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dimanche 27 octobre 2019

le trésor de Akwam le rouge, il est où, à la fin ?










Haute Voltige : Tige qui ne pousse qu'en Haute-Volta.


Marc Escayrol




Bonjour à toutes et tous !


Tranquillement, un pas après l'autre, nous arrivons à la fin de notre grrrrand chapitre consacré à l'incroyable racine indo-européenne ...


*heḱ-“piquant, acéré”,



grrrrand 
- que dis-je ? -
immmmmense chapitre commencé avec du vin au vinaigre..., le 14 juillet 2019.

mais non: énoooooorme


Dimanche dernier, nous avons vu un de ses plus beaux dérivés, le grec ancien ancien ἄκρος, ákros, “élevé, extrême”.


Pour rappel: 

*heḱ-“piquant, acéré”
radical grec ancien ἀκ-, “pointu”
grec ancien ἄκρος, ákros, “élevé, extrême”


grec ancien ἄκρος, ákros, “élevé, extrême” -πολις, polis, “cité” ⇒ ἀκρόπολις, acropolis“la ville la plus haute, la cité la plus élevée”...
emprunt et francisation
acropole



Mais en ce beau (bof) dimanche, je vous propose de faire ce qu'en aviation on appelle un touch and go, manoeuvre au cours de laquelle on atterrit mais le temps de toucher la piste, on repart aussitôt...


et maintenant, je touche et je g... ah ben non, je touche.

Pour nous, il s'agira d'un rapide saut en arrière, jusqu'au tout premier article de la série
du vin au vinaigre..., pour alors rebondir sur tout autre chose...



Je m'explique:

Nous avions vu dans ce tout premier article de ladite série le latin acūtus, “aiguisé, de ăcŭs, “aiguille”.


aiguille à chas romaine


Un autre dérivé de ăcŭs, “aiguille” dont je n'avais pas parlé, c'est le latin ...

acūmen, acūminis,

(notamment) pointe, fer de lance, sommet (d'un cône), queue d'un animal, dard, aiguillon....


Ce mot est un composé de acuō, “rendre pointu ,aiguiser... et du suffixe ...
- je vous le donne en mille -
... -men,
-oui, bien, bravo ! -,
suffixe, par ailleurs issu lui-même de l'indo-européen, qu'en latin l'on appliquait à une base verbale pour former des substantifs, utilité qu'il avait déjà en indo-européen.

Oui ?

Eh bien, l'indo-européen peut nous réserver de bien belles surprises
- je ne vous l'apprends pas -,



Une de ces surprises nous arrivera d'un cognat du latin acūmen, qui y ressemble trait pour trait,




alors qu'il provient de l'autre bout du monde indo-européen... (Non mais carrément, quoi.)

Il s'agit d'un cognat...

...

...

...

... tokharien !


 - Aaaaaaaaaah !
- je sais, mais là on se calme.





(et ma source de prédilection sera en ce dimanche le fameux A Dictionary of Tocharian B, de Douglas Q. Adams, 
dont j'attends toujours la suite, consacrée au tokharien A, B Dictionary of Tocharian A).

Je sais, je l'ai déjà faite, mais c'est plus fort que moi.
Psss, pour en savoir un peu plus sur le tokharien A et le tokharien B, je vous recommanderais bien, tiens, d'aller jeter un coup d’œil dans la rubrique Eléments de linguistique.


Car, voilà ! En tokharien B
koutchéen, pour les intimes -,
- à vos souhaits.
- merci.
nous retrouvons ... akwam !

Reconnaissez quand même que la ressemblance avec acūmen est particulièrement frappante, voire saisissante...

Troublante, même...




Bon, d'accord, les esprits chagrins vous diront que ce -m final tokharien
aurait être un -i, et qu'il ne doit sa présence dans le mot qu'à celle
(la présence, on suit)
d'une voyelle qui le précède.

Et aussi que akwam n'est pas attesté en l'état, mais uniquement dans un composéakwam-pere.
Pfff, oh, dites, les esprits chagrins, et à part ça, la vie, ça va ? Ca vous fait quoi, de toujours vous sentir obligés de minimiser les joies et les petits bonheurs des autres, de ne systématiquement voir que le mauvais côté des choses ?



Alors, commençons par le commencement...

Ce substantif akwam est à rapprocher du tokharien B akwatse“pointu”.

Et akwatse s'est construit sur le substantif āke, “fin, limite”. 


Et OUI, vous avez parfaitement raison de vous lâcher ; vous avez vu clair, il s'agit bien d'un superbe cognat de derrière les fagots de l'anglais edge.

Douglas Q. Adams fait dériver ce beau āke tokharien B de notre charmante *heḱ-“piquant, acéré” par un étymon proto-tokharien
- si si, ça existe -
*āke.


Autrement dit:

*heḱ-“piquant, acéré”
proto-tokharien*āke“fin”
tokharien B āke, “fin, limite”

dérivés tokhariens B


Mais ... revenons donc à notre composé akwam-pere.

Sachez déjà que c'est dans un contexte de botanique que le mot apparaît.

Et akwam devait désigner
- je vous le dis tout de suite -
la pousse, le germe.


Douglas Q. Adams ne précise pas vraiment comment, de āke, “fin, limite”, il passe à akwam, “pousse, germe”, mais on pourrait, me semble-t-il, l'expliquer facilement par l'une des acceptions de son pendant latin acūmen (seminis) : pointe d'une graine”.

Mais oui, la pousse, cette extrémité pointue qui sort de la graine...



Quant au second terme du composé akwam-pere
-pere, pour les vraiment, vraiment, mais vraiment moins bien comprenants -,
- maisje ??
- non, rien.

il s'agit d'un dérivé de la racine indo-européenne *per-, mener à, traverser, franchir..., célèbre racine dont proviennent notamment ...
  • le -phe de Christophe,
  • le -phrate de Euphrate,
  • le Ferdi- de Ferdinand,
  • l'anglais ferry,
  • fjord,
  • port,
  • Parvati (le nom de la déesse himalayenne), ou encore notre 
  • péroné.
Mais oui, oh, tout est là, enfin ! : des fjords à l'Euphrate.

Ici, pere pourrait se traduire littéralement
- et très approximativement -
par “ce qui est traversé (ce que l'on traverse)”.
Comprenez qu'il s'agit, pour une plante, de... sa tige, qui représente le chemin, la traversée entre les racines et les feuilles...




C'est ainsi que l'on traduit généralement
- et très subtilement -
le couple akwam-pere par ...

“pousse et tige”.

















Du proto-tokharien B *āke“fin”, nous arrivent encore, entre autres...
  • akañc“distant, isolé”, et son dérivé,
  • l'indéclinable akañcar, auquel on attribue plus ou moins le même sens,
  • l'adjectif akeññe, qu'on peine à traduire, mais qui pourrait vouloir dire, littéralement“qui appartient à la limite, à la frontière”, et qui pourrait désigner, de la sorte, un état (dans l'acception de pays) ; ce qui nous renverrait, non pas étymologiquement, mais bien sémantiquement à la notion de la zone qui fait frontière véhiculée par la Marche, donc à l'anglais Mercia, à l'italien Le Marche, ...
Si j'étais vous, j'irais quand même relire certaines marques de chaussures sont plutôt faites pour se faire remarquer que pour marcher...



Ah là là...
Si vous suivez le blog depuis un certain temps, vous connaissez inévitablement le monstrueux, l'épouvantable (à en frémir) pouvoir érotogène du tokharien, de l'extase qu'il est capable d'engendrer auprès de la gent féminine.
Il vous suffit de relire les articles marqués du tag Elles en sont DINGUES! pour vous en convaincre.
Akwam-pere ne déroge évidemment pas à la règle...


Depuis longtemps, vous êtes fou d'amour pour Anne-Sophie, ou Alix, ou Marie-Chantal. 

Lors d'une énième visite  du jardin botanique en sa compagnie,




vous avez à nouveau l'occasion de lui parler en tête en tête.

Arrêtez donc vos simagrées, faites fi de vos banalités, de votre drague à dix balles, de votre gentillesse tellement pitoyable qu'elle (Bérénice, Blanche...) vous prend pour un être asexué.
- Oh, mais qu'il est gentil. Gentil, mais gentil !



Bon dieu, arrêtez de lui dire qu'elle est une fleur parmi les fleurs, ou autres ridicules imbécillités du même acabit ; laissez-les donc à votre beauf'.


votre beauf' dans ses sandales


Non, cette fois, agissez en homme.

Saisissez-la par la taille, regardez-la droit dans les yeux, et dites-lui simplement, mais fermement...
Voyez-vous cette plante à votre gauche, Marie-Sophie ? ...
[ou Philippine, ou Diane]
... Son nom et sa forme n'évoquent que pousse et tige.
(Peu importe la plante, ne vous inquiétez pas pour ce menu détail).

Alix [remplacez par le prénom adéquat] ne comprendra pas, mais sera curieusement à l'écoute de ce qui suivra.

Ses sens seront à l'affût.

Inconsciemment, au fond de sa psyché féminine, elle sait déjà que sa vie est sur le point de basculer, que son cœur va chavirer, qu'elle va perdre pied.

Qu'elle sera bientôt perdue pour sa vie passée. (vous pouvez noter)


Et là, LÀ !, vous lui dites, sur un ton toujours assuré, calme et posé...
... comme l'on eût dit en tokharien, 
akwam-pere ra ñe[m ersna], "nom et forme comme pousse et tige”.

Pensez simplement à amortir sa chute.

Une fois réanimée, elle ne s'appartiendra plus, elle sera vôtre, et se demandera comment elle a pu passer tant de temps en votre compagnie sans jamais s'être rendu compte que vous étiez l'homme de sa vie, l'Homme, tout simplement, le seul, l'unique.

Celui qu'elle attendait depuis la nuit des temps...


“fin”

ou en proto-tokharien,*āke




Et voilà.

La racine *heḱ-“piquant, acéré”, aurait pu encore nous révéler bien d'autres secrets, mais il est temps de la quitter, pour revenir enfin à la racine *ueh1-i-“tisser, tresser”, dont nous avions commencé l'étude le dimanche 2 juin 2019, avec...
“La saison venue, la chenille tisse un cocon autour d’elle-même et elle devient cacahuète.” - Cavanna



Sur ce, 

je vous souhaite, à toutes et tous,
un EXCELLENT dimanche, et une semaine tout aussi belle...



Frédéric


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(Mais de toute façon,
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Et pour nous quitter,

du Bach.

La sonate en sol mineur BWV 1001,

la première de ses six Sonates ou Partitas pour violon seul.

Pourquoi l'avoir choisie ? Mais, pour son recueillement, son introversion, son dépouillement.

Vous l'écoutez ici dans une interprétation tout bonnement époustouflante, où les notes semblent jaillir sans peine de l'instrument, où tout semble aller de soi, couler de source, sans effort,
mais surtout
sans effet, sans ego,
en toute simplicité.

Shunske Sato se fait pour nous l'interprète de Bach, en jouant d'un violon baroque du maître luthier néerlandais Cornelius Kleynman, datant de (circa) 1684.


Un bien beau morceau pour la fin...




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article suivant: de la courbure des saints

dimanche 26 mai 2019

Eyes Wide Shut, version tokharienne







Alice Harford:

I do love you and you know there is something very important we need to do as soon as possible.


William Harford:

What's that?


Alice Harford:

Fuck.




Dialogue entre Alice (Nicole Kidman) et William Harford (Tom cruise),
le couple au centre de l'intrigue de Eyes Wide Shut, 
chef d'oeuvre de Stanley Kubrick, 1999






















Bonjour à toutes et tous !


En ce dimanche d'Élections,
où peut-être comme moi, vous savez clairement pour qui vous n'allez pas voter, mais que vous ne savez toujours pas pour qui vous voterez, tant le paysage politique n'a jamais été aussi pauvre 
prenons un grand bol d'air frais, inspirons, inspirons...

Et
- dit en belge -,
vous savez quoi ? Le tokharien va nous y aider.


Eh oui !

Ça faisait longtemps, non, que nous n'avions plus parlé de tokharien...


L'article de ce dimanche sera doublement important. 

Car il y aura certes du tokharien au menu, mais aussi... parce qu'il s'agit du dernier article que nous consacrerons à la jolie racine indo-européenne...

*bʰleh-“fleurir, s'épanouir”.




Non, il n'y a pas de mais, c'est comme ça.




Alors ouiii, d'accord, j'aurais encore pu vous parler de tous les dérivés qu'on lui a prêtés
- et il y en a encore un paquet -,
mais dont la filiation avec *bʰlehest à présent remise en question, ou n'a vraiment jamais été très assurée, de toute façon.

Quoi ?

Que dites-vous ?
Ah oui: des exemples ?

Oui oh, pourquoi pas.



Je pourrais vous citer, voyons...
  • le grec ancien φύλλον, phúllon“feuille, feuillage, plante”, ou 
  • le latin folium, “feuille, pétale...”.
Ou même
- ce troisième étant un cognat probable des deux premiers -
  • le proto-celtique *belyo-, “arbre”, qui donnera le moyen irlandais bilegrand arbre, grand tronc...

Je pourrais encore vous donner...
  • le vieil irlandais blár et le gallois blawr,gris”... Carrément.


Mais bon, comme je vous le disais, je ne suis pas certain (du tout !) de leur parenté avec *bʰleh-.



En revanche...

Oui, il y a vraisemblablement deux dérivés tokhariens à notre *bʰlehsi gentille:

le tokharien A pält et son équivalent en tokharien B, piltafeuille, pétale”.


Et c'est,
comme toujours (ou en tout cas bien souvent),
sur les travaux de Douglas Q. Adams 

Douglas Q. Adams 

que je me fonde, pour les affaires tokhariennes... 

A dictionary of Tocharian B,
Douglas Q. Adams,
Leiden Studies in Indo-European


- Le tokharien, mais qu'est-ce que c'est ?

- Vous êtes nouveau, vous, ici, hein ? Bienvenue, alors ! 

Lisez donc la rubrique Éléments de linguistique, accessible par le menu du blog ; je viens d'y ajouter une entrée ô combien intelligemment dénommée Tokharien.

Or donc !

Le tokharien A pält et son équivalent en tokharien B, piltafeuille, pétale”...


Ah oui, j'ai encore une chose à vous dire.

Je devais, avant de les aborder, ces pält et pilta, vous avoir parlé du proto-germanique *blada-“feuille, pousse”, et de ses dérivés, au nombre desquels citons...
  • le vieil anglais blæd, “feuille... 
ou (soyons fou)
  • le vieux haut-allemand blat, de même sens.


Ce fut chose faite dimanche dernier, 

racine indo-européenne *bʰleh-“fleurir, s'épanouir
proto-germanique *blōan-“fleurir, s'épanouir, croître...”
proto-germanique *blada-“feuille, pousse”
dérivés au sens de “feuille



Pourquoi était-ce si important ?
(de vous présenter d'abord ces dérivés germaniques, hein. Vous êtes sûr que vous ne voulez pas reprendre un peu de café noir, mmmh ?)



























Parce que ce sont précisément ces dérivés germaniques qui sont les plus proches de ceux que je vous présente aujourd'hui, en tokharien.

Quelle belle transition, ne trouvez-vous pas ?



Oui, vous suivez toujours ?


Alors !

Nous trouvons donc en tokharien,
  • le tokharien A pält et
  • le tokharien B pilta,
tous deux désignant la feuille, le pétale.



On les fait remonter à un étymon proto-tokharien, *pältā-, descendant d'une forme suffixée du degré zéro de la délicieuse *bʰleh-, *bʰl̥h-oto-.


Autrement présenté:

racine indo-européenne *bʰleh-“fleurir, s'épanouir
 *bʰl̥h-oto-
proto-tokharien *pältā-“feuille, pétale”
tokharien A pält et tokharien B pilta“feuille, pétale”



Amis lecteurs
- ici, je me veux spécialement réducteur, en n'incluant pas les lectrices -
qui me suivez depuis déjà un certain temps, vous savez à quel point elles (oui, elles) sont, disons .... , sensibles aux langues anciennes, notamment (mais pas qu'exclusivement) au moyen gallois, au hittite et au tokharien...

Pas difficile, recherchez sur le blog le libellé Elles en sont DINGUES!, qui vous renverra aux articles mettant en évidence cette relation particulièrement étroite entre les langues anciennes et la libido féminine.


(Je m'adresse toujours ici à mon lectorat masculin)

Vous êtes seul, elle vous ignore - ou encore pis: vous considère comme son meilleur ami, celui qui la fait rire, celui à qui elle peut raconter ses peines de coeur).




Vous l'aimez depuis si longtemps, désespérément, vous languissez d'elle, et elle, elle, elle ? Elle vous ... aime bien.

Vous rêvez de LA séduire.
ELLE.

Simple. 

Mais attention ! Comme je l'ai déjà exprimé précédemment, vous mettez en pratique, avec l'emploi du tokharien, des forces prodigieuses, qu'il faut savoir manier, maîtriser, au risque d'altérer irrémédiablement la santé mentale de l'aimée. 



Anál nathrach, orth ' bháis ' s bethad, do chél dénmha,
le charme créateur, Excalibur, 1981

Au moment de la soirée où les slows commencent, invitez-la sur la piste, prenez-la par la main. 
Risquerait-elle de refuser ? Mais non, elle acceptera une simple danse avec son meilleur ami...

Et sur la piste, là, alors que le Hammond B3 entame le refrain de A Whiter Shade of Pale,

Une splendide version du morceau...

à voix basse, d'un ton plus posé que d'habitude, dites-lui calmement...
Marie-Cécile (adaptez), vous êtes tout en beauté, ce soir. 
Je n'avais jamais remarqué que vos yeux étaient si intensément bleus. 
Vos yeux grand ouverts, tels deux pétales de lotus bleu...

À ce moment précis, vous décèlerez de l'ennui teinté d'une certaine surprise dans ce regard qui vous ignore, dans ces yeux qui vous regardent à peine.

Mais , susurrez-lui, lentement, et sur le même ton (c'est important) 
Comme disaient les Tokhariens, 
ts[e]n-uppālṣi piltāṣ ra eśne aurtsi,
ou en d'autres termes, 
Les yeux grand ouverts comme deux pétales de lotus bleu.” 

À ce stade, de grâce, soyez sur vos gardes.
Retenez-la. Fermement.
Soyez prêt à lui éviter de vaciller, de tomber, 
de sombrer.
De s'écrouler.

Elle ne voit plus rien, va vraisemblablement tituber, défaillir. 

Certaines, même, à cet instant fatidique
- c'est vous dire -,
parlent en langues. Ou en donnent l'impression, du moins
- le parler en langues, c'est la glossolalie; voyez ce qu'en dit Wikipedia -,
en tentant désespérément d'articuler une suite incohérente de mots qui, pris séparément, pourtant, veulent tous bien dire quelque chose.

Là, dites-lui quelque chose, quelque banalité.
Peu importe. 
Dites-lui en fait n'importe quoi.

Mais parlez-lui.

Déjà pour ne pas qu'elle s'évanouisse, mais aussi pour qu'elle reconnaisse votre voix.

Qui sera dorénavant LA voix qui lui aura révélé, dans son trouble, dans le monde d'ombres et de lumières vagues où elle est à présent plongée, sa féminité, par le biais du tokharien.

Elle (elle) ne sera plus jamais comme avant.
Elle aura cessé de vous voir comme le gentil copain.
Elle sera désormais ... vôtre.

Mais attention ! 
Encore une fois, vous maniez des forces dont vous ignorez le pouvoir réel.

SURTOUT, ne lui parlez PLUS JAMAIS en tokharien.
Efforcez-vous de même de ne PLUS JAMAIS la mettre dans une situation où elle puisse tomber sur quelque écrit tokharien, ou
- et c'est capital -
entendre la moindre parole en tokharien.

Cela pourrait lui être fatal, tout simplement.

C'est le prix à payer, pour l'amour fou, à vie.
Soyez-en bien conscient.






Chères lectrices, chers lecteurs, 

Merci de me lire, merci de votre fidélité, merci de vos commentaires.

Je vous souhaite un EXCELLENT dimanche, et une très heureuse semaine !




À dimanche prochain !







Frédéric




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Attention,
ne vous laissez pas abuser par son nom:
on peut lire le dimanche indo-européen
CHAQUE JOUR de la semaine.
(Mais de toute façon,
avec le dimanche indo-européen,
c’est TOUS LES JOURS dimanche…)


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Et pour nous quitter,

la Valse n° 2, 

tirée de la

Suite pour orchestre de variété n° 1,

de 

 Dmitri Chostakovitch,

1956,

et qui sert de musique de film à Eyes Wide Shut.





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