- Paraît chaque dimanche à 8 heures tapantes, méridien de Paris -

dimanche 20 décembre 2020

- Ludwiiiiiig !, pour la nième fois ! - Aber... Was ?

          
article précédent : ceci n'est pas un article




Nous y avons emmené notre chiot de 9 semaines, turbulent, gai, plein de vie - une adorable petite canaille -, pour une diarrhée et le fait que la petite chienne se grattait souvent l'oreille. Lors du soin à l'oreille, le vétérinaire a laissé tomber un bout de coton dans l'oreille du chien ; en s'y prenant à trois, ils ont alors tenté de retirer ce coton, deux personnes maintenant très fermement le chiot pour l'empêcher de bouger.
Ils ont particulièrement bien réussi : le chiot ne bouge plus.

Du tout.
Mort d'un oedème pulmonaire fulgurant.

En outre, à l’issue de cet acte médical mal mesuré, inconsidéré, ils n'ont pas reconnu la moindre responsabilité dans la mort de notre petit chien ; l'un d'eux, du bout des lèvres, acculé, n'a admis qu'une simple erreur de manipulation. Nous sommes toujours sous le choc.

Je ne mentionnerai pas l'empathie qu'ils nous ont manifestée, pour, personnellement, ne pas l'avoir perçue.

De grands professionnels, agissant avec tact, desquels émanent une chaleur humaine et une empathie hors du commun.

Mais soyons honnête et mesuré - et par là même, je m'inscris en faux contre ces autres commentaires qui les accusent de vénalité -, je dois reconnaître qu'ils ne nous ont pas fait payer la consultation ; nous avons simplement dû payer la crémation et l'urne funéraire.



Commentaire Google laissé sur le site d'une clinique vétérinaire belge

(clinique que je vous recommande par ailleurs chaudement, si votre chien prend trop de place)


avant


après





Bonjour à toutes et tous.

Nous sommes le 20 décembre 2020. Il y a un tout petit peu plus de 150 ans
(150 ans... et quelques jours),
naissait Beethoven.





- COMMENT ? Un aborigène ?

- NON ! Beethoven. Ludwig van Beethoven.

- Hildegard von Bingen ?

Hildegard von Bingen,
 1098 - 1179 



Nous savons qu'il fut baptisé le 17 décembre 1770, mais on doute toujours du jour précis de sa naissance ; on parle souvent du 15, du 16 ou même du 17 décembre 1770.


- PARDON ? La Bible des Septante ?


 
- Non, dix-sept cent-septante.


Quelle belle façon, ne trouvez-vous pas, de clôturer cette année 2020, que de rendre hommage à cet immense compositeur.


- QUOI ? COMPOSTEUR ?



- OH ! Com-po-si- teur !



Nous n'allons pas vraiment étudier son nom de famille, Beethoven venant plus que vraisemblablement de Bettenhoven, le nom flamand du village de Bettincourt (ou Bettincourt  dauuuuuc) dans la province de Liège (Belgique, si tant est que Liège soit en Belgique ?).

Bettincourt vu du ciel, dauuuuuc



Précisons quand même que Bettenhoven peut s'entendre
- COMMENT, QUOI ? -
comme un composé de biet“betterave”,



et de hoven, le pluriel de hof“ferme”, pour désigner donc (ou dauuuuc, selon la chatoyante prononciation indigène) un ensemble de fermes où l'on cultivait la, la, la... betterave.


ferme typique de la région



Non non, c'est son prénom qui va nous intéresser.
- Was ? Sans stresser ?

 

Ludwig est lui-même un composé
- oui, je sais : c'est un comble, pour un compositeur. Ahahaha -,
du vieux haut allemand Ludhuwīg, Hludwig, issu d'une forme germanique occidentale (reconstruite, ne poussez pas) *Hlūdawīg


Le premier terme de ce composé, (h)lūt, signifie “célèbre, renommé, mais aussi bruyant, sonore.”
- Quoi ?? Mais enfin !? C'est quoi, cette définition, qui mêle renommé et sonore ??

 

Fernand Ucon


- Ah, quel plaisir de vous revoir, Monsieur Ucon ! Oh, vous pourriez simplement penser à l'expression familière 
qui fait du bruit”, au sens de “dont on parle.

Si vous êtes célèbre, c'est parce que l'on entend parler de vous, parce que l'on a entendu vos exploits. 

Pensez, dans le même ordre d'idée, au latin fama (d'où notre fameux) qui désignait tant le on-dit, le ouï-dire, que la réputation, le renom...

(Mais oui, oh ! Relisez parole: préhistoire avec plutôt qu'histoire sans, du 11 mars 2012.) 


Cet étymon...

- c'était dimanche ?

- pfff. 


Cet étymon, disais-je, est issu d'une forme germanique tout autant reconstruite, que Guus Kroonen, l'auteur du Etymological Dictionary of Proto-Germanic
- mais oui, on ne change pas une équipe qui gagne -,
Guus Kroonen

reconstruit sous la forme *hlūda-, à laquelle il donne le sens de bruyant, sonore”.

Il fait remonter cet adjectif à la racine indo-européenne...

*ḱleu-entendre”.

plaît-il ?



Quant au second terme de notre composé Ludhuwīg
- ne l'oublions pas, hein -,

 -wīg, il désigne le conflit, la bataille, et descend d'un verbe proto-germanique que Guus Kroonen reconstruit en *wihan-, au sens de se battre”, qui descendait lui-même d'une racine indo-européenne...

*uik-e-vaincre, triompher de”.


- Ben mon cochon... Rien qu'à avec ces deux racines, mais... on est parti pour des semaines !
- Eh oui, vous avez (curieusement) tout compris, Monsieur Ucon.


Mais revenons à notre composé.
Même si ce pauvre Ludwig ne l'entendait pas, vous entendrez, vous, Lud-wig comme “celui qui est fameux à la bataille.

Et vous n'apprécierez que très moyennement l'épouvantable ironie présente dans la sémantique de son prénom, centrée si bien sur l'idée d'entendre.

- Was ?




Nous terminerons le présent article en précisant qu'en vieux francique, l'étymon germanique *Hlūdawīg a donné... *Hlōdowik, et que son pendant en vieux haut allemand était... Chlodowig.

Vous avez fait le lien ; vous voyez où je veux en venir ?

Ce vaillant prénom francique, nous le retranscrivons à présent sous la forme conventionnelle ... Clovis.

Clovis Ier,
466 - 511




Eh oui.

Mais ce n'est pas tout.

Le francique *Hlōdowik a été emprunté en latin, où nous le retrouverons sous la forme Clodovicus, qui se muera en Ludovicus,
d'ou le vieux français Looïs, Luis, Lodhwig,
puis le moyen français Loïs, Loïc,
d'où le français... Louis.

Et puis, l'italien Luigi, et l'espagnol Luis, sont tous deux de beaux emprunts à l'ancien français.




Bon. Vous l'avez compris, nous étudierons dans les prochaines semaines les dérivés de la racine proto-indo-européenne... 

*ḱleu-entendre”.

- Comment ?

- Ça suffit, maintenant !



Sur ce, je vous laisse, et vous souhaite un beau solstice, et un doux réveillon de Noël.

Pour vous remonter le moral, dites-vous que l'intimité, 'y a qu'ça d'vrai.



Et surtout, surtout, 
Portez-vous bien.



Frédéric






Tara,

5 octobre 2020, Lens - 11 décembre 2020, Neuville



À la mémoire de Tara.


******************************************
Attention,
ne vous laissez pas abuser par son nom :
on peut lire le dimanche indo-européen
CHAQUE JOUR de la semaine.
(Mais de toute façon,
avec le dimanche indo-européen,
c’est TOUS LES JOURS dimanche…)
******************************************

Et pour nous quitter en beauté, sereinement...


Une douce version, intimiste,

de l'Ode à la Joie, tiré, évidemment, 

- Mais ? Je ne suis pas votre maman ! -

de la Neuvième, Op.125,

ici, par le formidable Igor Levit


******************************************
Vous voulez être sûrs (sûrs, mais vraiment sûrs) de lire chaque article du dimanche indo-européen dès sa parution ? Hein, Hein ? Vous pouvez par exemple...
  • vous abonner par mail, en cliquant ici, en tapant votre adresse email et en cliquant sur “souscrire”. ET EN CONFIRMANT le lien qui vous arrivera par email dans les 5 secs, et vraisemblablement parmi vos SPAMS (“indésirables”), ou
******************************************

article suivant : The Audience is Listening

10 commentaires:

Unknown a dit…

je compatis à votre chagrin, elle était trop mignonne ! je confirme, certains véto sont pas doués pour comprendre les bobos de nos "poilus", brutaux et sans considération pour notre angoisse ou notre douleur. Comme si seuls les vaccins étaient de leur compétence cupide !
Elisabeth Paraillous

Frédéric Blondieau a dit…

Merci de tout coeur, Elisabeth.

Oui, parfois, ce ne sont que des techniciens.
Heureusement qu'ils ne sont pas tous comme ça.
Mais là, on a été servi. :-(

Sophonisba a dit…

De tout coeur avec vous, Frédéric et Evelyne, dans cet affreux drame. Les mots sont vains dans ces situations. j'espère que le temps adoucira votre peine. <3
Martine Dal Zotto

Philippe Delfosse a dit…

Grand merci pour votre intelligence généreuse, et honte à ce véto d'abattoir. Puissiez-vous comme vos proches retrouver bon moral et si gentille compagnie le plus vite possible. Bon solstice cependant. bien à vous, Philippe Delfosse

Frédéric Blondieau a dit…

Merci, Martine.

C'est fou, hein, cette histoire !
Un vrai cauchemard, mais malheureusement, on ne se réveille pas.

Oui, le temps va nous aider.

Merci sincèrement, de la part d'Evelyne et de moi-même,
porte-toi bien !

Frédéric

Frédéric Blondieau a dit…

Merci, Philippe.

Nous avons déjà demandé à l'éleveur qu'il nous réserve un nouveau petit chien ; nous en avons besoin.

Merci, passez un beau solstice, que la Lumière brise les Ténèbres.

Bien à vous,
Frédéric

Pierre Libotte a dit…

The decomposing composers /
There's nothing much anyone can do. /
You can still 'ear Beethoven, /
But Beethoven cannot 'ear you.


Asteûr, dji comprinds poqwè dj'in.me mîs l'camaråde Ludwig: c'èst-on valèt d'amon nos-autes :))

"Docteur" Ucon, ceci est un message à votre intention : avez-vous déjà vu un vétérinaire en train de se décomposer ? Non ? Hébin, moi non plus, non. Mais ce sera dans mon cauchemar de la nuit prochaine.

Frédéric, courage à vous deux, et bravo d'avoir repris le dessus (je n'en attendais pas moins de toi).

Frédéric Blondieau a dit…

Bonjour Pierre !

Oui, j'ai failli mettre le lien vers la chanson des MP...

Et oui, Beethoven, issu d'une bonne famille bien de chez nous.

Pour la décomposition du véto, je n'irais peut-être pas jusque là, mais je peux te dire que pour moi, il devrait lui être interdit de pratiquer. Elle a quand même commis deux erreurs flagrantes, et ne les a même pas reconnues. C'est ce que j'appelle une petite personne.

Merci, Pierre, "y a pas d'avance"...

Ludovic Cheber a dit…

En tant que Ludovic, je vous remercie pour avoir creusé cette étymologie dont je ne connaissais pas l'ultime profondeur. Mes respects.

Frédéric Blondieau a dit…

Merci à vous, Ludovic !