- Paraît chaque dimanche à 8 heures tapantes, méridien de Paris -

dimanche 26 septembre 2021

Ah ça, à l'approche des saints Immortels, le Nouristan...

  





Āγad hēm Parwān-Šāh, u-m wāxt ku : Drōd abar tō až yazdān.

(Je vins auprès du Shah de Parwan, et lui dis :  Que les bénédictions des Dieux (soient) sur vous.)

Fragment de la vie du prophète Mani, par lui-même, en parthe.
Peut-être faisait-il allusion, en parlant des Dieux, aux aməša spəṇta ?

(psss : je n'y crois pas vraiment, mais ça permet l'entrée en matière)


Les 𐬀𐬨𐬆𐬱𐬀 𐬯𐬞𐬆𐬧𐬙𐬀‎, aməša spəṇta,
étaient les “saints Immortels” du zoroastrisme,
six entités créées par Ahura Mazda

(Ahura Mazda, du vieux-perse 𐏈 𐏉, Auramazdâ,
Seigneur de la Sagesse)

pour le seconder dans sa divine tâche.

Auramazdâ


Bonjour à tous !


Amis lecteurs, nous poursuivons notre quête des dérivés de la prolifique racine indo-européenne...


*mer-mort”, 


Mais, avant tout, il nous faut faire le point.

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C'est le 4 juillet 2021 que nous avons débuté cette étude de la racine proto-indo-européenne *mer-mort”, avec quelques dérivés italiques et particulièrement latins, notamment morior, morīmourir”, dont est issu notre français mourir.

Ce jour-là, nous avons également parlé...
  • du datif singulier vénète 𐌌𐌖𐌓𐌕𐌖𐌅𐌏𐌝, murtuvoi, mort”,
et
  • d'autres dérivés latins de morior, morīmourir” :
  • mortuusmort”, qui a cessé de vivre”, “où rien ne se passe ; qui demeure sans vie, dont la vie s'est retirée”, dont est issu notre français mort,
  • mors, mortis, “(la) mort”, dont est issu, par son accusatif mortemle substantif français (la) mort
  • mortālispérissable, sujet à la mortd'où... humain”, et son antonyme immortālis, que nous emprunterons pour en faire nos mortel et immortel,
ou encore
  • le composé moribundus, que nous emprunterons sous la forme moribond.
Heyr himna smiður, 4 juillet 2021

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Le 11 juillet 2021, nous nous sommes penchés sur ses dérivés germaniques, au nombre desquels nous citerons...
  • le vieux norois morðmeurtre”, d'où...
    • l'islandais morðle norvégien mordle suédois mordle danois mordou le féroïen morð.
  • le vieil anglais morðmeurtre” (ou dans un emploi poétique, mort, crime”), d'où le moyen anglais morth, murth, d'où l'anglais... murder, meurtre”,
  • le vieux frison morthd'où le saterlandais Morde, Moort, meurtre” et le frison occidental moard, meurtre”,
  • le vieux saxon morth, d'où le moyen bas allemand mōrt, d'où le bas allemand mort,
  • l'ancien haut allemand, mordd'où le moyen haut allemand mort, d'où l'allemand Mord, meurtre”,
  • le francique (non attesté) *murth, *morth, qui explique le vieux néerlandais morth, et à sa suite, le moyen néerlandais mort, dont sera issu le néerlandais moord,
  • le vieux norois myrðaassassiner”, d'où l'islandais myrðaassassiner”, le danois myrdeassassiner”, le norvégien Bokmål myrdeassassiner”, le féroïen myrðaassassiner”,
  • le gotique 𐌼𐌰𐌿𐍂𐌸𐍂, maurþrmeurtre”,
  • le vieil anglais morðor, meurtre”,
  • le vieux francique *murthrjan-, assassiner”, d'où l'ancien français meurtrir, murtrir, assassiner”, d'où nos meurtre et meurtrissure.

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Le 18 juillet, nous nous baladions parmi les dérivés celtiques de notre racine *mer-mort”, dont notamment...
  • le vieil irlandais marbd'où l'irlandais marbhle manxois marroole gaélique écossais marbh,
  • le gallois marw,
  • le moyen breton marf, maru, d'où le breton marv,
  • le cornique marow,
  • le moyen gallois marwd'où le gallois marw.

Nous avions également traité des composés...
  • moyen irlandais marbnad, d'où l'irlandais marbnath,
  • moyen gallois marwnad, d'ou le gallois marwnad,
  • moyen breton marvnad, d'où le breton marvnad, toujours élégie”,
dont on pourrait retrouver la trace dans certains noms gaulois, avec...
  • Vonatorix, qui désignerait un Maître des chants”, 
ou
  • Vanatactus, qui serait celui qui mène ou dirige les chants”.
Enfin, nous avions parlé de deux noms gaulois non plus apparentés à *mer-mort”, mais vraisemblablement construits sur le terme celtique *-natu : Vanatus et Vanata, peut-être  antonomases de la fonction de pleureur lors de funérailles.


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Le 25 juillet, nous avons découvert quelques dérivés grecs 
anciens de notre racine *mer-mort”, dont...

  • βροτός, brotósmortel”,

  • ἄμβροτος, ámbrotos, immortel”, d'où ἀμβρόσῐος, ambrósios, “immortel, divin”d'où ἀμβροσία, ambrosía, “nourriture des dieux, ambroisie”,

  • μορτός, mortós, mortel”.

  • Nous en avons profité pour comparer ces dérivés avec leurs cognats sanskrits :
     
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    Le 1er août, nous passions en revue quelques théonymes et anthroponymes grecs anciens créés sur βροτός, brotósmortel” :
    • Ἀκεσίμβροτος, akesímbrotos,  celui qui soigne les mortels”, épithète d'Esculape,
    • τερψῐ́μβροτος, terpsímbrotos“qui met en joie le coeur de l'homme”, épithète d'Helios, 
    • Βροτολοιγός, Brotoloigos, “le fléau des mortels”, épithète d'Arès,
    • Ἐχέμβροτος, Ekhémbrotos, littéralement “qui possède des mortels”,
    • Θεόμβροτος, Theómbrotos, littéralement “dieu des mortels (?)
    • Κλεόμβροτος, Kleómbrotos, “glorieux mortel”,
    • Στησῐ́μβροτος, Stēsímbrotosl'homme qui se tient debout ou l'homme établi” (?) 
    Je jure par Apollon, médecin, par Asclépios, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, 1er août 2021 

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    Le 8 août, nous avons abordé les dérivés arméniens de notre racine, avec...

    • l'arménien classique մարդ, mard, au sens d'homme, être humain”, que l'on retrouve dans...
    • le substantif arménien classique (non attesté) *ǰmarpersonne mâleque l'on décompose en ayr mard, littéralement personne homme”, ou dans

    • le substantif mard-a-gayl, qui désigne la hyène, (homme-loup”)
    Ayn nunufar caɫikn or kay, busni yezers ǰrerun, 8 août 2021
    🜛

    Le 15 août, nous avons découvert d'autres beaux dérivés arméniens de *mer-mort” :

    • l'arménien classique մեռանիմ, meṙanim“mourir”, d'où l'arménien moderne մեռնել, meṙnel, de même sens,
    • son dérivé an-meṙ, “immortel”,
    • l'arménien classique... մահ, mah, (la) mort” (emprunt à l'iranien), avec sa forme ancienne մարհ, marh(la) mort”, et un de des dérivés, mah-oy, mortel”
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    Le 22 août, nous avons abordé les dérivés balto-slaves de notre racine, parmi lesquels :

    • le vieux slavon d'église мрѣти, mrěti“mourir”,
    • le serbo-croate mrijȇti, “mourir”,
    • le biélorusse ме́рці, mjérci“mourir”,
    • le russe мере́ть, miriétʹ, “mourir, périr en grand nombre”,
    • l'ukrainien ме́рти, mérty, “mourir”,
    • le tchèque mřít“mourir, se faner”,
    • le polonais mrzeć, “mourir”,
    • le lituanien mir̃ti“mourir”,
    • le letton mìrt, “mourir”

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    Le 29 août, nous avons traité d'une nouvelle série de dérivés balto-slaves...

    • le féminin lituanien mirtìs, au sens de “(la) mort”,
    • le vieux slavon d'église съмрьть, sŭmrĭtĭ“(la) mort”,
    • le bulgare смърт, smǎrt“(la) mort ; la Mort (la grande faucheuse)et par extension “le dégoût, la répugnance”,
    • le macédonien смрт, smrt - à vos souhaits -, “(la) mort”,
    • le serbo-croate smȑt“(la) mort”,
    • le biélorusse смерць, smjercʹ,“(la) mort”,
    • le russe смерть, smiertʹ“(la) mort”, employé aussi dans le sens de se damner pour : eму́ сме́рть как хо́чется кури́ть : il se damnerait pour une cigarette,
    • l'ukrainien смерть, smertʹ“(la) mort”,
    • le tchèque smrt“(la) mort”,
    • le polonais śmierć“(la) mort”,
    • le haut sorabe smjerć“(la) mort”,
    • le bas sorabe smjerś“(la) mort”

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    Le 5 septembre, nous poursuivions notre chapitre balto-slave, avec...
    • le lituanien māras“peste, mort...”,
    • le vieux slavon d'église моръ - ⰿⱁⱃⱏ, morŭ, “peste, pestilence...”,
    • le bulgare мор, mor“cause de fatigue, perte de vitalité...”, en langue poétiquemaladie mortellepestepestilence...”,
    • le serbo-croate mȏr“mort, peste...”,
    • le russe мор, mor (terminologie médicale), pouvant désigner peste, maladie infectieuse (frappant l'homme, mais aussi le bétail...)...,
    • le tchèque mor, “peste ; maladie hautement contagieuse”,
    • le polonais (désuet) mór“peste, maladie endémique...”

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    Le 12 septembre, nous terminions notre périple balto-slave, avec notamment...

    • le vieux slavon d'église мрьтвъ, ⰿⱃⱐⱅⰲⱏ, mrĭtvŭ“mort,
    • le bulgare мъ́ртъв, mǎ́rtǎv“mort, sans vie, inanimé”,
    • le russe мёртвый, miortvouii“mort, sans vie”,,
    • le  tchèque mrtvý“mort”,

    et enfin

    • le polonais martwy“mort, inanimé”,

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    Le 19 septembre, ô journée désastreuse ! ô journée effroyable, nous découvrions que, probablement, la racine indo-européenne *mer- était, elle même, un euphémisme pour “mort”. C'est du moins ce que donne à penser sa descendance anatolienne :

    • le hittite me-er-zi / mi-ir-zidisparaître, se dissiper...” ; d'où
      • l'adjectif hittite manuṷala-, (peut-être) invisible”,
      • le verbe hittite marnu-zi, mernu-zifaire disparaître, dissoudre”,
    • le louvite marnuwa-, (peut-être) faire disparaître”.
    "quand les Hittiques attaquent, c'est pas toc, c'est épique" - Ânkhkaenrê, scribe personnel de Ramses II, à l'issue de la bataille de Qadesh19 septembre 2021
     
     
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    Amis lecteurs,

    Après nous être intéressés aux langues anatoliennes, et si nous partions à présent à la découverte des dérivés de notre racine indo-européenne *mer- au sein des langues... indo-iraniennes ?

    moi, en tout cas, ces langues me font rêver...



    Cette famille de langues, qui compte un milliard cinq cent mille locuteurs (!), est aussi la plus étendue, géographiquement parlant, des familles de langues indo-européennes.




    Elle est elle-même constituée de trois grandes branches, que sont... 
    • les langues indo-aryennes
    • les langues iraniennes,
    et
    • les langues nouristanies.


    Parmi les langues indo-aryennes, nous pourrions citer...
    • le sanskrit, qui correspond à l'ancien indien,
    et

    en moyen indien
    • les prâkrits, issus du sanskrit.
    Un peu comme le latin vulgaire est issu du latin classique, si vous voulez...
    Le prâkrit le plus célèbre est certainement le pâli, la langue sacrée du theravāda, branche (très) ancienne du bouddhisme, proche du bouddhisme primitif.

    les langues indo-aryennes à l'heure actuelle



    Dans la famille des langues iraniennes, à présent, je demande...

    en vieil iranien (du IIème millénaire jusqu'aux IVème - IIIème siècles avant J.-C.), 
    • l'avestique, la langue du livre sacré des zoroastriens, l'Avesta,
    et son cousin éloigné,
    • le vieux perse, la forme attestée la plus ancienne du persan,

    et en moyen iranien,
    • le moyen-perse, 
    • le parthe,
    • le khotanais, 
    • le sogdien, 
    • le bactrien,
    et
    • le chorasmien...

    (je vous jure, je n'invente rien)

    l'arbre des langues iraniennes
    (source)




    Enfin, les langues nouristanies sont notamment parlées dans le Nouristan (ce qui tombe finalement assez bien), province du nord-est de Afghanistan (comme l'ashkun ou le kamviri, évidemment) et dans le nord-est du Pakistan (comme le kalasha, je ne vous l'apprends pas).

    le Nouristan, en Afghanistan
    (source)


    Mais, me direz-vous, qu'ont en commun toutes ces langues ? Pourquoi les regrouper en une si grande famille ?

    Oh ben, par exemple,
    • déjà, elles sont toutes des langues Satem (allez, on relit ceud mìle fàilte chez les Tochariens (A)),
    • la voyelle-pivot indo-européenne *e y deviendra un beau *a,
    • elles utilisent une racine verbale, l'auxilliaire *kr̥-, pour créer des formes verbales à partir de substantifs,
    • elles font appel à l'enclitique *-yá- pour former les verbes passifs (...) 
    (enclitique se dit d'un mot qui s'appuie sur le mot précédent et qui, du point de vue phonétique, s'y intègre. Je et ce sont enclitiques dans «  Que vois-je ? ; qu'est-ce »Oh, merci, merci, ©Le Grand Robert de la langue française.)


    Pour cette visite des langues indo-iraniennes, nous serons guidés par Johnny Cheung...

    rien de tel qu'une bonne contrepèterie en bactrien
    pour mettre Johnny Cheung de bonne humeur.
    Vous pouvez déchiffrer, à l'écran : “ce vaccin, quel sujet !   

    ...et son...

    Etymological Dictionary of the Iranian Verb,

    le deuxième volume du Leiden Indo-European Etymological Dictionary.




    Et là-dessus, on y va.

    À l'origine de tous les dérivés qui suivent, Johnny Cheung reconstruit l'étymon proto-indo-iranien (non attesté, hein) *mar-mourir”.

    C'est de lui que dérive l'avestique récent
    (récent, parce que ne datant, à la grosse louche, que du Vème siècle avant notre ère ; je sais, c'est une langue de gamins, un peu n'importe quoi)
    c'est de lui que dérive l'avestique récent, disais-je, mar-, mourir”.

    Et c'est toujours en avestique que nous trouverons ce superbe cognat du sanskrit अमृत, amṛ́ta, ou du grec ancien ἄμβροτος, ámbrotos,
    je veux parler de 𐬀𐬨𐬆𐬱𐬀‎, aməša, “immortel”.

    Mais oui, aməša, comme dans les aməša spəṇta du zoroastrisme, littéralement les “saints Immortels”.


    En vieux perse, nous trouvons également mar- pour mourir”, d'où le moyen perse manichéen myr-, mourir”.

    On retrouve, en toute logique, ce même mar-, mourir”, en alphabet pahlavi.
    (mourir - pas la vie, c'est logique. Monsieur X, vous supportez mon humour ? Monsieur X, mais répondez, enfin, revenez à vous !)

    Figurez-vous que l'alphabet pahlavi fut créé au IIIème siècle (avant J.-C., évidemment), à partir de l'alphabet... araméen. Le pahlavi (ou pehlevi) dit des livres était la forme la plus euh... commune

     
    - pardonnez-moi, je dois me rincer la bouche -

    de cette écriture ; il était constitué de 12 (ou 13) caractères représentant 24 sons,


    assemblés par des ligatures complexes
    (mais alors, complexes),
    pour donner ce genre de choses, totalement incompréhensibles, mais très esthétiques :


    En parthe,
    - langue moyenne iranienne (du groupe des langues iraniennes du nord-ouest), qui fut parlée au début du Ier millénaire après J.-C. en Iran, dans l'empire..., l'empire... parthe, bravo -,
    nous retrouvons le verbe myr-, toujours au sens de... mourir”.
     

    Et en khotanais ? me direz-vous (je vous connais).


    Le khotanais
    (ou saka, comme lamou - oups, Monsieur X, de grâce, respirez)
    était également une langue moyenne iranienne, mais parlée par les
    (vous allez voir, tout se tient !),
    par les... Sakas, au VII siècle (de notre ère) dans notamment le royaume de, de, de... Khotan, ouiiii! (bon, d'accord, aussi dans ceux de Kashgar et de Tumushuke ; on va pas chicaner), dans le célèbre... bassin du Tarim.

    Eh oui ! Ce cher bassin du Tarim, que vous connaissez déjà comme votre poche, pour avoir été le foyer des langues tokhariennes. Notez que ces dernières se parlaient encore plus à l'est.

    En khotanais, donc, c'était le verbe mär qui signifiait mourir”.

     

    lamou saka


    En sogdien
    - langue moyenne iranienne qui se parlait au Moyen Âge par les, les , les... Sogdiens, ces commerçants qui résidaient en, en, en... Sogdiane, ouiii !, celle-là même de Samarcande et Boukhara ! -,
    Samarcande

     

    Boukhara


    en sogdien, donc, mourir se disait... myr. Et j'insiste : que ce soit dans le sogdien des textes bouddhiques, celui des textes chrétiens, ou carrément dans celui rédigé en écriture manichéenne, qui ne permettait pas d'écrire gris, mais seulement noir et blanc. 



    Tiens, savez-vous que le manichéisme
    - syncrétisme du judaïsme, du bouddhisme, du brahmanisme et du christianisme, rien que ça -
    fut fondé par un Parthe, le prophète Mani au IIIème siècle ? 

    Le nom de Mani (Mani, pour les comprenant-bien-mais-plus lentement) pourrait bien provenir du sanskrit maṇi, pierre, perle précieuse, joyau, ce maṇi qui figure précisément dans le mantra ॐ मणि पद्मे हूँ, oṃ maṇi padme hūṃ, le joyau [est] dans le lotus [du cœur]”.

    Avant d'être vulgairement profané et galvaudé, le manichéisme exprimait joliment la dualité des choses, que le monde était séparé en deux royaumes, celui de la Lumière, royaume divin éternel, et celui des Ténèbres, de la matière, celui des morts, contraint à l'espace et au temps.

    Mani, forcément en noir et blanc




    Allez, un p'tit dernier !

    - Non non, c'est bien gentil, mais non, merci.
    - Allez, encore un tout petit, pour la route :

    • le chorasmien 'my-mourir, être éteint”.
    Le chorasmien, pour faire simple, s'est parlé, jusqu'au XIVème, en... Chorasmie, au sud de ce qu'on appelait naguère la mer d'Aral, 



    dans une région qui correspond, en gros, à l'actuel Ouzbékistan.


    et l'Ouzbékistan ne manque certainement pas de charme...





    Et donc, c'est sur une construction identique que sont formés les mots pour immortel en grec ancien (ἄμβροτος, ámbrotos), en sanskrit (अमृत, amṛ́ta) et en avestique, avec ce bel aməša, de aməša spəṇta !?


    Ouaip, je sais,




    on a beau s'y attendre, on ne s'y fait vraiment...
    jamais.






    Je vous souhaite, à toutes et tous,
    un excellent dimanche, une heureuse semaine.






    Frédéric


    ******************************************
    Attention,
    ne vous laissez pas abuser par son nom :
    on peut lire le dimanche indo-européen
    CHAQUE JOUR de la semaine.
    (Mais de toute façon,
    avec le dimanche indo-européen,
    c’est TOUS LES JOURS dimanche…)

    ******************************************

    Vous rappelez-vous le merveilleux

    Abendlied, op. 69 no 3, 
    de
    Josef Rheinberger,

    sur lequel nous nous étions laissés,


    Pour nous quitter aujourd'hui,

    un morceau prenant, d'une harmonie céleste,

    interprété par un choeur d'anges... 


    je vous propose le 

    Kyrie,

    de la

    Messe en mi bémol,

    toujours de

    Josef Rheinberger,

    chanté par VOCES8



    ******************************************

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    ******************************************


    dimanche 19 septembre 2021

    "quand les Hittiques attaquent, c'est pas toc, c'est épique" - Ânkhkaenrê, scribe personnel de Ramses II, à l'issue de la bataille de Qadesh

     




    N5S34D28
    N35

    Ânkhkaenrê,

    qui était plutôt le nom de couronnement du pharaon Psammétique III, hein.
    (notez, on comprend qu'il ait voulu changer de nom)




    Psammétique III,
    au Louvre


    la bataille de Qadesh, vue par la propagande égyptienne



    Bonjour à tous !


    Chers amis lecteurs, 

    Dans le cadre de notre grrrrande étude des dérivés de la racine indo-européenne...


    Der heilige Hieronymus im Gehäus,
    Albrecht Dürer, 1514


    *mer-mort”, 

    nous nous dirigerons, en ce dimanche 19 septembre, vers l'Anatolie antique.


    l'Anatolie maintenant
    mais on peut supposer qu'elle était déjà comme ça dans l'Antiquité, non ?




    Mais avant de boucler nos valises, faisons le point, voulez-vous ?

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    C'est le 4 juillet 2021 que nous avons débuté cette étude de la racine proto-indo-européenne *mer-mort”, avec quelques dérivés italiques et particulièrement latins, notamment morior, morīmourir” dont est issu notre français mourir.

    Ce jour-là, nous avons également parlé...
    • du datif singulier vénète 𐌌𐌖𐌓𐌕𐌖𐌅𐌏𐌝, murtuvoi, mort”,
    et
    • d'autres dérivés latins de morior, morīmourir” :
    • mortuusmort”, qui a cessé de vivre”, “où rien ne se passe ; qui demeure sans vie, dont la vie s'est retirée”, dont est issu notre français mort,
    • mors, mortis, “(la) mort”, dont est issu, par son accusatif mortemle substantif français (la) mort
    • mortālispérissable, sujet à la mortd'où... humain”, et son antonyme immortālis, que nous emprunterons pour en faire nos mortel et immortel,
    ou encore
    • le composé moribundus, que nous emprunterons sous la forme moribond.
    Heyr himna smiður, 4 juillet 2021

    🜛

    Le 11 juillet 2021, nous nous sommes penchés sur ses dérivés germaniques, au nombre desquels nous citerons...
    • le vieux norois morðmeurtre”, d'où...
      • l'islandais morðle norvégien mordle suédois mordle danois mordou le féroïen morð.
    • le vieil anglais morðmeurtre” (ou dans un emploi poétique, mort, crime”), d'où le moyen anglais morth, murth, d'où l'anglais... murder, meurtre”,
    • le vieux frison morthd'où le saterlandais Morde, Moort, meurtre” et le frison occidental moard, meurtre”,
    • le vieux saxon morth, d'où le moyen bas allemand mōrt, d'où le bas allemand mort,
    • l'ancien haut allemand, mordd'où le moyen haut allemand mort, d'où l'allemand Mord, meurtre”,
    • le francique (non attesté) *murth, *morth, qui explique le vieux néerlandais morth, et à sa suite, le moyen néerlandais mort, dont sera issu le néerlandais moord,
    • le vieux norois myrðaassassiner”, d'où l'islandais myrðaassassiner”, le danois myrdeassassiner”, le norvégien Bokmål myrdeassassiner”, le féroïen myrðaassassiner”,
    • le gotique 𐌼𐌰𐌿𐍂𐌸𐍂, maurþrmeurtre”,
    • le vieil anglais morðor, meurtre”,
    • le vieux francique *murthrjan-, assassiner”, d'où l'ancien français meurtrir, murtrir, assassiner”, d'où nos meurtre et meurtrissure.

    🜛

    Le 18 juillet, nous nous baladions parmi les dérivés celtiques de notre racine *mer-mort”, dont notamment...
    • le vieil irlandais marbd'où l'irlandais marbhle manxois marroole gaélique écossais marbh,
    • le gallois marw,
    • le moyen breton marf, maru, d'où le breton marv,
    • le cornique marow,
    • le moyen gallois marwd'où le gallois marw.

    Nous avions également traité des composés...
    • moyen irlandais marbnad, d'où l'irlandais marbnath,
    • moyen gallois marwnad, d'ou le gallois marwnad,
    • moyen breton marvnad, d'où le breton marvnad, toujours élégie”,
    dont on pourrait retrouver la trace dans certains noms gaulois, avec...
    • Vonatorix, qui désignerait un Maître des chants”, 
    ou
    • Vanatactus, qui serait celui qui mène ou dirige les chants”.
    Enfin, nous avions parlé de deux noms gaulois non plus apparentés à *mer-mort”, mais vraisemblablement construits sur le terme celtique *-natu : Vanatus et Vanata, peut-être  antonomases de la fonction de pleureur lors de funérailles.


    🜛

    Le 25 juillet, nous avons découvert quelques dérivés grecs 
    anciens de notre racine *mer-mort”, dont...

  • βροτός, brotósmortel”,

  • ἄμβροτος, ámbrotos, immortel”, d'où ἀμβρόσῐος, ambrósios, “immortel, divin”d'où ἀμβροσία, ambrosía, “nourriture des dieux, ambroisie”,

  • μορτός, mortós, mortel”.

  • Nous en avons profité pour comparer ces dérivés avec leurs cognats sanskrits :
     
    🜛

    Le 1er août, nous passions en revue quelques théonymes et anthroponymes grecs anciens créés sur βροτός, brotósmortel” :
    • Ἀκεσίμβροτος, akesímbrotos,  celui qui soigne les mortels”, épithète d'Esculape,
    • τερψῐ́μβροτος, terpsímbrotos“qui met en joie le coeur de l'homme”, épithète d'Helios, 
    • Βροτολοιγός, Brotoloigos, “le fléau des mortels”, épithète d'Arès,
    • Ἐχέμβροτος, Ekhémbrotos, littéralement “qui possède des mortels”,
    • Θεόμβροτος, Theómbrotos, littéralement “dieu des mortels (?)
    • Κλεόμβροτος, Kleómbrotos, “glorieux mortel”,
    • Στησῐ́μβροτος, Stēsímbrotosl'homme qui se tient debout ou l'homme établi” (?) 
    Je jure par Apollon, médecin, par Asclépios, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, 1er août 2021 

    🜛

    Le 8 août, nous avons abordé les dérivés arméniens de notre racine, avec...

    • l'arménien classique մարդ, mard, au sens d'homme, être humain”, que l'on retrouve dans...
    • le substantif arménien classique (non attesté) *ǰmarpersonne mâleque l'on décompose en ayr mard, littéralement personne homme”, ou dans

    • le substantif mard-a-gayl, qui désigne la hyène, (homme-loup”)
    Ayn nunufar caɫikn or kay, busni yezers ǰrerun, 8 août 2021
    🜛

    Le 15 août, nous avons découvert d'autres beaux dérivés arméniens de *mer-mort” :

    • l'arménien classique մեռանիմ, meṙanim“mourir”, d'où l'arménien moderne մեռնել, meṙnel, de même sens,
    • son dérivé an-meṙ, “immortel”,
    • l'arménien classique... մահ, mah, (la) mort” (emprunt à l'iranien), avec sa forme ancienne մարհ, marh(la) mort”, et un de des dérivés, mah-oy, mortel”
    🜛

    Le 22 août, nous avons abordé les dérivés balto-slaves de notre racine, parmi lesquels :

    • le vieux slavon d'église мрѣти, mrěti“mourir”,
    • le serbo-croate mrijȇti, “mourir”,
    • le biélorusse ме́рці, mjérci“mourir”,
    • le russe мере́ть, miriétʹ, “mourir, périr en grand nombre”,
    • l'ukrainien ме́рти, mérty, “mourir”,
    • le tchèque mřít“mourir, se faner”,
    • le polonais mrzeć, “mourir”,
    • le lituanien mir̃ti“mourir”,
    • le letton mìrt, “mourir”

    🜛

    Le 29 août, nous avons traité d'une nouvelle série de dérivés balto-slaves...

    • le féminin lituanien mirtìs, au sens de “(la) mort”,
    • le vieux slavon d'église съмрьть, sŭmrĭtĭ“(la) mort”,
    • le bulgare смърт, smǎrt“(la) mort ; la Mort (la grande faucheuse)et par extension “le dégoût, la répugnance”,
    • le macédonien смрт, smrt - à vos souhaits -, “(la) mort”,
    • le serbo-croate smȑt“(la) mort”,
    • le biélorusse смерць, smjercʹ,“(la) mort”,
    • le russe смерть, smiertʹ“(la) mort”, employé aussi dans le sens de se damner pour : eму́ сме́рть как хо́чется кури́ть : il se damnerait pour une cigarette,
    • l'ukrainien смерть, smertʹ“(la) mort”,
    • le tchèque smrt“(la) mort”,
    • le polonais śmierć“(la) mort”,
    • le haut sorabe smjerć“(la) mort”,
    • le bas sorabe smjerś“(la) mort”

    🜛

    Le 5 septembre, nous poursuivions notre chapitre balto-slave, avec...
    • le lituanien māras“peste, mort...”,
    • le vieux slavon d'église моръ - ⰿⱁⱃⱏ, morŭ, “peste, pestilence...”,
    • le bulgare мор, mor“cause de fatigue, perte de vitalité...”, en langue poétiquemaladie mortellepestepestilence...”,
    • le serbo-croate mȏr“mort, peste...”,
    • le russe мор, mor (terminologie médicale), pouvant désigner peste, maladie infectieuse (frappant l'homme, mais aussi le bétail...)...,
    • le tchèque mor, “peste ; maladie hautement contagieuse”,
    • le polonais (désuet) mór“peste, maladie endémique...”

    🜛

    Le 12 septembre, nous terminions notre périple balto-slave, avec notamment...

    • le vieux slavon d'église мрьтвъ, ⰿⱃⱐⱅⰲⱏ, mrĭtvŭ“mort,
    • le bulgare мъ́ртъв, mǎ́rtǎv“mort, sans vie, inanimé”,
    • le russe мёртвый, miortvouii“mort, sans vie”,,
    • le  tchèque mrtvý“mort”,

    et enfin

    • le polonais martwy“mort, inanimé”,

    🜛🜛🜛



    Aaaah, l'Asie mineure !

    Les antiques royaumes de l'Anatolie....




    Amis lecteurs,

    Oui, aujourd'hui, c'est aux Hittites que nous allons rendre visite !
    (et non aux Hittiques, comme le mentionnait ce brave scribe Ânkhkaenrê ; d'ailleurs, il s'agissait de la bataille de Tadesh - oui, il lui arrivait parfois de confondre le hiéroglyphe pour /T/ : 
    X1
    et celui pour /K/ :V31)
     

    la Porte des Lions, à Hattuşa,
    ancienne capitale de l'empire hittite
    (source)



    Et pour l'occasion, c'est le distingué linguiste néerlandais...

    Alwin Kloekhorst
    Alwin Kloekhorst

    qui nous servira de guide,

    Alwin Kloekhorst, l'auteur du...
    Etymological Dictionary of the Hittite Inherited Lexicon,


    le cinquième volume du magistral (et volumineux) Dictionnaire d'étymologie indo-européenne de l'université de Leiden (Leiden Indo-European Etymological Dictionary).

    Et vous pouvez même passer un moment au lit avec Alwin Kloekhorst, qui s'est prêté au jeu d'une sympathique entrevue lectuaire proposée par une chaîne de télé locale.


    Euh, je le précise pour ceux qui n'en ont pas l'habitude, notre ami Alwin est néerlandais, et NON, il n'est pas en train de suffoquer ni de cracher ses poumons. Non, il parle simplement - et magnifiquement - sa langue, avec l'accent qu'il se doit...

    "pour la dernière fois ! Je ne suis pas possédée,
    je parlais simplement néerlandais"


    Oh, nous en avons déjà parlé, le hittite, ce n'est pas rien.
    (oui, je sais, c'est pas toc, c'est épique, merci. Au moins, vous suivez)
    Le hittite n'est pas simplement LA PLUS ANCIENNE langue indo-européenne connue, c'est aussi, parmi toutes les langues indo-européennes, la PLUS ANCIENNE qui soit attestée ! 

    Rendez-vous compte !

    Eh oui, c'est par des traces écrites que nous connaissons cette langue
    (entre nous, ses locuteurs ne l'appelaient pas du tout hittite, mais bien nésite, 𒉈𒅆𒇷, nešili / "la langue de Neša", ou encore nešumnili / "la langue du peuple de Neša"), de Neša, cette ville que vous connaissez à présent sous le nom de... Kültepe, grandiose site archéologique),
    Kültepe

    mais reprenons :

    c'est par des traces écrites que nous connaissons cette langue, qui se parlait

    à la grosse louche-

     vers le milieu du 2ème millénaire avant J.C.

    Oui, quand même. 

    Vous lisez bien : il s'agit du XXème siècle avant notre ère.




    En hittite, donc, nous retrouvons un étymon (attesté ! je sais, c'est diiingue) se présentant sous deux formes, le verbe...

    (je vous le donne conjugué à la 3ème personne du présent actif)

    me-er-zi / mi-ir-zi,

    au sens de disparaître, se dissiper...”.



    Question réthorique, évidemment : 

    Vous rappelez-vous les quelques premiers mots du tout premier article,
    de cette grrrande saga que nous consacrons à la racine indo-européenne *mer- ?

    Je cite : 

    "Et si elle (*mer-) ne se rencontre pas dans toutes les langues indo-européennes, sachez que c'est essentiellement parce qu'elle fut remplacée, à un moment ou un autre, par des euphémismes.

    Mais oui, OH ! Nous avons déjà parlé de ce phénomène, par lequel des locutions, des périphrases, s'emploient en lieu et place du mot original, par tabou, par peur... 
    Je vous suggère vraiment de lire ou relire Björn et Ursula, même combat, article daté du 29 juillet 2012, où nous parlions de l'ours... Si les choses ne sont pas encore claires, je vous garantis qu'elles le seront à la lecture dudit article."


    Eh bien,

    ô ironie,

    il se pourrait que le sens original de notre racine *mer- ne soit pas  mourir”, mais bien disparaître, se dissiper...”.

    Ma vie entière ne fut qu'un long mensonge.


    C'est du moins l'opinion de 
    Alwin Kloekhorst, pour qui seul le hittite a conservé ce sens initial indo-européen (disparaître, se dissiper...”, pour les moins bien comprenants).

    Pour Alwin Kloekhorst, il est probable que l'indo-européenne *mer-disparaître, se dissiper...” ne fut d'abord qu'un euphémisme pour mourir”, et qu'en dehors du hittite, par un développement ultérieur

    - après que la branche anatolienne se fut séparée du tronc commun indo-européen -,

    l'euphémistique *mer- a fini, ironiquement, par se voir attribuer le sens du mot qu'elle avait remplacé !

    mais c'est énooooorme !

    Nous continuons bien, nous, hommes occidentaux modernes qui nous gaussons des mythes et des superstitions, de mentionner nos chers disparus, un décès, ceux qui sont partis, qui nous ont quittés... alors qu'il nous suffirait de parler de mort, de morts.

    Oui, nous avons toujours peur de la Grande Faucheuse. Et c'est humain.

    Visiblement, nous ne nous sommes toujours pas faits à l'idée, pourtant antique, déjà présente en proto-indo-européen, que si nous sommes des hommes, c'est parce que nous sommes... mortels...

    (Relisez donc Terre des hommes ? Pléonasme !, je dis ça, je dis rien...)


    Mais alors, puisque t'es si malin, me direz-vous, quel est ce fameux mot indo-européen original, qui désignait la mort si expressément, et que l'on aurait si tôt remplacé par l'euphémistique mer-disparaître” ?

    Mystère. 


    Mais pour Alwin Kloekhorst, il est possible (sans plus) que nous en retrouvions la trace dans un autre mot hittite, āk- / akk-mourir”.

    Hélas, aucun (aucun) cognat de ce hittite āk- / akk- n'est attesté dans aucune autre langue indo-européenne.

    Alors, allez savoir...




    Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : le sens de la racine indo-européenne *mer- se meurt, le sens de la racine indo-européenne *mer- est mort.

    Ah ça, on pouvait s'y attendre, notre Jacques-Bénigne,
     Aigle de Meaux à ses heures,
    ne pouvait pas rater l'occasion...


    Mais revenons à nos moutons.

    Or donc, comme dérivés hittites de notre couple me-er-zi / mi-ir-zidisparaître, se dissiper...”, épinglons...

    • l'adjectif manuṷala-, (peut-être, on suppose) invisible”,
    ou encore
    • le verbe marnu-zi, mernu-zifaire disparaître, dissoudre”.


    Et puis,

    oui : cerise sur le gâteau,

     

    je pourrais vous proposer enfin

    - et, psss, entre nous, je vais le faire -

    un dérivé anatolien, mais non plus proprement hittite, le verbe louvite...

    (le louvite est une langue apparentée au hittite, qui se parlait dans le sud de l'Anatolie au IIème millénaire av. J.-C., et qui continue à se parler dans certains quartiers de La Louvière)

    Luwian = louvite


    La Louvière,
    coquette petite bourgade entre Charleroi et Mons, Belgique.
    J'en conviens, ce n'est pas Charleroi, mais comment résister ?

    le louvite, disais-je, marnuwa-, mot dont on n'a retrouvé qu'un bout

    - le reste avait... disparu -,

    et qui pourrait signifier faire disparaître” .

    Notons enfin que le Proto-Indo-European Lexicon de l'université d'Helsinki le reconstruit sous la forme marnṷa-, en lui attribuant le même sens.





    Je vous souhaite, à toutes et tous,
    un excellent dimanche, une heureuse semaine.




    Frédéric

    In memoriam

    ******************************************
    Attention,
    ne vous laissez pas abuser par son nom :
    on peut lire le dimanche indo-européen
    CHAQUE JOUR de la semaine.
    (Mais de toute façon,
    avec le dimanche indo-européen,
    c’est TOUS LES JOURS dimanche…)

    ******************************************

    Et pour nous quitter,

    du Bach.

    Mais aujourd'hui, ce sont les Swingles,

    The Swingles,

    qui nous le musent...

    Voici l'Air sur la corde de sol,

    tiré de la suite orchestrale No. 3, BWV 1068

    https://youtu.be/03Gn4loM7As

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