L'oeuvre la plus connue, ou plutôt la moins méconnue, de Julien Fossetier (1454 - après 1532), prêtre catholique, est son indispensable (?) Chronique margaritique, ainsi appelée, selon ses propres dires, parce qu'elle est dédiée à Marguerite d'Autriche.
(notez, on a échappé de près à Chronique margaritique d'Autrichitique)
(rien que pour ça, il en serait presque passionnant),
le tombeau, à Persépolis, d'Artaxerxès II Mnémon (Mnémon, "Qui a de la mémoire", car il était le seul à pouvoir se souvenir de son prénom), roi de Perse de -404 à -358 |
Bonjour à tous !
Oui, nous venons de commencer, dimanche dernier, un nouveau chapitre, consacré à la rutilante racine indo-européenne...
*kelh₂-, “battre, frapper”.
Un rapide point ?
- călămĭtās, “fléau, malheur, défaite, ruine...”,
- incolumis, “sain et sauf, non endommagé...”, d'où
- l'espagnol incólume,
- l'italien incolume,
- le portugais incólume.
Nobis omnes conscii sumus..., 10 octobre 2021
🜛🜛🜛
Euh oui, ne la confondez évidemment pas avec le -cellō d'excellō, excellere, “être supérieur, surpasser...”, qui donnera notre français exceller : AUCUN rapport.
via un étymon italique qu'il reconstruit sous la forme *kelne/o-,
Et, entre nous, la logique aurait voulu, me semble-t-il, que de Vaan fasse de même avec cet étymon italique intermédiaire *kelne/o-, en lui rajoutant, à lui aussi, un tiret initial, mais honnêtement, je rate peut-être quelque chose...
- percellō, percellere, “abattre, terrasser, heurter avec violence...”,
- recellō, recellere, “reculer, rebondir (vers l'arrière) ...”,
- procellō, prōcellere, “porter en avant, jeter violemment en avant, renverser...”, et en mode pronominal, se prōcellere, “se jeter en avant, s'allonger...”.
(On raconte que le pauvre Portugais dont l'ouragan a tout emporté a toujours deux options : ou bien se pendre, ou alors, se lamenter sur du fado, et puis seulement se pendre, ce que facilite grandement l'écoute dudit fado.)
Croiriez-vous (mais que les gens sont méchants !) que certains ont même fait courir l'immonde rumeur que ce surprenant qualificatif, “margaritique”, trouvait son origine dans le langage fleuri des gardes du Palais de Malines (là où séjournait Marguerite d'Autriche),
son Palais de Malinnes |
qui voyaient débarquer, tout transi et si obséquieux, le pauvre bougre, son pitoyable manuscrit sous le bras, et se gaussaient éhontément de lui : “Tu sais où tu peux te la carrer, ta Chronique ? Et avec de la margarine, ce sera plus facile”.
Ce qui est évidement totalement inepte, car simplement anachronique, la margarine n'ayant été inventée (en France) qu'en 1869, par un autre flave peï, Hippolyte Mège-Mouriès, comme substitut au beurre et au suif de boeuf.
Encore une fois, ne prenez jamais pour argent comptant ce que vous trouvez sur Internet.
On raconte même que le personnage du bossu, joué par Jean Marais dans Le Bossu, d'André Hunebelle (1960), aurait été inspiré par Julien Fossetier |
- Frédéricoutai ?- Toi, tagl.
Ah oui, en parlant de calamité. Brel revient. Euh... non, pardon (oh, je confonds toujours). Stromae revient. Moi aussi, je vais d'abord me faire une séance de fado, pour envisager la suite plus facilement.
13 février 1826 - 30 septembre 1897,
- et c'est un point que l'on ignore souvent -
la grelle procellee,
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4 commentaires:
Merci, cher Frédéric. Je vous signale que, en espagnol, la locution "proceloso mar" est ou était courante dans la langue littéraire. Merci de m'avoir fait connaître son origine.
@Lucía
Ah, je l'ignorais !
Merci à vous, chère Lucía !
Frédéric
Merci Frédéric pour cette tempête de neurones !!
C’est évidemment procella qui est à l’origine du nom de l’ordre des procellariiformes et de la famille des procellaridés parmi lesquels on trouve ces oiseaux marins qui se jouent des grands vents - et jouent avec, même - tels que les albatros, (mais non pas les pussoifs!!), les puffins et surtout les pétrels-tempête.
Les croyances et les superstitions liées à ces oiseaux sont nombreuses et toutes mènent à des calamités.(1)
Comme le fait justement remarquer Lucia Campanella pour l’espagnol, « procelloso » est également présent en italien littéraire. Sous la plume de Giambattista Marino (1569-1625), mieux connu en France comme Cavalier Marin ("hippocampe" pour les amis)- éminent représentant du baroque italien qui allait essaimer dans toute l’Europe- « procelloso » se fait métaphore dans l’une de ses poésies les plus suggestives que peu de lycéens transalpins ignorent.
En totale rupture avec le pétrarquisme, Marino est, notamment, le premier à ne plus évoquer la femme telle qu’on le faisait auparavant : un être éthéré, idéal(isé), digne de l’attention de tous. Au contraire, il partage avec ses lecteurs ses propres troubles suscités par les menus gestes du quotidien de celle qu’il désire. Dans «Donna che si pettina » il sublime un moment banal, intime, d’une « Femme qui se peigne » et dont « la mer dorée qui s’ouvre sur un blond trésor tumultueux fait chavirer son cœur mortellement agité » (ndt LeScrat).
« Per l’aureo mar, che rincrespando apria
il procelloso suo biondo tesoro,
agitato il mio core a morte gìa ».
100 ans plus tard, Giacomo Rossi traduit et versifie l’opéra Rinaldo écrit en anglais par Aaron Hill et livre à la postérité ces inoubliables mots orchestrés par Georg Friedrich Haendel :
Frondi tenere e belle
Del mio platano amato
Per voi risplenda il fato.
Tuoni, lampi, e procelle
Non v'oltraggino mai la cara pace,
Né giunga a profanarvi austro rapace.
Ombra mai fu
Di vegetabile,
Cara ed amabile,
Soave più. (2)
Enfin, puisque tu ne te permets « aucun commentaire sur le bien-fondé de la francisation du prénom Flavius » … peut-être oserais-je écrire qu’on soupçonne « flave » (comme dans « flave peï » où flave est la version bruxelloise du néerlandais flauw, insipide, fade, inconsistant) d’être un cognat du français « flave » , jaune, blond.
Et d’où qu’y vient celui-là ?
Du proto-italique *flāwos, (qui a donné le latin Flavius), du proto-indo-européen *bʰl̥h₁wós, from *bʰel- “de couleur claire, pâle, brillante" tel que tu nous l’as si... brillamment montré dans le magistralissime https://indoeuropeen.blogspot.com/search/label/bleu
Sacré ..Blond, yo, va !
Je te souhaite une belle semaine, aussi ensoleillée que possible
(1) On les retouve ici https://fr.wiktionary.org/wiki/p%C3%A9trel-temp%C3%AAte
(2) https://www.youtube.com/watch?v=buK4Ts2chdA
@LeScrat,
Eh bien, merci pour ce très intéressant commentaire !
Je n'aurais pas soupçonner "procela" d'être présent chez Haendel !
Quant à "flave", je pencherais plutôt pour une étymologie liée à l'ancien français foible, foivle, "faible…, arrivée en brusseleir par la voie germanique... Mais bon, je n'en sais trop rien.
Grand merci, en tout cas, pour la référence à l'article ! :-)
Excellente semaine à toi !
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