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Ce billet n'eut été possible sans l'assistance de
Jacques-Bénigne Bossuet (l'aigle de Meaux)
"Credo" : première page du manuscrit de la Messe en Si de Jean-Sébastien Bach |
S'il est bien un mot devenu le symbole d'une confession, sur lequel tout un système de pensée religieux s'est construit, il s'agit du "Credo".
Le Credo, pour la confession catholique, est la condition sine qua non de l'identité catholique.
Pour de nombreux catholiques, c'est simple : ne pas adhérer au credo, c'est tout simplement ne pas être catholique.
..."Et c'est là que l'ironie frappe le bon catholique, le saint homme racrapoté dans sa longue pèlerine chichement raccommodée, aux plis tristes et sombres, ce pieux vieillard chenu dont la modeste vie dévote et frugale ne s’égrène plus qu'au lancinant battement du glas de la petite église où il fut il y a si longtemps baptisé, qui annonce le départ de ses derniers amis, avant d'annoncer le sien propre"...
"...Ô nuit désastreuse! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle:" Credo, ce pilier, ce socle du catholicisme, est un mot on ne peut plus ... païen !
Car le latin credo ("je crois") vient en droite ligne du verbe composé proto-indo-européen
*kerd-dhé-.
Et on peut difficilement qualifier de chrétiennes, et a fortiori de catholiques, des tribus indo-européennes ayant existé du côté de l'an -5000...
*dhé-, c'est "faire, mettre".
On en retrouve la trace dans un très grand nombre de langues indo-européennes.
Le dh est devenu f en italique, d'où le latin facere ("faire") qui a donné face en roumain, fazer en portugais, et évidemment faire en français...
Notons qu'en espagnol, le f- initial latin a été conservé, mais sous la forme d'un h muet dans la graphie usuelle, ce qui a donné hacer.
C'est d'ailleurs selon le même procédé que le latin filium (fils) est devenu en espagnol hijo, fabulare (parler) : hablar, folia - la feuille : hoja...
Dans les langues germaniques, on retrouve faire, par exemple, sous la forme tuon en vieux germanique, ou dón en vieux saxon ou en vieux anglais.
Et en vieux norrois, "ils ont fait", c'est dalidun.
En allemand, *dhé- est devenu tun, en néerlandais doen, en anglais to do...
En sanskrit, dadháti signifie "il met" ; en phrygien, faire devient dak-.
En russe, faire se dit encore делать ("diélatj").
Enfin, dans l'Avesta, le livre sacré des anciens Perses, "il met" s'écrit dadáiti.
Et la liste est loin d'être exhaustive !
Quant à *kerd-, cette racine signifie le cœur.
On lui doit notamment l'anglais heart, le néerlandais hart, et, par le latin cor, tous les dérivés cœur, cardiaque, cordial, accord, concorde, discorde, miséricorde, record...
*kerd-dhé-, c'est donc littéralement "mettre le cœur", "y mettre son cœur".
Donner son cœur, mais c'est "aimer", finalement !
Croire, serait-ce donc, selon nos glorieux ancêtres, "penser avec le cœur" ?
Loin du dogme, loin de tout Credo, il s'agirait peut-être simplement de "faire confiance", ou encore de "laisser parler son cœur"...
Ce n'est qu'une traduction personnelle.
Mais je dois l'avouer, elle me convient vraiment très bien...
En tout cas, qu'il s'agisse là de la traduction la plus proche du sens profond et originel de Credo, moi... j'y crois !
Frédéric
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