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"Définissez-moi d'abord ce que vous entendez par Dieu et je vous dirai si j'y crois."
Albert Einstein
Dieu !
Dieu géomètre. Même si pour moi, il serait plus "Dieu musicien" |
Dur à trouver, et dur à définir ! Même en proto-indo-européen...
Il est communément admis, dans le cercle si particulier des linguistes spécialisés en proto-indo-européen, que l'anglais God, ou l'allemand Gott ("Dieu"), proviennent de la racine proto-indo-euroépenne *gheu(ǝ)-.
Racine qui véhiculait le sens d'"appeler", d'"invoquer".
Dieu, c'était donc, pour nos lointains ancêtres, si du moins l'on se base sur cette racine, "celui qu'on invoque", "l'invoqué".
Mais il se pourrait que ne soit finalement pas la bonne racine à laquelle faire correspondre le sens de "Dieu".
En effet, il existe une autre racine, très semblable, qui pourrait également faire l'affaire : *gheu-.
Très semblable phonétiquement, mais totalement différente quant au sens transporté...
*gheu- correspond à la notion de "verser".
"Certes" me direz-vous, "mais quel est le rapport avec Dieu?"
Eh bien, pensez aux libations.
Une libation est une forme de sacrifice, pratiqué dans les religions de l'Antiquité.
Il s'agissait d'un rituel religieux consistant en la présentation d'une boisson en offrande à un dieu, en renversant quelques gouttes sur le sol ou sur un autel.
Les liquides offerts en libations étaient variés, le plus souvent du vin, du lait ou de l'huile d'olive.
Assurnazirpal II, roi d’Assyrie, prêt à une libation pour enfin recevoir un nom normal, que ses amis peuvent retenir et prononcer sans devoir l'apprendre par coeur |
Et donc, considérant cette racine, "Dieu" était celui pour qui l'on procédait à des libations.
Disons que, quelle que soit l'option choisie, "Dieu" est toujours celui à qui l'on s'adresse, à qui l'on fait offrande.
Par ailleurs, *gheu-, dans le sens de "verser", nous a légué l'anglais gut : les intestins, via le germanique *gut-.
Mais nous lui devons également, cette fois par le latin fundere : fondre, verser, répandre, évacuer, les français fondre, fondant, fonte, fondue, à foison, confondre, profusion, effusion, refuser, transfuser, fusible (fuse en anglais)... ...
En outre, la racine proto-indo-européenne *gheu- a servi de base pour...
- le grec χέω, kheō ("verser, répandre"), ou encore
- le sanskrit juhṓti ("sacrifier", dans le sens de "verser dans le feu sacré") et
- le sanskrit hṓman ("sacrifice") - qui correspond au grec ancien χεῦμα, kheûma,
- l'avestique zaotar ("prêtre", plus spécialement en charge des sacrifices), ou encore
- le gotique giutan ("verser"), sur lequel s'est formé l'allemand Guss (" fusion, fonte"), et qui nous a donné...
- le français gueuse: la "masse de fonte brute", ou gush en anglais.
Gueuses de fonte |
OK, très bien. Mais d'où vient le français "Dieu", alors ???
Eh bien, le mot provient bien d'une racine proto-indo-européenne, TRÈS intéressante: *dyeu-...
A ce point intéressante que pour créer un peu de tension et de suspense, je la traiterai la semaine prochaine !
Je sais, c'est insoutenable.
Frédéric
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