en sanskrit, अधोमुखश्वानासन, adhomukhaśvānāsana, composé de
अधस्, adhas, “vers le bas”
+ मुख, mukha, “tête”
+ श्वान, śvāna, “chien”
+ आसन, āsana, “asana”.
Bonjour à toutes et tous !
Nous sommes le dimanche 18 octobre 2020, et nous traquons encore et toujours les dérivés de notre cluster (je me devais de le placer) deracines indo-européennes,
*n̥dhi- et sa variante *n̥dhe-,“sous, dessous...”,
(H)ndʰ-er-, “sous, en-dessous...”, et
*ndʰero-,“plus bas...”.
pont inférieur
Pour rappel, *n̥dhe- et (H)ndʰ-er- se sont construites à partir de la première, *n̥dhi-, et *ndʰero- dérive de (H)ndʰ-er-.
Schématiquement, ça donnerait ceci :
***
*n̥dhi-, “sous, dessous...”
⇓
*n̥dhe- (de même sens, ou de sens très proche) ⇒ gaulois ande-, “dessous, en dessous...”
Allez, aujourd'hui, comme promis, quelques dérivés plus... exotiques...
Ils nous serviront de bouquet final, pour clore ce beau chapitre...
Allons-y !
Notre douce racine *n̥dhi-,“sous, dessous...” se retrouve en arménien classique !
Avec très précisément la préposition ընդ, ənd,
que l'on pourrait qualifier de mot fourre-tout, mais ce serait vraiment méchant.
Mais c'est comme ça, on peut lui attribuer, à ընդ, ənd , un nombre ahurissant de sens divers, de “à la place de” à “en direction de”, en passant par “avec”, “au travers”, “à partir de”, “par”... ... ...
Mais là où la jolie ընդ, ənd nous intéresse particulièrement, c'est dans son emploi à l'instrumental, où elle signifie tout simplement... “sous”, comme dans
ընդ մահճօք, ənd mahčōk,“sous le lit”.
Amusant
(enfin... pour des gens comme moi ; pour les gens normaux, je ne sais pas trop),
à l'instar du germanique qui a fait une magistrale tatouille de *(H)ndʰ-er-, “sous, en-dessous...”et de*h₁(e)n-tér-,“entre, à l'intérieur”,
Car si l'on peut comparer, par la construction formelle et par le sens, le proto-indo-iranien *Hadʰáras au latin īnferus, “en bas, en dessous”, nous pouvons encore lui trouver un superlatif construit de la même façon que le latin īnfimus, “(qui est placé) le plus bas” :
l'adjectif *Hadʰamás, “(qui est placé) le plus bas”.
Entre nous, c'est surtout grâce à ces rapprochements grammaticaux que l'on peut affirmer qu'il y a bien une langue-mère dont sont issues, en l'occurence, le latin et les langues indo-iraniennes (euh oui, je parle de l'indo-européen). Car même si de simples mots peuvent être empruntés d'une langue à l'autre, il est bien peu probable qu'une langue en vienne à emprunter une construction grammaticale à une autre !
Allez ! L'étymon indo-iranien *Hadʰamás, “le plus bas” se retrouve par exemple...
en sanskrit, avec अधम, adhamá, “le plus bas”, mais aussi “le plus vil, le pire”,
le plus vil, c'est Satanas
ou, dans les langues iraniennes,
en ormuri
(une langue iranienne hélas sur le point de s'éteindre, qui se parle encore dans le village pakistanais de Kaniguram, district du Waziristan du Sud),
avec jēm, “le plus bas”.
Kaniguram
(Kaniguram indiqué par le repère rouge)
Mes amis, auriez-vous jamais imaginé que notre français enfer était si proche de l'anglais under, de infime, qu'il avait un cousin gaulois ande-, et que l'on retrouvait des mots qui lui sont apparentés dans des langues aussi lointaines que l'arménien, le sanskrit ou l'ormuri ?
Eh oui, prendre conscience de ce fantastique patrimoine multi-millénaire qui nous appartient à tous, qui nous permet de jeter des ponts entre des mots à première vue totalement étrangers, dont certains proviennent de langues parlées à des milliers de kilomètres de chez nous, n'est-ce pas magnifique, prenant, passionnant ?
Merci qui ? Mais... l'indo-européen, pardi !
Passez un excellent dimanche, une très belle semaine.
Et surtout, surtout, portez-vous bien,
Frédéric
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on peut lire le dimanche indo-européen
CHAQUE JOUR de la semaine.
(Mais de toute façon,
avec le dimanche indo-européen,
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Et pour nous quitter en beauté...
du Bach.
Voici, de la Messe en si mineur BWV 232,
Gloria, Et in terra pax,
par
le Choeur de l'Université de Varsovie et
le Beethoven Academia Orchestra,
sous la direction endiablée
de Irina Bogdanovich (en brune, la semaine dernière)
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