“pour l'infecter (elle, en fait Oghimb, de Byzance) d'un poison mortel”,
court extrait du 4ème livre, chapitre 25,
À propos du roi Archak, comment il tua le fils de son frère Gnel à cause des calomnies de Tirit' ; comment l'homme de Dieu Nersès le réprimanda et le lui reprocha ; comment il tua ce même Tirit' ; comment le roi Archak pris la femme de Gnel après l'avoir tué ; comment il a plus tard amené une femme nommée Oghimb, de Byzance et comment le prêtre de la cour Mrjiwnik l'a tuée avec un poison mortel dans l'Eucharistie, à l'instigation de P'arhanjem,
tiré de
L'Histoire de l'Arménie
(en trois volumes, dont, hélas, les deux premiers sont perdus),
que rédigea Fauste de Byzance (IVème et Vème siècles)
Bonjour à tous.
En ce jourd'hui, nous creusons toujours, méticuleusement, autour de ce qu'il nous reste de la racine indo-européenne...
The Comedy of Terrors (Le croque-mort s'en mêle), film américain de Jacques Tourneur, 1963, avec notamment Vincent Price, Peter Lorre, Basil Rathbone, et même Boris Karloff |
- du datif singulier vénète 𐌌𐌖𐌓𐌕𐌖𐌅𐌏𐌝, murtuvoi, “mort”,
- d'autres dérivés latins de morior, morī, “mourir” :
- mortuus, “mort”, “qui a cessé de vivre”, “où rien ne se passe ; qui demeure sans vie, dont la vie s'est retirée”, dont est issu notre français mort,
- mors, mortis, “(la) mort”, dont est issu, par son accusatif mortem, le substantif français (la) mort,
- mortālis, “périssable, sujet à la mort”, d'où... “humain”, et son antonyme immortālis, que nous emprunterons pour en faire nos mortel et immortel,
ou encore
- le composé moribundus, que nous emprunterons sous la forme moribond.
Heyr himna smiður, 4 juillet 2021
- le vieux norois morð, “meurtre”, d'où...
- l'islandais morð, le norvégien mord, le suédois mord, le danois mord, ou le féroïen morð.
- le vieil anglais morð, “meurtre” (ou dans un emploi poétique, “mort, crime”), d'où le moyen anglais morth, murth, d'où l'anglais... murder, “meurtre”,
- le vieux frison morth, d'où le saterlandais Morde, Moort, “meurtre” et le frison occidental moard, “meurtre”,
- le vieux saxon morth, d'où le moyen bas allemand mōrt, d'où le bas allemand mort,
- l'ancien haut allemand, mord, d'où le moyen haut allemand mort, d'où l'allemand Mord, “meurtre”,
- le francique (non attesté) *murth, *morth, qui explique le vieux néerlandais morth, et à sa suite, le moyen néerlandais mort, dont sera issu le néerlandais moord,
- le vieux norois myrða, “assassiner”, d'où l'islandais myrða, “assassiner”, le danois myrde, “assassiner”, le norvégien Bokmål myrde, “assassiner”, le féroïen myrða, “assassiner”,
- le gotique 𐌼𐌰𐌿𐍂𐌸𐍂, maurþr, “meurtre”,
- le vieil anglais morðor, “meurtre”,
- le vieux francique *murthrjan-, “assassiner”, d'où l'ancien français meurtrir, murtrir, “assassiner”, d'où nos meurtre et meurtrissure.
- le vieil irlandais marb, d'où l'irlandais marbh, le manxois marroo, le gaélique écossais marbh,
- le gallois marw,
- le moyen breton marf, maru, d'où le breton marv,
- le cornique marow,
- le moyen gallois marw, d'où le gallois marw.
- moyen irlandais marbnad, d'où l'irlandais marbnath,
- moyen gallois marwnad, d'ou le gallois marwnad,
- moyen breton marvnad, d'où le breton marvnad, toujours “élégie”,
- Vonatorix, qui désignerait un “Maître des chants”,
- Vanatactus, qui serait celui qui “mène ou dirige les chants”.
dob'i sidhe cēd-marbh Erenn diob, 18 juillet 2021
Le 25 juillet, nous avons découvert quelques dérivés grecs anciens de notre racine *mer-, “mort”, dont...
- l'adjectif मृत, mṛtá, “mort”,
- मर्त, marta, “le mortel, l'homme”,
- अमृत, amṛ́ta, “immortel” , “élixir de vie, immortalité, nourriture et nectar des dieux”
Ambroise Paré s'était-il vraiment préparé à l'immortalité ?, 25 juillet 2021
- Ἀκεσίμβροτος, akesímbrotos, “celui qui soigne les mortels”, épithète d'Esculape,
- τερψῐ́μβροτος, terpsímbrotos, “qui met en joie le coeur de l'homme”, épithète d'Helios,
- Βροτολοιγός, Brotoloigos, “le fléau des mortels”, épithète d'Arès,
- Ἐχέμβροτος, Ekhémbrotos, littéralement “qui possède des mortels”,
- Θεόμβροτος, Theómbrotos, littéralement “dieu des mortels (?)”,
- Κλεόμβροτος, Kleómbrotos, “glorieux mortel”,
- Στησῐ́μβροτος, Stēsímbrotos, “l'homme qui se tient debout” ou “l'homme établi” (?)
Le 8 août, nous avons abordé les dérivés arméniens de notre racine, avec...
- l'arménien classique մարդ, mard, au sens d'“homme, être humain”, que l'on retrouve dans
- le substantif arménien classique (non attesté) *ǰmar, “personne mâle”, que l'on décompose en ayr mard, littéralement “personne homme”, ou dans
- le substantif mard-a-gayl, qui désigne la hyène, (“homme-loup”)
Ayn nunufar caɫikn or kay, busni yezers ǰrerun, 8 août 2021
Euh, NON, Monsieur Ucon, je n'ai pas dit qu'un ancien s s'amusait dans ce verbe.
un s qui s'amuse |
L'amuïssement est tout simplement l'atténuation - voire la disparition complète - d'un phonème (ou carrément d'une syllabe) dans un mot. Le phénomène est très courant en phonétique historique ; nous connaissons en français l'accent circonflexe qui, parfois, rappelle la présence d'un ancien s. Comme dans tête, issu de l'ancien français teste.
- oh, le pauvre !
- oh, mais non ! Je ne parle pas de stigmates. |
Comme le grec ancien, l'arménien classique connaissait l'aoriste, ce temps qui, en français, correspondrait plus ou moins au passé simple, ou au passé antérieur.
Et pourquoi sigmatique ? (Je fais les questions et les réponses, Monsieur Ucon, profitez de vos vacances. Quand VOUS êtes en vacances, nous sommes TOUS en vacances)
Sigmatique, parce que caractérisé par la présence d'un infixe... s, le sigma de l'alphabet grec (σ, ς, Σ) correspondant à la sifflante sourde [s].
Et vous le reconnaitrez, parler d'une forme sigmatique plutôt que d'une forme en -s, ça a quand même nettement plus de gl.
(je le précise pour Monsieur Ucon : la Bible en arménien),
- mah-oy, “mortel”.
- մարհ, marh, toujours “(la) mort”.
- je le précise pour les francophones anglophobes -,
- si vous voulez vraiment tout savoir, c'est parce que dans ses diverses déclinaisons, mah présente un radical en -u : mah-u aux génitif, datif et instrumental singulier, i mah-u-an-ē à l'ablatif singulier..., et que cette déclinaison en -u est exotique en arménien, mais parfaitement courante en iranien -,
(Un mot iranien indéterminé qui servit d'emprunt ? J'ajouterai quand même que si l'on en croit la (charmante) linguiste Marianna Bolognesi
- avec qui la sauce prend toujours sans aucun problème, mais ça c'est un peu facile -,
mah serait emprunté au parthe *marh(u), lui-même issu de l'ancien iranien *mr̥θyu-.)
Marianna Marcella Bolognesi, Université de Bologne (vraiment) |
- mais oui, on on en avait parlé, ici : ոչ լսեն ինձ -,
deƚel zna mahuan deƚōk 'n,
“Ainsi ce meurtrier et ce blasphémateur, après avoir souffert d'horribles douleurs, comme il en avait infligé à d'autres, eut le sort, lamentable entre tous, de perdre la vie sur une terre étrangère, en pleine montagne”.
Frédéric, en vacances
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2 commentaires:
Bonjour Frédéric!
Et comme de juste, il est question de.. Macc(h)abées ;-)
Excellente semaine!
@LeScrat,
Ahahah, oui, forcément ! ;-)
Merci, et bonne semaine à toi !
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