J'appelle sage celui qui, tout innocent qu'il est, supporte les injures et les coups avec une patience égale à sa force.
Bouddha
Bouddha, l'éveillé
Bonjour à toutes et tous !
Nous sommes le dimanche 13 septembre 2020.
Inlassablement, nous aurons poursuivi l'étude de la provocante racine indo-européenne jusque ce dernier article, qui nous permettra de lui dire au revoir en beauté...
*seǵʰ-e-, “dominer, posséder...”.
On refait le point ?
De ses dérivés, nous connaissons déjà...
emprunté au latin schŏla, lui même emprunté au grec ancien σχολή, skholê, “repos, loisir”,
Avant de continuer, revenons un instant à l'article de la semaine dernière.
J'y avais mentionné le vieux haut allemandwald,issu du proto-germanique*waldą, qui désignait la puissance, l'autorité.
Et une lectrice (assidue !) de s'interroger sur l'allemand Wald, “forêt”.
Question judicieuse.
L'allemand Wald vient bien d'un vieux haut allemand wald, mais on ne parle pas du tout du même mot !
Homonyme parfait de notre vieux haut allemand wald, “puissance”, cet autre wald, “forêt”, est donc d'un sens totalement différent. Il n'y a aucun rapport entre les deux ; wald, “forêt”, provenant d'ailleurs d'une tout autre racine indo-européenne.
Je note ; nous en ferons un beau sujet, plus tard...
Et maintenant, reprenons !
Après les dérivés grecs anciens, celtiques et germaniques de notre indo-européenne *seǵʰ-e-, “dominer, posséder...”, je vous propose de nous attaquer
- et cela constituera la dernière partie de notre étude, la plus colorée, la plus chatoyante, la plus exotique -
à ses dérivés... indo-iraniens !
Aaaah...
Vous qui me lisez depuis un certain temps, vous devez le savoir,
Pour réussir ce dernier repas en compagnie de la redoutable*seǵʰ-e-, “dominer, posséder...”, il nous faudra un soupçon d'avestisque, et beaucoup, beaucoup de sanskrit...
Le grand groupe des langues indo-iraniennes est composé de trois sous-groupes :
Et si nous les peuplions, ces trois sous-groupes ?
Dans les langues indo-aryennes, vous trouverez par exemple le sanskrit, le prâkrit, le pali, le pendjabi (et PLEIN d'autres).
Au nombre des langues iraniennes, citons le vieux-perse, l'avestique, le pachto, le kurde, le sogdien...
Enfin, pour ce qui est des langues nouristanies (parce que parlées, notamment, dans la province du Nouristan, en Afghanistan), vous les connaissez évidemment toutes, de l'ashkun au waigali, en passant par le kamviri, l'inévitable kati ou l'indispensable prasun, qui se la pète face au tregami.
Bon, reprenons !
Par l'étymon indo-iranien (reconstruit) *sáȷ́ʰas-,
issu de ce mot indo-européen dont je vous ai abreuvés pendant plusieurs articles, seǵʰ-es-,“victoire”, et
passé ultérieurement par un étymon iranien*hájah-,
nous nous émerveillerons devant le substantif avestique 𐬵𐬀𐬰𐬀𐬵, hazah, “violence, pouvoir...”.
Si le substantif sanskrit सहस्, sáhas, désigne lapuissance, la victoire...
- au même titre que son cognat gotique sigis !, vous ferai-je remarquer -,
la forme verbale sanskrite सहते, sáhate,
issue, par l'indo-aryen sáźʰati,
de l'indo-iranien *sáȷ́ʰati, peut se traduire par il soumet, il conquiert.
सहस्, sáhas est associé à la puissance ?
Eh bien, l'adjectif antonymique
- et construit avec le préfixe अ-, a-superbe cognat de l'alpha privatif grec !-
असाक्षिन्, asAkSin, nous renvoie à l'incompétence, en qualifiant celui dont le témoignage n'est pas recevable (incompétent en tant que témoin).
Enfin, enfin, passé par l'indo-iranien *sáždʰā-,
puis par l'indo-aryen *sáẓḍʰā-,
il y a le sanskrit साढृ, sā́ḍhṛ, qui désigne un conquérant.
OUIIII !!!, il s'agit bien d'un cognat du grec ancien Ἕκτωρ, Héktōr !
Vous rendez-vous compte ?
Non mais, sans rire ?
Voyez-vous, sous vos yeux éblouis, tous ces liens apparaître, toutes ces relations invisibles qui maintenant se font jour entre tous ces mots d'apparence si disparates ?
Auriez-vous jamais fait le lien entre notre français école, les grecs anciens schéma et Hector, Ségovie, Seveux, les gallois hy et hyder, le grec Σεγεστική, Segestiké, l'allemand Sieg, “victoire”, et tous ces beaux prénoms, germaniques ou d'origine germanique que sont Ségolène, Siegfried, Sigebert, Sigiswald, Sigmund, Sigurd ?
Et puis, auriez-vous jamais imaginé que tous ces mots avaient des cousins lointains, en avestique (𐬵𐬀𐬰𐬀𐬵, hazah, “violence, pouvoir...”), et en sanskrit, avec par exemple सहस्, sáhas, “force, pouvoir, victoire...” ?
Que le népalais सह, saha est particulièrement proche du gaulois sego ?
Oui, un mot népalais ?!
Que le grec ancien ἕκτωρ, héktōr, “qui tient bon, qui tient ferme”, a un parfait cognat en sanskrit, साढृ, sā́ḍhṛ,“ conquérant” ?
Allez, ça ne vous fait pas rêver, vous ?
Elle est pas belle, la vie ?
Merci à qui ?
Ben, au proto-indo-européen, bien sûr.
La semaine prochaine, nous passerons à un autre sujet...
Passez un excellent dimanche, une très belle semaine.
Portez-vous bien,
Frédéric,
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Attention,
ne vous laissez pas abuser par son nom :
on peut lire le dimanche indo-européen
CHAQUE JOUR de la semaine.
(Mais de toute façon,
avec le dimanche indo-européen,
c’est TOUS LES JOURS dimanche…)
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Et pour nous quitter...
Quoi de plus naturel que d'écouter la douce musique d'Anoushka Shankar ?
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