Bonjour à tous !
Chers lecteurs,
En ce dimanche 29 août, nous poursuivons notre étude des dérivés de la racine indo-européenne...
la distribution vraiment impressionnante de Mort sur le Nil (Death on the Nile), 1978, tiré du roman d'Agatha Christie, 1937 |
Ah, le grand Peter Ustinov... Savez-vous qu'il était un grand connaisseur de l'oeuvre de Bach, et qu'il avait retrouvé la partition d'une cantate que Bach avait composée à deux ans (c'est du moins ce qu'il explique...) ? Si vous aimez Bach et ses cantates, vous allez savourer ce pastiche, par Ustinov, d'une cantate type de Bach. Et oui, c'est tout à fait ça. (l'image est de piètre qualité, mais soit) https://youtu.be/QhcJPEPZrX4 |
- du datif singulier vénète 𐌌𐌖𐌓𐌕𐌖𐌅𐌏𐌝, murtuvoi, “mort”,
- d'autres dérivés latins de morior, morī, “mourir” :
- mortuus, “mort”, “qui a cessé de vivre”, “où rien ne se passe ; qui demeure sans vie, dont la vie s'est retirée”, dont est issu notre français mort,
- mors, mortis, “(la) mort”, dont est issu, par son accusatif mortem, le substantif français (la) mort,
- mortālis, “périssable, sujet à la mort”, d'où... “humain”, et son antonyme immortālis, que nous emprunterons pour en faire nos mortel et immortel,
ou encore
- le composé moribundus, que nous emprunterons sous la forme moribond.
Heyr himna smiður, 4 juillet 2021
- le vieux norois morð, “meurtre”, d'où...
- l'islandais morð, le norvégien mord, le suédois mord, le danois mord, ou le féroïen morð.
- le vieil anglais morð, “meurtre” (ou dans un emploi poétique, “mort, crime”), d'où le moyen anglais morth, murth, d'où l'anglais... murder, “meurtre”,
- le vieux frison morth, d'où le saterlandais Morde, Moort, “meurtre” et le frison occidental moard, “meurtre”,
- le vieux saxon morth, d'où le moyen bas allemand mōrt, d'où le bas allemand mort,
- l'ancien haut allemand, mord, d'où le moyen haut allemand mort, d'où l'allemand Mord, “meurtre”,
- le francique (non attesté) *murth, *morth, qui explique le vieux néerlandais morth, et à sa suite, le moyen néerlandais mort, dont sera issu le néerlandais moord,
- le vieux norois myrða, “assassiner”, d'où l'islandais myrða, “assassiner”, le danois myrde, “assassiner”, le norvégien Bokmål myrde, “assassiner”, le féroïen myrða, “assassiner”,
- le gotique 𐌼𐌰𐌿𐍂𐌸𐍂, maurþr, “meurtre”,
- le vieil anglais morðor, “meurtre”,
- le vieux francique *murthrjan-, “assassiner”, d'où l'ancien français meurtrir, murtrir, “assassiner”, d'où nos meurtre et meurtrissure.
- le vieil irlandais marb, d'où l'irlandais marbh, le manxois marroo, le gaélique écossais marbh,
- le gallois marw,
- le moyen breton marf, maru, d'où le breton marv,
- le cornique marow,
- le moyen gallois marw, d'où le gallois marw.
- moyen irlandais marbnad, d'où l'irlandais marbnath,
- moyen gallois marwnad, d'ou le gallois marwnad,
- moyen breton marvnad, d'où le breton marvnad, toujours “élégie”,
- Vonatorix, qui désignerait un “Maître des chants”,
- Vanatactus, qui serait celui qui “mène ou dirige les chants”.
dob'i sidhe cēd-marbh Erenn diob, 18 juillet 2021
Le 25 juillet, nous avons découvert quelques dérivés grecs anciens de notre racine *mer-, “mort”, dont...
- l'adjectif मृत, mṛtá, “mort”,
- मर्त, marta, “le mortel, l'homme”,
- अमृत, amṛ́ta, “immortel” , “élixir de vie, immortalité, nourriture et nectar des dieux”
Ambroise Paré s'était-il vraiment préparé à l'immortalité ?, 25 juillet 2021
- Ἀκεσίμβροτος, akesímbrotos, “celui qui soigne les mortels”, épithète d'Esculape,
- τερψῐ́μβροτος, terpsímbrotos, “qui met en joie le coeur de l'homme”, épithète d'Helios,
- Βροτολοιγός, Brotoloigos, “le fléau des mortels”, épithète d'Arès,
- Ἐχέμβροτος, Ekhémbrotos, littéralement “qui possède des mortels”,
- Θεόμβροτος, Theómbrotos, littéralement “dieu des mortels (?)”,
- Κλεόμβροτος, Kleómbrotos, “glorieux mortel”,
- Στησῐ́μβροτος, Stēsímbrotos, “l'homme qui se tient debout” ou “l'homme établi” (?)
Je jure par Apollon, médecin, par Asclépios, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, 1er août 2021
Le 8 août, nous avons abordé les dérivés arméniens de notre racine, avec...
- l'arménien classique մարդ, mard, au sens d'“homme, être humain”, que l'on retrouve dans
- le substantif arménien classique (non attesté) *ǰmar, “personne mâle”, que l'on décompose en ayr mard, littéralement “personne homme”, ou dans
- le substantif mard-a-gayl, qui désigne la hyène, (“homme-loup”)
Ayn nunufar caɫikn or kay, busni yezers ǰrerun, 8 août 2021
Le 15 août, nous avons découvert d'autres beaux dérivés arméniens de *mer-, “mort” :
- l'arménien classique մեռանիմ, meṙanim, “mourir”, d'où l'arménien moderne մեռնել, meṙnel, de même sens,
- son dérivé an-meṙ, “immortel”,
- l'arménien classique... մահ, mah, “(la) mort” (emprunt à l'iranien), avec sa forme ancienne մարհ, marh, “(la) mort”, et un de des dérivés, mah-oy, “mortel”
deƚel zna mahuan deƚōk 'n, 15 août 2021
Le 22 août, nous avons abordé les dérivés balto-slaves de notre racine, parmi lesquels :
- le vieux slavon d'église мрѣти, mrěti, “mourir”,
- le serbo-croate mrijȇti, “mourir”,
- le biélorusse ме́рці, mjérci, “mourir”,
- le russe мере́ть, miriétʹ, “mourir, périr en grand nombre”,
- l'ukrainien ме́рти, mérty, , “mourir”,
- le tchèque mřít, “mourir, se faner”,
- le polonais mrzeć, “mourir”,
- le lituanien mir̃ti, “mourir”,
- le letton mìrt, “mourir”
*mer- et *mir- sont en bateau., 22 août 2021
toujours par l'entremise de Rick Derksen,
C'est d'une forme de degré zéro de notre terrible *mer-, “mort”, que serait issu cet étymon :
*mr-ti-.
Dans les langues baltes, par un étymon balte *mirtis-, nous pouvons en dériver...
- le féminin lituanien mirtìs, au sens de “(la) mort”.
Donc :
Un étymon balto-slave *mirtis-, “(la) mort”, duquel descend une forme balte identique, inchangée, *mirtis-, “(la) mort”, parfait !
Dans les langues slaves, en revanche, l'étymon balto-slave *mirtis-” deviendra autre chose... :
l'étymon slave... *sъmьrtь-
- à vos souhaits -
mais toujours au sens de “(la) mort”.
(Précisons-le de suite, ce caractère ъ, qui apparaît entre le s et le m de *sъmьrtь-, c'est, en russe, un твёрдый знак, tviordeuïl znak, littéralement un “signe dur”, qui n'a pas de valeur phonétique propre ; il ne sert qu'à indiquer l’absence de palatalisation de la consonne précédente. Quant à ce ь qui apparaît encore deux fois plus loin dans le mot, c'est comme qui dirait l'inverse du ъ : un signe mou, мягкий знак (miaxkii znak) indiquant que la consonne qu'il suit est mouillée, donc adoucie.)
*sъmьrtь-, toujours au sens de “(la) mort” ?
Ce surprenant *sъmьrtь-,
qui ressemble à s'y méprendre au smørrebrød danois
(Et c'est auprès de Serguei Sakhno que je suis allé chercher ce qui suit)
- je vous parie que c'est ainsi que l'utilise votre beauf -,
- j'espère que je ne vous l'apprends pas -,
Je ne veux pas être mauvaise langue, mais bon, on est quand même loin des dérivés germaniques de notre *mer-, qui ne parlent que de meurtre...
Alors ! Sont notamment issus de cet étymon slave *sъmьrtь-...
- le - mais ouiiiiiii !!! - vieux slavon d'église съмрьть, sŭmrĭtĭ, ou même mieux, en glagolitique, ⱄⱏⰿⱃⱐⱅⱐ, sŭmrĭtĭ, “(la) mort”,
- le bulgare смърт, smǎrt, “(la) mort ; la Mort (la grande faucheuse)”, et par extension “le dégoût, la répugnance”,
voilà peut-être pourquoi on trouve si peu de Smart en Bulgarie ? Une voiture qui se présente comme un corbillard, brrrrrr, et qui inspire la répugnance, qui plus est... |
- le macédonien смрт, smrt - à vos souhaits -, “(la) mort”,
- le serbo-croate smȑt, “(la) mort”,
- le biélorusse смерць, smjercʹ,“(la) mort”,
- le russe смерть, smiertʹ, “(la) mort”, employé aussi dans le sens de se damner pour : eму́ сме́рть как хо́чется кури́ть : il se damnerait pour une cigarette,
- l'ukrainien смерть, smertʹ, “(la) mort”,
- le tchèque smrt, “(la) mort”,
- le polonais śmierć, “(la) mort”,
- le haut sorabe smjerć, “(la) mort”,
- le bas sorabe smjerś, “(la) mort”.
haut sorabe et bas sorabe, langues slaves parlées dans l'est de l'Allemagne, qui se situent entre le tchèque et le polonais |
spécialement pour quelqu'un, qui se reconnaîtra... |
Et donc :
Frédéric, à la fin de ses vacances
- vous abonner par mail, en cliquant ici, en tapant votre adresse email et en cliquant sur “souscrire”. ET EN CONFIRMANT le lien qui vous arrivera par email dans les 5 secs, et vraisemblablement parmi vos SPAMS (“indésirables”), ou
- liker la page Facebook du dimanche indo-européen : https://www.facebook.com/indoeuropeen/
4 commentaires:
C'est drôle, au fond "cмерть" c'est mdR (mort de Russe).
Excellent dimanche, Frédéric !
Et quoi de meilleur, après un bon smørrebrød, qu'une délicieuse rødgrød med fløde ? Hmmm ?
A l'année prochaine, Alexandre, et bon courage pour la reprise, Frédéric !
Ahaha c’est le mot !
Merci LeScrat !
Certainement ! :-)
Merci, Pierre ! De courage, j’en ai besoin… ;-)
Enregistrer un commentaire