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dimanche 15 janvier 2023

Le garde se contentait d'admonester les coupables...

      




Le garde se contentait d'admonester les coupables, et dénonçait aux parents ceux-là seuls qui étaient coutumiers de laisser aller leurs vaches en maraude.


La Jument verte,

Marcel Aymé, 1933


le merveilleux Marcel Aymé,
29 mars 1902 - 14 octobre 1967 


Et rien que sur ce plan de La jument verte,
que tourna Autant-Lara en 1959,
vous retrouvez nos chers Bourvil (Honoré le cultivateur),
Yves Robert (son voisin Zèphe Malloret) et
Francis Blanche (Ferdinand le vétérinaire, frère d'Honoré)




Chers lecteurs, bonjour.



En ce dimanche, nous allons
- mais oui ! -
nous intéresser enfin aux dérivés latins de notre belle racine proto-indo-européenne...



*men-
« penser ».


Psss, tout à fait entre nous :
pour retrouver le résumé des articles précédents de cette étude, voyez :



Amis lecteurs, vous le savez déjà, ou à tout le moins, vous vous en doutez : notre douce *men-« penser », se retrouve dans de beaux dérivés latins.


Le premier de ces dérivés 
- intéressant à plus d'un titre -,
c'est...
  • le verbe moneō
que Michiel de Vaan fait descendre,
via l'étymon proto-italique (reconstruit) *moneje-,
d'une forme indo-européenne causative de *men-, *mon-eie-.

Causative ? Mais ouiii !, le causatif est cette construction où le sujet n'exécute pas lui-même l'action, mais la fait exécuter par quelqu'un, quelque chose... d'autre. En français, vous la reconnaissez tout simplement dans la forme faire + verbe.

Pensez encore à cette magnifique citation de Coluche empreinte de causativité sociale :

Le monde appartient à ceux dont les ouvriers se lèvent tôt.

Ou alors, à toute Rolls-Royce digne de ce nom, qu'on ne conduit pas, enfin !, mais dans laquelle on se fait conduire.


(Si vous voulez vraiment être au volant, de grâce, prenez la Bentley.)



Si j'insiste sur la construction causative indo-européenne à l'origine du latin moneō, c'est évidemment pour vous éclabousser de mon savoir, mais aussi pour que vous puissiez apprécier

- et dès lors savourer -

les définitions du verbe moneō, qui a bien transmis, dans son sens premier, la voix causative exprimée par  l'indo-européen *mon-eie-.

En effet, moneō signifie avant tout « faire penser » :

« faire savoir, faire se souvenir, faire songer à »,

d'où tous ses sens dérivés d'apparence si épars, comme

« avertir, recommander, instruire, annoncer, prédire, conseiller... ».

 
C'est d'ailleurs, mes enfants, l'un des bienfaits de l'étymologie, d'une façon générale : tout s'éclaircit (quant au sens, à l'orthographe, à l'usage...) quand on se donne la peine de rechercher l'origine des mots.
 

 


Issu de moneō, l'ancien français avait monester, pour exhorter.

À présent, vous comprenez aisément les acceptions du composé latin ad-moneō, où la préposition ad- exprime le renforcement : « rappeler, faire se souvenir, remettre en mémoire  », mais aussi, de là, « faire remarquer, avertir, d'où enfin « faire prendre garde ».

C'est bien entendu du latin admoneō que dérive
  • le français admonester,
dont une acception, vieillie, signifie...
 (en parlant du juge ou d'une autorité) faire une remontrance à (un délinquant) en l'avertissant qu'il sera condamné s'il récidive,
et qui veut toujours dire, en style soutenu..., 
adresser un avertissement, une remontrance sévère à (qqn).
 Ô toi, ô toi, ©Le Grand Robert de la langue française !


Nous devons encore au latin admoneō...
  • le galicien amonestar,
  • l'talien ammonire,
  • le portugais admoestar,
ou encore
  • l'espagnol amonestar.


Par manque de temps, je m'en tiendrai à ces premiers dérivés pour aujourd'hui, mais je vous promets quelques jolies étymologies pour bientôt, dont certaines pourraient bien vous surprendre...


Portez-vous bien.




Frédéric






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(Mais de toute façon,
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Et pour nous quitter…

une splendide version de Summertime,
morceau que George Gershwin écrivit en 1934 pour son opéra Porgy and Bess.

Ce morceau est en réalité - le savez-vous ? - une berceuse !
Une berceuse que Clara, la femme de Jake le pécheur, chante à son bébé, dans l'opéra...


Cette version me fascine, car ici, il fait froid et moche (mais alors : moche, moche !),
et le swing langoureux, et la sensualité qui ressortent de cette interprétation me réchauffent et m'emportent ; j'en arrive à percevoir la chaleur, la moiteur d'une nuit d'été le long du littoral de la Caroline du Sud.

Mais enfin, c'est pas d'saison, me direz-vous.
Oui, peut-être, mais tout est relatif.
Car les musiciens et la chanteuse de Stringspace
qui nous livrent ici ce petit moment de bonheur,
sont... australiens.

Ce balai à la batterie ! 
Ce saxo !

Et puis, et puis, la voix de Briana...

Rien que pour son
One of these mo-ooooooornings...




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