- Paraît chaque dimanche à 8 heures tapantes, méridien de Paris -

dimanche 14 avril 2019

"Di scrivermi ogni giorno Giurami, vita mia !" - Fiordiligi







(…) l'ingrate Rosine ne trouve à nous chanter que des fioriture, apparemment celles que madame Giorgi, la première Rosine, exécutait avec grâce. Ces fioriture, dignes d'un joli concert, ne sont sublimes pour personne, mais Rossini a voulu les faire amusantes pour tout le monde (…)

Vie de Rossini, XL, 1824,
Henri Beyle, dit Stendhal,

Stendhal,
23 janvier 1783 - 23 mars 1842









Bonjour à toutes et tous !


Vous prenez ... 


















le train en marche ?

















Pas grave.  

Sachez simplement que vous êtes ici sur un blog de linguistique historique, traitant des racines indo-européennes de nos langues ... euh ... indo-européennes, et que nous nous intéressons en ce moment à la racine indo-européenne...

*bʰleh-, “fleurir, s'épanouir”.



Je me permets ici un petit mot d'exaspération, sur ce courant
- surtout, d'ailleurs, franco-français -
qui prête à la linguistique historique et comparée indo-européenne des relents de nazismefascisme, des vélléités d'épuration ethnique au profit de la race aryenne (sic), de nationalisme exacerbé, de promotion de la race blanche (sic) (et tant qu'à faire, celle de l'homme blanc occidental), et toutes ces sortes de choses.

À ces ...
- je m'adresse ici à ces braves gens, vraiment gentils, mais aussi vraiment incultes et surtout remarquablement endoctrinés  -

ne le prenez donc surtout pas pour vous, mais sachez que c'est pour cela que j'écris dans un langage qui leur est cher, et qu'ils utilisent eux-mêmes -...

Je reprends: 

À ces abruti·e·s anti-racialistes (sic), anti-racistes (sic), qui considère·nt, dans un manque sidérant·e de repère·s et de valeur·s ...,
et d'ailleurs parfaitement en phase avec cette nouvelle sous-culture amené·e et cultivé·e par les réseaux dit·s sociaux, où tout le monde - mais donc aussi n'importe qui - peut prendre la parole et raconter n'importe quoi...
À ces inintelligent·e·s parangon·ne·s de la niaiserie, dont la panade qui leur fait office de cerveau leur fait considérer,
dans un manque confondant de repère·s et de valeur·s,
les résultats des travaux de recherche scientifique de linguistes éminent·e·s comme étant à mettre au même niveau que la bouillie complotisto-néo-paganisto-post-new Age dont on les gave,

à ces braves gens, donc, je proposerai de lire attentivement et jusqu'au bout
(je sais, il y a beaucoup beaucoup de mots, plein, partout !, et pas beaucoup d'images, c'est dur)
(source)


ce délicieux article de Messieurs Thomas Pellard, Laurent Sagart et Guillaume Jacques
 - QUOI, RIEN que des HOMMES ????? Facho, suprémacistes ! -,
chercheu·r·s/se.s au CNRS, excusez du peu, travaillant pour le CRLAO (le Centre de Recherches Linguistiques sur l'Asie Orientale), en réponse au livre de l’archéologue Jean-Paul Demoule Mais où sont passés les Indo-Européens? Le mythe d’origine de l’Occident (Seuil, 2014), qui sert souvent de motivation à ces idiot·e·s tellement bien intentionnés·e·s:




Je me souviens d'une discussion houleuse sur FB, en commentaire à l'un de mes articles, où l'un de ces décérébrés trouvait parfaitement normal, voire sain 
- et heureux, qui plus est -,
qu'un archéologue qui - il ne s'en cache pas - n'entend pas grand-chose à la linguistique, puisse démolir le travail de vies entières !! consacrées par des scientifiques de très haut niveau à la reconstruction d'une langue qui serait la mère de nos langues indo-européennes. 

Ça ne le choquait pas, non, que du contraire, ce crypto-marxiste - mais à mon sens, plutôt tendance Groucho.

L'ensemble des travaux de la communauté linguistique internationale depuis des dizaines et des dizaines d'années, jeté à la poubelle après la lecture
- et en plus, je suis persuadé qu'il ne l'avait même pas lu, mais soit -
d'un seul bouquin, consacrant facilement 30 (trente) pages sur près de 600 à effleurer la question linguistique.

Je rappellerai enfin que J.P. Demoule lui-même a clairement mis les choses au point sur ce qu'il fallait tirer de son livre:
https://cipanglo.hypotheses.org/689
Oui, je sais, c'est encor·e plein·e de mot·s. 



Le monde devient fou.

Avez-vous lu ceci ?
https://www.lepoint.fr/societe/egypte-toutankhamon-nouvelle-victime-du-complotisme-11-04-2019-2307202_23.php
ou ceci:
https://www.nouvelobs.com/culture/20190328.OBS2580/une-piece-d-eschyle-accusee-d-etre-racialiste-empechee-a-la-sorbonne.html,
ou encore cela:
https://www.telegraph.co.uk/education/2017/01/08/university-students-demand-philosophers-including-plato-kant/ ?

Ah là là, mais quand arrêterons-nous d'aller d'excès en excès, ou plutôt, de répondre à l'excès par l'excès? 
(et je précise - s'il fallait encore le préciser - que je préfère des anti-racialistes borné·e·s et ignorant·e·s à de vrais racistes, ce que j'appellerais communément, dans mon langage fleuri, des sales cons. Même si les lignes des uns et les autres ont hélas tendance à converger...)



Bref.


*bʰleh-, “fleurir, s'épanouir”.


Aaaaah...


🌷🌸🌹🌺🌻🌼




🌷🌸🌹🌺🌻🌼


Nous avons déjà découvert une partie de sa descendance, avec notamment le latin flōs, flōris, “fleur”, dérivé très précisément d'une forme nominale créée sur *bʰleh-*bʰleh-ōs-“en floraison”d'où “fleur”.

Je vous engage à lire ou relire l'article précédent,
J'ai dépensé ma jeunesse comme une poignée de monnaie,
voire carrément - soyons fous -
álfrek ganga: vieux norois pour "aller faire déguerpir de l'Elfe",
délicieux article qui servit de point de départ à notre étude, *bʰlehétant peut-être à l'origine du germanique *blōda-, “sang”.



racine indo-européenne *bʰleh-“fleurir, s'épanouir

proto-germanique *blōan-“fleurir, s'épanouir, croître...”

(peut-être)
par rapprochement sémantique
entre la couleur rouge du sang et l'épanouissement
proto-germanique *blōda-, “sang”




Nous savons déjà, depuis la semaine dernière, que c'est donc bien *bʰleh-,
via flōs, flōris,
qui nous a donné notre ... fleur.



(source)



🌷🌸🌹🌺🌻🌼

racine indo-européenne *bʰleh-, “fleurir, s'épanouir”
forme nominale *bʰleh-ōs-“en floraison”, d'où “fleur”
proto-italique flōs(-), “fleur”
latin flōs, flōris, “fleur”
accusatif flōrem
ancien français flor, flur (fin du XIème)
français fleur


🌷🌸🌹🌺🌻🌼

Ou encore nos fleuret, fleurette, fleuron, floralies, floréal, jusqu'aux anglais ... flour et flower.


Poursuivons donc...

Avec - commençons par lui - fioriture.


Cette citation de Stendhal avec laquelle nous ouvrons cet article n'est pas innocente

Du tout.















Du tout.














Car notre français fioriture est un emprunt à l'italien
- disons-le carrément, une copie, un calque -,
l'italien fioriture étant le pluriel de fioritura, terme de musique, désignant des ornements, des embellissements au morceau (comme l'appoggiature, le trémolo, le vibrato, et autres trilles...).

Un exemple ? 
Oh, mais écoutez Aurélien Delage jouant le Trio en sol mineur BWV 929 de qui vous savez...




Mais revenons au peu d'innocence de la citation en exergue...

Car emprunt (calque) il y a eu, certes, mais on peut ici le dater et le contextualiser avec grande précision, car c'est bien Stendhal qui a introduit le mot italien en français !

Bien sûr, le terme italien s'employait déjà en musique (on le date du XVIIIème sous cette acception), mais c'est à Stendhal que nous devons sa généralisation en français, par l'emploi qu'il en fît dans sa Vie de Rossini.

Notez d'ailleurs que Stendhal l'emploie au pluriel à l'italienne, alors que nous serions tentés aujourd'hui de lui adjoindre un s comme marque de pluriel attendue en français.
Je ne puis en vouloir à Stendhal, moi qui écris (et bois) des whiskies et non des whiskys.


L'italien fioritura, de sens premier floraison, est quant à lui un dérivé avec suffixe collectif de fiorire“fleurir”, provenant bien entendu,
par le bas latin *florīre,
du verbe flōreō, construit sur flōs.


🌹

Le mot que nous traiterons en suivant, vous le trouverez également vers le début de cet article...

C'est ce que J.P. Demoule fait quand il parle de la linguistique historique à la fin de son Mais où sont passés les Indo-Européens ?
- ouvrage remarquable par ailleurs, grâce au style enlevé de l'auteur, et à considérer d'un point de vue historiographique -,
il l'effleure...


(source)


🌷

Bon, j'avoue, je ne vous ai pas tout dit, quand, la semaine dernière, je vous parlais des sens de notre français fleur... 

Je mentionnais, à côté de son sens courant de euh... fleur, ou si vous préférez
production colorée, souvent odorante, de certains végétaux, considérée le plus souvent avec le rameau (la tige) qui la porte 
(ooh, merci merci, ô toi ©Le Grand Robert de la langue française),
 que le mot fleur avait repris un autre sens du latin flōs, celui de “partie la meilleure”...

Ce deuxième sens, dérivé du premier, a continué, en moyen français, à glisser, glisser, pour aboutir à un troisième sens, celui de ...  “surface”.


(source)

Ainsi, on relève au XIVème la jolie locution à fleur de, pour  “à la surface de”. 
Notez au passage que l'italien connaît le même emploi, avec par exemple  “a fior d'acqua”.
Ce troisième sens procède du second, la surface (de l'eau) étant
- telle la fleur sur sa tige -
la partie la plus élevée du liquide, et en tout cas celle que l'on remarque le plus. 

Celle qui s'expose à la vue...



Ce qui arrive quand on prend des expressions comme à fleur de peau au
premier degré


Notre effleurer, attesté sous cette forme en 1549, et dérivé d'un précédent esflourée que l'on date, lui, d'avant 1236, a certes signifié “dépouiller de ses fleurs”,
mais surtout, c'est au début du XVIIème qu'on le retrouve avec le sens d'“entamer légèrement la surface de”, d'où, fin du même siècle, au figuré,  “faire une légère atteinte à”. 

En outre, fin du XVIème, il signifiait déjà  “toucher légèrement” dans un contexte concret, et, début XVIIème, s'emploiera de même dans un contexte abstrait, comme dans effleurer un sujet”.


Quant à déflorer, anciennement - début XIIIème - desflorer, il signifiera proprement [de(s)- + fleur], en toute logique, “dépouiller de ses fleurs”. 

La fleur étant certes la partie la meilleure, mais aussi la plus innocente, la plus pure, déflorer prendra déjà, au XIIIème, le sens métaphorique de  “faire perdre (à une jeune fille) sa virginité”.
Aujourd'hui, je pense que nous parlerons plus volontiers de faire perdre à 
un·e être humain·e, qu'il/elle soit lesbien·ne, gay, bisexuel·le, multisesexuel·le, transgenre·s, sexué·e, asexué·e ou autre.s. ...
sa virginité.

Et au figuré,  faire perdre sa fraîcheur primitive, sa pureté” (déflorer un sujet). 
Oh, merci, Alain Rey !

Allez, poursuivons.

Avec, cette fois encore, un mot italien.

Firenze !

Oui oui, Firenze, la capitale de la - superbe - région de Toscane.




Ce Firenze descend, par évolution tout ce qu'il y a de naturelle, du latin Florentia, via l'italien médiéval Fiorenza.

On n'émet guère de doute sur sa parenté avec le latin flōs, flōris 
(“fleur”, pour ceux qui ne sont pas du matin, pour ceux qui ne sont ni du matin ni de plus tard, ou encore pour ceux et celles doté·e·s d'un crible cognitif à la granularité plus fine que la moyenne, et dont l'endoctrinement, l'embrigadement nuit cruellement à l'activité neuronal·e),
mais par contre, on n'est pas trop sûr du lien précis qu'on peut établir entre ce toponyme original latin Florentia et flōs, flōris.

Selon une hypothèse, me semble-t-il la plus plausible, Florentia découle de florens, ce qui permettrait de penser que la ville était soit très fleurie, qu'on y cultivait ou vendait des... allez, f... fl... fleurs, bien !, ou qu'elle était tout simplement (ou qu'on la voulait !, qu'il s'agissait d'une prière, d'un vœux...)... florissante.

Une autre hypothèse en date la fondation durant les festivités consacrées à la belle ... Flōra, la déesse romaine des fleurs, les ... ludi floreales.
Mwouais.
Vous aurez en tout cas noté que dans le terme italien actuel ne transparaît plus facilement son lointain parent latin, alors que dans d'autres langues, le nom de la ville, adapté, a conservé toute sa superbe originale, avec, par exemple, le français et l'anglais Florence, ou le roumain Florenţia.

 

Ah, la belle transition !!!


On croirait presque que cet article est construit, structuré...
Jolie transition, car, dites-moi, comment s'appelait l'ancienne monnaie florentine (1252), pièces d'or frappées à l'origine du symbole de la ville, une charmante fleur de lys ?

C'est cette fleur de lys qui leur donnera leur nom...

Alors ?
Mmmh?

Il s'agissait, en latin, du florenus, et en italien, du fiorino.

Fiorino, de fiore, sans trop de surprise, “fleur”.

L'ancien français adaptera ce dernier (on en trouve une attestation en 1278), en le fondant sur flor, cette forme ancienne de fleur.

Et qu'est-ce que ça donnera ???

Et oui, florin.

Hé, le florin, c'est pas rien...

Il fut la principale monnaie du Moyen Âge, et encore la première en or !


(source)


Sa popularité fit qu'il devînt la monnaie de plusieurs États. 

C'est ainsi qu'il s'imposa comme unité de compte aux ... Pays-Bas, et depuis au moins le XVIIème.

En or, dites-vous, le florin ?

Eh oui, et c'est pourquoi en néerlandais, florin se dit gulden
(enfin, se disait, avant le passage à l'Euro),
gulden tiré de l'expression gulden florijn (on dirait aujourd'hui gouden florijn, littéralement florin d'or...



Allez, encore un !

Floride !

Ou en en anglais, Florida.

La Floride doit son nom à un conquistador, Juan Ponce de León, qui découvrit la région au moment du dimanche des Rameaux, en avril 1513.

À l'époque, cette fête était connue sous le nom de Pascua florida, Pâques fleuries”.
On n'en a gardé que l'adjectif, substantivé...


des fleurs sur la plage, en Floride
(source)

Et en espagnol, Pascua Florida est d'ailleurs TOUJOURS le nom du dimanche de Pâques...


🌹🌻🌺


Mais quel feu d'artifice, dites-moi ! 

Quel florilège, non ?
Florilège ?   
Recueil de pièces choisies, ou 
au figuré, XXème, choix (de choses remarquables).

 Florilège n'est qu'un vulgaire emprunt, fin du XVIIème, au latin moderne ...
(mais alors, quand je vous dis moderne, c'est vraiment moderne de chez moderne, on parle ici du latin de la Renaissance)
... flōrilēgium, construit sur
- évidemment - flōs, flōris
et
legō, legere, “lire”, oui, mais surtout choisir, sélectionner, ramasser, cueillir, collecter, mettre ensemble. 
(Le passage de sens de collecter à lire est peu clair, comme disent les linguistes quand ils ne veulent pas trop se mouiller, mais on pourrait considérer que collecter, mettre ensemble, c'est ce que vous faites précisément en lisant, où vous rassemblezassemblez les lettres par les yeux... )


Alors, je vous rassure tout de suite. 

Je le comprends aisément, vous pourriez vous sentir gêné, honteux face à cet infâme emprunt, sombre copie du latin.

Sachez que, si ça peut vous donner un peu de baume au coeur
(mais en revanche cela risque de vous faire perdre encore plus foi en l'Humanité), 
le latin flōrilēgium n'était lui-même qu'un pauvre et ridicule calque de l'ancien grec ἀνθολογία, anthología, le verbe ἀνθολογέω, anthologéō se comprenant littéralement au sens de “je cueille des fleurs”, composé de ἄνθος, ánthos, “fleur”
(non, n'y pensez même pas ; aucun rapport ; même pas sûr que le mot est d'origine indo-européenne !)
et de λέγω, légō, “je collecte, je cueille, je ramasse...”.


Bon, ben là, j'crois qu'on a vraiment fait le tour des dérivés du latin flōs, flōris.


Nous passerons donc, dimanche prochain, à des dérivés de notre douce *bʰlehdans un autre groupe de langues... 

Ce sera la surprise !




Chères lectrices, chers lecteurs, 

Merci de me lire, merci de votre fidélité, merci de vos commentaires.

Je vous souhaite un EXCELLENT dimanche, et une très heureuse semaine !




Voyons... À dimanche prochain ?





Frédéric



******************************************
Attention,
ne vous laissez pas abuser par son nom:
on peut lire le dimanche indo-européen
CHAQUE JOUR de la semaine.
(Mais de toute façon,
avec le dimanche indo-européen,
c’est TOUS LES JOURS dimanche…)

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Et pour nous quitter,

un (trop) court extrait de Così fan tutte, K588,

le quintet du premier acte, scène 2

Di scrivermi ogni giorno

délicieusement interprété - notamment, car ils sont cinq, hein - par la douce Fiordiligi,
ici sous les traits de la remarquable soprano suédoise Miah Persson,
lors du somptueux festival d'opéra de Glyndebourne, East Sussex, en 2016.

(Avant le Brexit, c'était encore accessible et relativement abordable...)






Fiordiligi, suppliante:
Di scrivermi ogni giorno
Giurami, vita mia !

(De m'écrire chaque jour, 
jure-moi, mon amour !)

🌸


Aaaaaah,


Fiordiligi, littéralement, et si joliment, Fleur de Lys


🌺


Et je ne puis m'empêcher de vous repasser le sublime (!!!!!) trio


Soave sia il vento,


avec les mêmes !


Nicolas Rivenq en Don Alfonso,

Miah Persson en Fiordiligi, et
Anke Vondung en Dorabella

L'écoute de ce morceau est pour moi, simplement, une des raisons pour lesquelles la vie vaut la peine d'être vécue.






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article suivant: Gort, Blodyn Tatws ! Euh non... Ah oui: Klaatu barada nikto. OUUUUF

6 commentaires:

Bon dimanche a dit…

https://media1.tenor.co/images/d8ceefb78041ee0dbd0592ddd649f33a/tenor.gif?itemid=9316451

Frédéric Blondieau a dit…

exactement ! :-)

LeScrat a dit…

Prodigieux article que ce "Di scrivermi ogni giorno, giurami .." ! Rhaaa merci.

Savais-tu qu'en italien "fior" peut aussi signifier à la fois une grande quantité "fior di quattrini" = beaucoup d'argent, la peau des fesses ou une quantité négligeable voire inexistante : fior di giudizio, f. di senno: once de bon sens? Dans sa s "Jolie fleur", Brassens ne disait-il pas "l'esprit pas plus grand qu'un dé à coudre".

Oui, douce et belle Fiordiligi ! Son prénom, littéralement copié sur l'ancien provençal "flor de lis" a donné en italien "fior di giglio" (giglio étant le lis) et par métathèse "flor da ligio", ce beau prénom, donc, est d'avantage répandu au nord (Lombardie, Emilie-Romagne et Toscane !) qu'au sud de la Péninsule. Aussi curieux que ça puisse paraître, il se décline en une ribambelle de variantes féminines et ...masculines! (*)
Si initialement il faisait référence au lis, en italien le nom, commun et propre, a continué à évoluer vers ..fiordaliso qui désigne une autre fleur, le centaurea cyanus... le bleuet ! À y regarder de plus près on s'aperçoit en effet que chacun de ses pétales ressemble à un lis miniature.

Lorsqu'il écrivit le livret de "Così fan Tutte" en 1790, Lorenzo da Ponte ne pouvait se douter que dix ans plus tard un jeune écrivain allemand George Philip Friedrich von Hardenberg, qui se cachait sous le pseudonyme de Novalis, écrirait "Heinrich von Ofterdingen". Ce roman inachevé recèle le Graal des Romantiques allemands, la quête merveilleuse de l'union entre le rêve et le monde réel, ..."Die blaue Blume", en un mot (enfin en deux) "la Poésie".

Dieu merci, Novalis ne saura jamais qu'en traversant le Rhin, ses écrits pourtant bien accueillis ont été traduits - mais pouvait-il en être autrement ? - dans le style romantique français de l'époque et donc passablement larmoyant. C'est sans doute ce qui a contribué à réduire l'expression "fleur bleue" à une idée de rêverie et d'amour naïf. Traduttore, traditore!

Mais revenons à notre Fiordiligi et détaillons sa robe dans les extraits sublimes que Frédéric nous propose. Mais? Il n'y a pas de lys, hélàs ! C'est là qu'est l'os, me direz-vous ?! Pffui... en effet, point d'étoffe fleurdelysée (ou fleurdelisée - mais on dit aussi... florencée) car le costumier ne s'y est pas trompé. Ce sont bel et bien des bleuets qui ornent la robe bleu pâle, symbole de tendresse discrète et inavouée dans le langage des .. fleurs.

Tout se tient, à travers les âges et l'espace, depuis les racines jusqu'aux fleurs.

Encore merci pour ce moment de grâce en compagnie de Mozart et de cette si florifère... petite racine *bʰleh₃.

Merveilleux dimanche !

(*) F: Fiordalisa, Fiordalice, Fiordaligi, Alisa Alisia, Fiorige Fiorigi, Fiorigia,Florige Florigi
M: Fiordaligi, Fiordiligi, Fiorige, Fiorigi, Fiorigio, Daliso, Aliso, Alisio.

Frédéric Blondieau a dit…

Wouah, GRAND, ENORME merci, LeScrat !! Eh bien, j'ignorais totalement le passage du lys au bleuet, et félicite d'autant plus le costumier de Glyndebourne !!

LeScrat a dit…

Héhé, merci. Pour être tout dire, il y a bien d'autres végétaux dont le nom est lié à "flor(e)" ou "fleur". Le moins connu des lecteurs francophones est sans doute, encore en italien, un autre sens de "fiori". Il s'agit d'une des couleurs des cartes à jouer françaises (ben oui, en Italie, les couleurs des jeux de cartes sont nombreuses et bien différentes de celles figurant sur les paquets de "chez nous"). Et cette couleur c'est ... le trèfle !
Et un trèfle c'est quoi, sinon la plus simple expression d'un lys ?

Frédéric Blondieau a dit…

Wouaw ! De fait ! :-)