Et puis
- citons-les quand même, non ? -
Il y a tous ces emprunts au latin. 

Notons toutefois que beaucoup de ces emprunts se sont créés non pas de façon directe à partir du latin infernus lui-même, mais plutôt sur l'un ou l'autre de ses dérivés naturels.

Par exemple,

au sicilien nfernu, infernu a été emprunté...
  • le maltais infern, 

à l'italien inferno ont été empruntés...
  • le néerlandais inferno,
  • l'anglais inferno,
  • l'allemand Inferno,
  • le norvégien inferno, ou même
  • le suédois inferno.


Comme emprunts directs au latin cette fois, citons...
  • l'albanais ferr, ou
  • le grec ινφιέρνο, infiérno.


Enfin, 
probablement passé du bas latin par le brittonique, infernus s'est exporté jusqu'en... vieil irlandais !! Si si !

vieil Irlandais


Où il a donné ifernn, dont est issu, à présent, 
  • l'irlandais ifreann.

Et que cela soit clair, TOUS désignent bien l'enfer, le séjour des damnés...


Village of the Damned,
John Carpenter, 1995



Mais revenons au français...

Il va de soi que notre français infernal provient de la même source.
Cependant, il n'est pas non plus à proprement parler issu du latin, lui aussi n'est qu'un simple emprunt.

oui, même si j'éprouve souvent un certain malaise devant les manifestations de foule,
vous pouvez le huer, ce triste emprunt.

Tant que vous ne le rasez pas...




Notre infernal fut ainsi emprunté,
sous la forme enfernal,
aux alentours de 1130, au bas latin infernalis, dérivé, évidemment !, de infernus.

Il est intéressant de noter que le mot a toujours conservé sa sémantique originale du XIIème, correspondant au latin chrétien infernus, royaume des damnés”, puisque bien souvent - sans toutefois atteindre à l'exclusivité -, nous employons infernal en rapport avec l'enfer... chrétien


Steve, Faye et Paul étaient tous les trois au générique de
La Tour infernale (The Towering Inferno),
1974




Si tous ces beaux mots proviennent du latin dialectal infernus, d'autres encore, ont été créés sur son doublet inferus, en bas, en dessous”...


C'est le cas de notre adjectif infère, emprunt savant attesté en 1770, qui s'emploie en botanique pour désigner l'ovaire d'une fleur, lorsqu'il est situé au-dessous des verticilles.

(ne cherchez pas la contrepèterie) 

© 2017 Dictionnaires Le Robert - Le Grand Robert de la langue française

 

Notez toutefois que le verbe inférerintroduire dans, faire naître, causern'a strictement aucun lien avec infère, puisqu'il vient du verbe latin inferre, composé de in- et de ferre, porter”. Nous avions déjà traité de la racine indo-européenne à l'origine de inferre en mai 2012 : des fjords à l'Euphrate.



Mais inferus (īnferus, pour être précis), en bon adjectif qu'il était, avait un comparatif, au sens de plus bas, d'un rang inférieur”. 

Ce comparatif, c'est... īnferior.
Ben oui.
Vous connaissez la suite...

Quoique...

Notre français inférieur, qui est en bien dérivé, n'est qu'un vulgaire... emprunt !
Et relativement récent, en plus, du milieu du XVème.

milieu du XVème
(source)

Ce qui explique d'ailleurs sa forme quasi inchangée par rapport à l'original latin īnferior.


En revanche, il est une langue où nous trouvons un dérivé proprement issu de īnferior...

L'italien ! Avec son inferiore, issu de l'accusatif de īnferiorīnferiōrem.


Lago Inferiore Di Fusine




Tant qu'à pointer du doigt les piteux emprunts que le français a lamentablement pompés au latin, citons encore nos infra et infra-.

Notre français infra est un calque plus que tardif - il a failli même arriver en retard -, datant de 1862, du latin 
- allez, je vous laisse deviner... -

infra, bravo !!, adverbe et préposition qui signifiait “au-dessous, plus bas”.

En didactique, nous employons toujours infra pour renvoyer nos chers lecteurs (et lectrices, et lecteurs-trices- non-binaires) plus loin dans un texte.

c'est cela, oui.
Mais pourquoi chercher plus loin, petit scarabée ?


Et comme, même en didactique, on écrit le français de gauche à droite, et de haut en bas, ben, tout le monde comprend, même ceux qui ont mené la didactique à un niveau jamais atteint, les fameux pédagogos.

(Remarquez que je ne précise pas si c'est vers le haut ou vers le bas ; disons que le sujet de notre article pourrait être une clé de compréhension.)



Infra signifie plus loin, donc plus bas dans le texte ?!

Mais oui, bien sûr, voilà pourquoi...

- et je sais que cela vous trotte dans la tête depuis tellement longtemps ; et je suis fier d'enfin vous apporter la réponse -  

... voilà pourquoi, disais-je, en batak, en hanuno'o et même aussi en tagbanwa, ces écritures des Philippines et d'Indonésie qui s'écrivent de gauche à droite mais surtout de bas en haut, ils n'emploient pas infra

Merci, merci



Et puis, nous avons infra-, élément de composition d'une ch... d'une flopée de mots français, indiquant que l'élément qui suit se trouve dans une position inférieure (infrastructure...), ou alors, indiquant un niveau ou une valeur inférieurs à ceux qui sont exprimés dans ce second élément (infrason, infra-conscient...).


Pour la semaine prochaine, vous me faites deux colonnes avec tous les composés en infra- que vous pouvez trouver,
  • l'une où le second élément du composé se trouve dans une position inférieure ;
  • l'autre ou infra- indique un niveau ou une valeur inférieurs à ceux qui sont exprimés dans le second élément.


l'infrarouge ne pardonne pas




Bon, on a parlé jusqu'ici de l'adjectif latin īnferusen bas, en dessous”, ainsi que de son comparatif īnferior, “plus bas, d'un rang inférieur”. 


Mais... qui dit comparatif pense aussi...
superlatif !


Et le superlatif de īnferusen bas, en dessous”, c'est ?

īnfimus

Au sens très logique de “(qui est placé) le plus basd'où aussi “le plus humble” .


Pfff... 

Oui, je sais, ' pas facile de trouver un mot français dérivé de īnfimus...

Voyons, voyons...

Oui, bon, j'en ai un, mais carrément tiré par les cheveux...

Je vous le donne ? (Et j'arrête de faire l'idiot ?)

Infime

À nouveau, c'est un emprunt, de 1447 cette fois, au latin īnfimus.

Il s'emploiera en un premier temps au sens figuré, et surtout en relation avec une série, une hiérarchie

Par extension, et bien plus tard (il est attesté avec ce sens en 1828-1829), il s'entendra comme “tout petit”.





Et voilà !

Avec cela, nous terminons l'article de ce dimanche.





Passez un excellent dimanche, une très belle semaine.
Portez-vous bien, 





Frédéric


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Et pour nous quitter en beauté...


Si vous me lisez depuis un certain temps, vous devez connaître ma passion pour les Swingle Singers, qui ont su si intelligemment reprendre l'oeuvre de Bach et en faire magnifiquement bien du jazz vocal.

Voici l'air sur la corde de sol,
interprété par les Swingle Singers, en 1967



Et puis, voici la toute dernière version du morceau,
reprise à présent entièrement a cappella,
par le groupe vocal dans son avatar actuel,

les Swingles.

https://www.youtube.com/watch?v=03Gn4loM7As


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dimanche 20 septembre 2020

Plutôt l'enfer éternel avec mes morts que le paradis seul. - Pascal Quignard

    




Εἰ γάρ μ᾽ ὑπὸ γῆν νέρθεν θ᾽ Ἅιδου
τοῦ νεκροδέγμονος εἰς ἀπέρατον
Τάρταρον ἧκεν,
δεσμοῖς ἀλύτοις ἀγρίως πελάσας, 
ὡς μήτε θεὸς μήτε τις ἄλλος
τοῖσδ᾽ ἐπεγήθει.
Νῦν δ᾽ αἰθέριον κίνυγμ᾽ ὁ τάλας
ἐχθροῖς ἐπίχαρτα πέπονθα.

Ah ! du moins, s'il m'eût précipité sous la terre, jusqu'au fond de l'enfer qui engloutit les morts, jusque dans le Tartare immense, après m'avoir chargé sans pitié de ces indissolubles liens ! Aucun dieu, aucun homme ne rirait de mes infortunes. Mais non ! suspendu dans l'air, battu par les vents, il faut que mon supplice fasse la joie de mes ennemis.


Αἰσχύλου Προμηθεὺς Δεσμώτης,

Eschyle ; Prométhée enchaîné,
Traduction d'Alexis Pierron



Eschyle
(Αἰσχύλος, Aiskhúlos),
Éleusis (Attique) vers -525 - Géla (Sicile) -456



Jean-Pierre Cassel interprétant Prométhée,
dans Malpertuis, Harry Kümel, 1971
d'après Malpertuis de Jean Ray



Tartare immense




Bonjour à toutes et tous !


En ce beau dimanche 20 septembre 2020 (il n'y en aura jamais qu'un, profitez-en !), nous allons diriger nos regards vers une nouvelle racine indo-européenne.

(nouvelle, nouvelle... Elle est quand même multimillénaire, cette petiote, hein !)


Et une nouvelle fois, nous allons établir des liens que peut-être jamais vous n'avez imaginés, entre des mots français, ou entre des mots français et de langues étrangères...


À vue de nez, je peux vous dire, sans trop me tromper, qu'au cours des semaines à venir, nous aborderons des dérivés de cette racine en latin et dans les langues romanes, dans les langues germaniques, celtiques, indo-iraniennes, et même,
pour satisfaire les plus grands malades parmi vous,
tokhariennes. 


À l'image d'archéologues qui creusent le sol d'une ville pour y retrouver progressivement,
strate par strate,
des vestiges de plus en plus anciens, nous ferons de même, en partant d'un mot français bien connu.

En creusant, en grattant, nous allons progressivement découvrir ses fondations, jusqu'à mettre au jour sa racine indo-européenne.




Ce mot usuel, que nous employons tous ; chacun, je pense, en a sa propre définition.

Ce mot, c'est... enfer.




Alors oui, “l'enfer c'est les autres”, L'enfer est dans un coeur vide (Khalil Gibran)”... 
Et je vous épargnerai “l'enfer, Satan l'habite”, d'un goût plus que douteux.


Pour moi, l'enfer, qui est, nous le savons tous, pavé de bonnes intentions, pourrait être parfaitement représenté par la dite écriture inclusive, délicieux mélange de niaiserie, d'activisme primaire et de méconnaissance des fondamentaux du français.


L'enfer, c'est peut-être aussi l'insondable c*nnerie qui a poussé une poignée d'étudiants à vouloir interdire la représentation à la Sorbonne d'une autre tragédie d'Eschyle, Les Suppliantes, pour raisons de déguisements raciaux (blackfaces).





Pour le grand théosophe Jacob Boehme,
pour qui l'enfer était une réalité,
l'enfer était un monde créé par Dieu mais corrompu par la créature à laquelle il avait voulu offrir le trône de la Création, Lucifer.

En enfer, Lucifer s'y est perdu lui-même, par orgueil, en voulant prendre la place de Dieu. 

L'enfer, ce monde dans lequel il est devenu Satan, n'est qu'un monde en déséquilibre, fait de feu mais pas de lumière, ces deux principes devant s'équilibrer dans le processus de création. 

Jacob Boehme,
1575 - 1624



Les enfers (au pluriel), selon ©Le Grand Robert de la langue française ?
Dans la mythologie gréco-latine, Lieu souterrain habité par les morts, séjour des ombres.
ou alors,

(au singulier ou au pluriel)
Séjour des morts chez les Juifs de l'Ancien Testament.
ou même (et au singulier),
Dans la religion chrétienne, Lieu destiné au supplice des damnés.


Il semblerait que la notion d'enfer ait, comme souvent, des origines....


... mésopotamiennes


 

Sachant parfaitement que Mésopotamie (Μεσοποταμία, Mesopotamía),
de μέσος, mésos, « entre, au milieu de », et ποταμός, potamós, « fleuves »,
signifiait pays « entre les fleuves », les Mésopotamiens, après avoir bien cherché, choisirent de s'établir entre Le Tigre et l'Euphrate.

Et là d'où je vous écris, c'est un peu ma Mésopotamie à moi, entre la Sambre et la Meuse... (Nous sommes à moins de 9 km à vol d'oiseau du centre de Givet)



Pour  les Mésopotamiens, donc, 
un peu - il faut bien le dire - à la manière des Shadoks sur la planète Shadok,

Shadok du haut et Shadok du bas

 

le monde se divisait en deux parties, celle du Haut, et celle du Bas. 

L'En-Haut était dirigé par les dieux des vivants, alors que l'En-Bas était dirigé par les dieux des... morts.

La sublime déesse des enfers était alors Ereshkigal, pour qui, avouons-le, on se damnerait volontiers.

Rien que pour elle,
une visite du British Museum s'impose...



Dans la mythologie grecque, les Enfers sont le royaume des morts,
lieu souterrain sur lequel règne Hadès,
sur qui règne à son tour la sublime Perséphone.

Perséphone, sublime, oui,
mais dans la mesure où c'est Monica Bellucci qui lui prête ses traits
(The Matrix Reloaded / The Matrix Revolutions)



Selon Platon, dans le mythe d'Er (avec lequel il clôt La République), les âmes des défunts, après jugement, connaîtront, en fonction du verdict, joies ou souffrances...




Selon le christianisme, enfin, il est question de feu éternel, de châtiment éternel, pour ceux qui meurent en état de péché mortel.


Je ne m'avancerai guère plus sur le chemin de la théologie.

En revanche, je peux vous dire que notre français enfer est issu, sous la forme enfern (Xème), du latin chrétien infernus, qui désigne
- sans surprise aucune -
le royaume des damnés.

Cet infernus, qui littéralement signifie “du bas, d'un lieu inférieur”, est en réalité un doublet (dialectal, tant qu'à faire) du latin inferus, “en bas, en dessous”.


Enfin, ce latin inferus (et par voie de conséquence, notre infernus) est issu...
- c'est Michiel de Vaan qui nous l'explique, dans son Etymological Dictionary of Latin and the other Italic Languages -

 

 

... de  l'étymon italique (non attesté) *enþero-“plus bas...”

C'est d'ailleurs toujours cet hypothétique *enþero-“plus bas...” qui permet d'expliquer l'adverbe falisque ifra“dessous, au-dessous...”.

Le falisque, pour les petits nouveaux, étant une langue italique proche parente du latin, qui se pratiquait au nord de Rome.

le falisque
(source)




Et cet étymon proto-italique *enþero-“plus bas...”, était issu
(évidemment, sinon je n'en parlerais pas)
d'une racine proto-indo-européenne que Michiel de Vaan,
toujours lui,
reconstruit sous la forme...

*ndʰero-,

et à qui il attribue le sens de... “plus bas...”.




En d'autres termes, l'enfer, ou les enfers, c'est étymologiquement un lieu inférieur

Inférieur à quoi ? Mais... à celui que vous occupez de votre vivant.



**********

racine proto-indo-européenne *ndʰero-, plus bas...
proto-italique *enþero-“plus bas...”
falisque ifra“dessous, au-dessous...”,
latin inferus, en bas, en dessous”,
latin dialectal infernus, “du bas, d'un lieu inférieur”

**********

latin dialectal infernus, du bas, d'un lieu inférieur
évolution du sens
latin chrétien infernusroyaume des damnés
ancien français enfern (Xème)
français enfer

**********  


Et maintenant que le décor est planté,
que nous avons mis à jour la strate... la plus basse des fondations de enfer,

je m'éclipse, et vous donne rendez-vous la semaine prochaine...




Passez un excellent dimanche, une très belle semaine.
Portez-vous bien, 





Frédéric


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Et pour nous quitter en beauté...

- et retrouver un tant soit peu de sérénité, après l'évocation des flammes de l'enfer -

un motet sacré.


Mais ne vous attendez pas à du Guillaume de Machaut, ni à du Josquin Desprez,
ni à du Palestrina, non non.
Ni à du Thomas Tallis, ni même du Monterverdi.
Et NON - bien essayé -, ni à du Roland de Lassus.


Il s'agit d'une oeuvre du compositeur irlandais Charles Villiers Stanford,
qu'il écrivit... fin du XIXème,

le troisième (et dernier) motet de son opus 38, Three Latin Motets,

Beati quorum via

Interprété ici par les voix célestes de VOCES8

https://www.youtube.com/watch?v=L9zgq5qrNGw


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