- Paraît chaque dimanche à 8 heures tapantes, méridien de Paris -

dimanche 21 mars 2021

Unë quhem Bond

                      



Unë quhem Bond. James Bond

Traduction albanaise de My name is ...




Savoureux extrait de la
cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres, 2012.

Mais quel remarquable humour, et cette auto-dérision !
Mais quel plaisir !

Mais ça, c'était avant.




Bonjour à toutes et tous !


En ce dimanche printanier, en ce 21 mars 2021, nous continuons l'étude des dérivés de notre invraisemblable, inlassable racine indo-européenne...


*ḱleu-entendre”.





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Le point !



Nous savons déjà que le lud- de Ludwig en est un beau dérivé, par l'étymon germanique *hlūda-, “bruyant, sonore”....

Et aussi que ce *hlūda- est à l'origine de l'anglais loud, “bruyant, sonore”, ou encore du néerlandais luid, de même sens.

Nous avons ensuite appris que par *ḱleus-, une forme étendue de notre *ḱleu-entendre”, nous arrivaient notamment l'allemand lauschen et l'anglais listenécouter”.
The Audience is Listening, 27 décembre 2020

Nous avons découvert, également, que (notamment) le vieux norois hljóðécoute, son, silence”, l'allemand littéraire Leumundréputation...”, ou l'islandais hler, écoute, écoute aux portes”, en provenaient.



Nous savons encore, depuis le 10 janvier 2021, que de notre *ḱleu-entendre”, descendent l'islandais hlýr, joue”, avant d'un navire”, joue d'une hache”, ou même l'anglais (obsolète) leerjoue, visage, complexion...”.

Au nombre des dérivés latins, cette fois, de *ḱleu-entendre”, nous avons clueō, on m'appelle” et inclitus / inclutusillustre, fameux”, ce dernier emprunté... en italien, avec inclito, en portugais, avec ínclito, et en espagnol, avec ínclito.

En grec ancien, une myriade de dérivés nous attendaient, comme...
  • κλῠτός, klutós, “renommé, glorieux..c”,
  • κλέος, kléos, “rumeur, renommée, réputation...” et une série de composés où il apparaît, de Ἀντίκλεια, Antíkleia, “Anticlée, à Κλεοπάτρα, Kleopátra, “Cléopâtre”, en passant par, par exemple, Εὐρῠ́κλειᾰ, Eurúkleia, Euryclée“.
Entre Anticlée et Euryclée, Ulysse ne savait pas trop à quel sein se vouer, 24 janvier 2021

Nous avons ensuite découvert quelques très beaux dérivés celtiques de notre *ḱleu-, comme...

le breton klevoutentendre ; ressentir”, le vieil irlandais rocluinetharentendre”, l'irlandais et le manxois cluin, le gaélique écossais cluinn, le gaulois clouiou, le gallois clywed, le cornique klywesentendre...”.

le dimanche indo-européen passe enfin à l'in*klus-ī-vité, 31 janvier 2021 

Toujours issus de la forme de degré zéro *ḱlu-to-, nous avons épinglé quelques jolis dérivés celtiques, issus du proto-celtique *kluto-, “renommée”, comme...
  • le gaulois cluto- (ou clouto-), “renommé, célèbre”,
  • le gaélique écossais Clota, “Renommée”, d'où l'anglais Clyde,
  • l'irlandais cloth, “renommée, honneur, réputation”,
  • le gallois clod, “renom ; fameux, renommé”, ou encore
  • le breton klod, “gloire, renom”.
la Clyde est renommée. C'est comme ça., 7 février 2021 


Notons encore, au rang des dérivés celtiques de notre adorable *ḱleu-, les irlandais clú“réputation (favorable), louange, renommée”, et cluas, “oreille”, le vieil irlandais clúas, “oreille”, le gallois clustoreille”, ou encore le gaulois clutso- qui servira dans de nombreux toponymes, dont Les Clots (Savoie), Clot (Tarn, Gers et Alpes-Maritimes), La Clotte (Aude), Esclottes (Lot-et-Garonne)...
bíonn cluasa ar an gcoill, 14 février 2021
 
Nous découvrions, le 21 février 2021, que la forme substantivée *ḱleu-os“renommée, gloire...” avait donné, dans les langues balto-slaves, des dérivés tels que le lituanien oriental šlavė, “honneur...”, le letton slava“renommée...”, le russe сло́во, slóva, “mot...”, et surtout, créé sur la sémantique du mot, l'ethnonyme Slaves (en russe, Славя́не, Slavjánje). 

Le 28 février 2021, nous examinions la descendance balte et slave de notre *ḱleu- via la forme de timbre o *ḱlous-, “renommée, gloire...” dont est issu l'étymon balto-slave *klouʔṣ- :

  • le letton klàusît“écouter, obéir”, 
  • le vieux prussien klausiton, “entendre”,
  • le russe слушать, “écouter”,
  • les chèques slyšet, “entendre”, et slušet, “convenir...”, 
  • le bulgare slúšam, “écouter ; suivre, obéir”...

Květiny, květiny, na zelené lučině, 28 février 2021


Le 7 mars 2021, toujours dans les langues baltes et slaves, nous retrouvions, vraisemblablement issus de *ḱleu-entendre” par un substantif indo-européen *ḱlēuh-
  • le lituanien šlovė̃“honneur, renommée”,
  • le mot slave сла́ва, slávagloire, renommée...”,
et puis aussi tous ces anthroponymes créés sur le suffixe -slav, de Станислав, Stanislav, à Ярослав,Iaroslav, en passant par Мстислав, Mstislav...


Le 14 mars 2021, nous examinions les dérivés laissés par les étymons slaves *sluti-, “être appelé” et *slȗxъ, “ouïe, rumeur”,

le premier donnant notamment...

  • le vieux slavon d'église слоути, sloutiêtre connu (comme, en tant que) ; exprimer par des... mots” et
  • le russe слыть (sleutjʹ), “passer pour, avoir la réputation de, être réputé...”, et

le second, entre autres...

  • le vieux slavon d'église ⱄⰾⱆⱈⱏ, sluxŭ“rumeur, nouvelles ; ouïe ; oreille”, ou
  • le russe слух, sloux“ouïe ; oreille ; ”, rumeurs, ouï-dire ; nouvelles”.

Отчего́ прослы́л я шарлата́ном?, 14 mars 2021

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En ce premier jour du printemps...


- même si l'équinoxe de printemps a réellement eu lieu, cette année et dans l'hémisphère nord, hier, samedi 20 -,

Pour les platistes, en revanche, je ne sais pas trop.
Et je dois bien vous avouer que c'est le cadet de mes soucis
(oui, j'ai voulu être poli)


...en ce premier jour de printemps, donc, et si le virus ne nous en empêchait pas, je vous aurais bien proposé d'aller batifoler gaiement du côté des Balkans.




euh... la géographie des Balkans était quand même
nettement plus simple du temps de la Yougoslavie...



Si l'on en croit certains, le printemps serait la saison idéale pour visiter les Balkans....

la ville de Mostar
(Mostar, litt. le pont ; je n'ai toujours pas compris pourquoi),
en Bosnie-Herzégovine, au printemps et en paix (ça surprend)


le printemps à Gjirokastra, Albanie



Car il sera question, aujourd'hui d'albanais.

l'Albanie touristique


La langue albanaise, nous en avons déjà parlé à plusieurs reprises, ne fût-ce que pour dire et redire qu'il s'agit bien d'une langue indo-européenneet qu'en outre, elle n'a rien de slave.

Il semble à présent accepté dans le monde de la linguistique que l'albanais, qui ne forme plus qu'un groupe à lui tout seul, appartient, au sein des langues indo-européennes, à l'ensemble des langues thraces et illyriennes.



Pour découvrir ou redécouvrir l'isoglosse qui traverse le domaine albanais ; pour tout savoir du guègue et du tosque, et comprendre pourquoi le guègue se rapproche à ce point du liégeois - sans jamais l'égaler, évidemment -, cliquez sur le lien que voici, qui vous renverra à un article de janvier 2017 : 
Debout, Albanie ! Allez-y, lisez-le, je vous attends ici.




En albanais, donc, 

c'est via un étymon proto-albanais que l'on retranscrit sous la forme *kluue̅-,
puis par le vieil albanais - attesté, lui - kluoj,

vieil Albanais
Je suppose que vous l'attendiez.

que notre jolie *ḱleu-, “entendre”, a donné le verbe... quaj.



Donc : 

racine proto-indo-européenne *ḱleu-, “entendre”
proto-albanais *kluue̅-
vieil albanais kluoj
albanais quaj 




PS : D'après l'éminent albanologue Bardhyl Demiraj,


contributeur au Indo-European Etymological Dictionary de Leiden, et auteur du Albanische Etymologien (Untersuchungen zum albanischen Erbwortschatz) à présent en ligne sous le nom The Albanian inherited lexicon et surtout... gratuit
(gratuit !? Leiden et gratuit dans une seule phrase, ça doit être une erreur),
nous devons comprendre le proto-albanais comme l'état de cette langue sur une période qui s'étendrait de la fin de l'indo-européen commun (3000 avant J.C., vers la fin février) jusqu'au début de l'influence latine, en 100 avant J.C. (la datation est ici plus précise, il s'agirait du 25 juillet -100, aux alentours de 15h, heure locale).
   

À bien des égards, l'albanais quaj est particulièrement intéressant...

Il m'interpelle, comme on dit à présent.

Euh... oui, euh, certainement....
Je ne comprends pas tout, mais ce qui est sûr,
c'est que la duplicité peut interpeller deux fois ;
ne JAMAIS l'oublier.



Ce verbe quaj,
qui, dans ses différentes acceptions, peut signifier appeler, nommer, mais aussi évaluer, ou encore déclarer, et à la voix passive 
comme dans ce unë quhem en exergue, mais oui -,
correspond à notre expression je m'appelle (mon nom est),
ce verbe quaj ressemble donc d'une façon remarquable
- du moins par son sens -
à notre français nommer.

Alors qu'il provient quand même d'un tout autre champ sémantique, hein.


Et puis, cette fois tant par sa forme que son sens, son ancêtre direct kluoj n'est pas sans... rappeler
- c'était facile -
le latin clueō, “être connu” (mais oui, OH, relisez Otros la cantarán con más fortuna....).


Alors, je me mets à penser, à rêver, voire - je l'avoue - à divaguer... 




Ce fameux latin clueō, “être connu” dont le français n'a pas gardé la moindre trace
(ou thrace, vu depuis l'albanais - décidément, je suis impayable, aujourd'hui),

ce fameux latin clueō, disais-je, aurait parfaitement pu...
- oh, dans un univers parallèle, j'en conviens -,

l'univers parallèle du Golden Compass
(His Dark Materials, Philip Pullman)

...au lieu d'être aussi froidement relégué aux oubliettes de la langue française, être la source à partir de laquelle se serait créé un verbe français qui, d'évolution en évolution,  serait devenu notre “nommer”.


Voilà encore la magie, le mystère des langues : pourquoi tel mot a-t-il totalement disparu dans l'évolution d'une langue, alors que son équivalent, son parfait cognat au sein d'une autre langue, a, lui, évolué d'une façon tout à fait naturelle, et est, au travers de ses dérivés, toujours bien vivant ?
Et nous ne parlons pas ici de langues totalement étrangères l'une à l'autre, évidemment.

Bah...

Ce qui est certain, c'est qu'il n'y a aucune autre t(h)race de notre douce *ḱleu-, “entendre”, en albanais, et c'est bien dommage.

En revanche, je peux encore citer l'un des quelques composés de quaj, le verbe shqúaj, où le préfixe sh-
- qui d'ailleurs, tout comme le latin ex-, provient de la racine indo-européenne *heǵʰs-“dehors -,
peut se comprendre en contexte comme l'équivalent de notre français dé-“à partir de”.


Et shqúaj, c'est “je distingue, je discerne, je reconnais (quelqu'un, parmi d'autres)”et en emploi intransitif, “je rends visible, je dénote”.


Et là, à nouveau, je divague...




Je ne peux que repenser à cette notion biblique de Verbe créateur : Adam, pour distinguer les animaux créés par Dieu, les nomme.
Il les distingue les uns des autres, il les fait apparaître : il les rend visibles...

Alors, j'ose me poser la question : 
Adam ne serait-il pas albanais ?
C'est quand même beau, l'Albanie...

Corollaire obligé :
l'Albanie ne serait-elle pas le paradis terrestre ?



Même si l'on peut remettre aisément en question cette idée d'un seul ancêtre biologique, unique à toute l'espèce humaine, nous savons tous à quel point le verbe EST créateur

(et toc)
Ça c'est mon côté musicien qui reprend le dessus.


Nous savons tous à quel point le verbe EST créateur, et qu'il peut être, a contrario
- ce qui, ironiquement, ne fait qu'affirmer d'autant plus la puissance dudit verbe -,
destructeur.

D'où l'importance - c'est en tout cas mon opinion - d'une certaine maîtrise de la langue, de posséder un minimum de vocabulaire et de grammaire, car - j'en suis convaincu, c'est en grande partie par notre langue que nous connaissons le monde. 

Et j'inclus dans ce monde, nous-mêmes.


Notre propre construction, la connaissance que nous avons de nous-mêmes, passe par notre langue. C'est ma conviction.

Ne posséder qu'un minuscule bagage de mots pour exprimer
- ou plutôt pour s'exprimer à soi-même -
les sentiments subtils dont tout être humain est potentiellement capable, c'est se réduire soi-même à un état de pauvreté émotionnelle, où tout devient noir ou blanc, dans lequel toute colère pourra impliquer le meurtre, et toute attirance pour autrui l'acte sexuel, consenti ou pas.

C'est tellement simple.
Oui, un peu trop, certainement.

Pour me caricaturer moi-même :
Langue basique ⇒ impossibilité d'exprimer (à soi-même) la subtilité de ses pensées 
⇒ pensées élémentaires ⇒ comportement basique.

Mais mon passé de traducteur, et ma connaissance de plusieurs langues, me conduisent à cette conclusion (discutable, j'en conviens, même si je pense que beaucoup de ceux qui pratiquent plusieurs langues me comprendront, et acquiesceront). 

Je le crois : c'est en grande partie par la langue que nous employons, et notre niveau de langue, que nous percevons la réalité.


Tiens, question qui n'a vraiment rien à voir : quel pourrait être le pourcentage de Brexiteers qui ont lu Sense and Sensibility ?

Et qui connaissent au moins une langue étrangère (et sa littérature, pas seulement le mot pour beer) ? 




Combien de ces braves retraités anglais pro-Brexit résidant en Espagne
- attention, dans ce sens-là, il ne s'agit évidemment pas d'immigrés, mais d'Expats, nuance -
ont-ils lu Miguel de Unamuno ?

Car, peut-être, certains de ces braves gens ne possèdent pas mentalement cette palette de nuances que peut apporter une langue riche ; peut-être n'ont-ils pas été capables de correctement apprécier la subtilité des options en présence, par manque de ... discernement

Bref.

Ouiii, je sais, je dois me calmer.





















Remarquez aussi que c'est sur ce point que les défenseurs de la langue inclusive attaquent : en créant une dialectique particulière, ils entendent modifier notre perception du monde.

Je leur rétorquerais que je n'ai pas attendu leur arrivée pour concevoir qu'il y a une place pour tous dans le monde, et que jamais (jamais) je n'aurais l'idée d'exclure quiconque sur base de la couleur de la peau, du sexe, de l'orientation sexuelle ou du genre ressenti.
Bon, pour l'accent, c'est autre chose, j'admets. Vous êtes parfaits, vous ?


 

En fait, pour faire simple, la couleur, le sexe, le genre, je m'en fous.
Mais ça, apparemment, c'est déjà trop.
C'est tellement connoté homme blanc privilégié hétéro cisgenre, vous ne trouvez pas ?
Voilà bien un discours issu du pur patriarcat bourgeois, tiens !


Et vraiment, je m'en fous. Mais alors, si vous saviez !




Tant mieux qu'on permette l'accès à la parentalité à tous ceux qui en ressentent le besoin, et qui n'ont pas la possibilité d'avoir un chien.

Toffee (à l'avant-plan, sans les lunettes, avec les babines)



Ce sera autant de bébés aimés, et moins de chiens abandonnés.

L'excellent KROLL remarquable caricaturiste belge,
avait fait ce dessin il y a quelques temps.


Bon dieu, mais qu'on f*te la paix à tout le monde, qu'on laisse chacun faire selon son choix. C'est si compliqué ?

Vous ne voulez pas du mariage homosexuel ?
Eh bien, évitez d'épouser quelqu'un du même sexe que le vôtre.

Vous ne voulez pas manger de porc ? 
Eh bien, n'en mangez pas.

Vous êtes vegan ?
Grand bien vous fasse.

Vous êtes contre la voiture ?
N'en achetez pas, et n'en utilisez pas. (Refusez aussi l'ambulance et les camions de pompiers.)

Mais par pitié, arrêtez d'insulter mon intelligence en m'imposant une écriture dégénérée et une dialectique ubuesque. Mais tant que ça reste entre vous, faites donc !

Nous avons des mots à notre disposition. Utilisons-les à escient ; ce serait déjà un premier pas. Pourquoi en rajouter ? Vous ne pensez pas qu'on en a déjà assez ?

Savez-vous qu'en Belgique, on a modifié l'intitulé de la Ligue des droits de l'Homme pour en faire ligue des droits humains ?
Ce revirement terminologique m'a fait remettre en question la très haute opinion que j'avais de cette auguste association, qui m'apparaît depuis, non plus à vocation universelle, mais irrémédiablement idéologiquement teintée ; oui, j'en suis là.
Droits humains ! Médiocre, lamentable translitération de l'anglais Human Rights, en plus. Lisez ici tout sur ce changement de nom (en format PDF), dont ces inclusifs/ves sont si fiers. Parlez des Droits Fondamentaux, alors ! C'est beau, ça ; c'est fort, et en plus, c'est du bon français. Mais non, ça, coco, c'est pas porteur.
Taré·e·s, va.

Ce qui m'intéresse, moi, chez mes frères humains, ce n'est pas leur sexualité ou leur couleur, c'est leur bienveillance, leur humilité, leur humanité, leur capacité à se remettre en question.
Leur profondeur.
Leur introspection.
Mais ça, coco, c'est pas porteur.

Mais en fait, savez-vous qu'à l'origine, ces concepts de cisgenre et autres ont tout leur sens, tout leur poids ?
Mais oui ! Essayez, vous, en tant que chercheur et/ou spécialiste d'un des domaines médicaux liés à la transexualité, de traiter de cette réelle complexité, de théoriser d'une façon claire et limpide sans un vocabulaire complet et précis permettant de rendre la problématique dans toutes ses dimensions.

Là, oui, il vous faut des mots. C'est indéniable.
 
Où ça commence à m*rder, c'est quand ce jargon éminemment scientifique devient de la grasse pâture idéologique pour les bonnes âmes en quête de combat à mener.

Un peu comme l'écologie, tiens. À l'origine, une science, une vraie.
Mais ça, c'était avant.
Avant que le bon peuple ne s'en empare, et s'en serve comme d'une série d'arguments idéologiques.

En termes religieux, on pourrait peut-être même aller jusqu'à qualifier ces curieux phénomènes de profanation.


Enfin. On va pas r'faire le monde, hein.




Allez, voilà pour la descendance albanaise de notre délicieuse *ḱleu-entendre”.



Mais donc...

Rendez-vous compte : 

Oui, il y a un lien - et étroit, encore - entre...
  • Louis, Ludwig, Clovis,
  • les anglais loud et listen
  • les allemands lauschenécouter” et Leumundréputation...”, 
  • l'espagnol ínclito, illustre...”, 
  • AnticléeDamoclès, Héraclès, et Cléopâtre, 
  • le gaulois clouiou, l'anglais Clyde,
  • Esclottes, dans le Lot-et-Garonne,
  • notre français slave, le russe сло́во, “mot...”, le slovène slovọ̑ , “l'adieu, le départ”,
  • le letton klàusîtécouter, obéir”, le vieux prussien klausitonentendre”,
  • le russe слушать, “écouter”, les tchèques slyšet, “entendre”, et slušet, “convenir...”, le bulgare slúšam, “écouter ; suivre, obéir”...,
et puis aussi...
  • le lituanien šlovė̃, “honneur, renommée”, et tous ces mots slaves de type сла́ва, sláva, pour “gloire, renommée”,
et tous ces anthroponymes slaves en -slav, comme...
  • Святослав, Sviatoslav, Ярослав, Iaroslav, Мстислав, Mstislav, Ростислав, Rastislav, Станислав, Stanislav , Владислав, Vladislav...
et encore
  • le russe слыть (sleutjʹ), “être réputé...”,  et le russe слух, sloux, “ouïeoreille”, “rumeurs, ouï-dire...”, “nouvelles...”, 
et le slovaque sluch, ouïe, oreille”...,

et les albanais quaj“nommer...”, et shqúaj“distinguer...” !




Allez, entre nous, auriez-vous fait le lien entre...
Héraclès, Cléopâtre, Ludwig, Clovis, Louis et Stanislas ?

Auriez-vous seulement imaginé qu'en partant de Ludwig, nous arriverions à l'albanais quaj“nommer...” ?



TOUS ces mots (en partie, du moins, quand il s'agit de composés)proviennent d'une seule et même racine indo-européenne, multimillénaire.

OK, , apparemment, vous avez compris





La semaine prochaine, nous partirons pour... l'Arménie...


D'ici là, protégez-vous, prenez soin de vous et de vos proches, 
Portez-vous bien.




Frédéric


******************************************
Attention,
ne vous laissez pas abuser par son nom :
on peut lire le dimanche indo-européen
CHAQUE JOUR de la semaine.
(Mais de toute façon,
avec le dimanche indo-européen,
c’est TOUS LES JOURS dimanche…)
******************************************

Et pour nous quitter tout en entendant résonner au loin, dans la montagne, les chants traditionnels albanais, je vous propose un impressionnant exemple d'iso-polyphonie albanaise.

On fait généralement remonter ce surprenant type de chants polyphoniques propres aux Balkans à... l'Antiquité ! Eh oui, rien que ça. Voire à la préhistoire...

Oui bon, je ne connais pas grand-chose à la musicologie antique, mais on avance que la structure modale et tonale, pentatonique,...

- Pentatonique ?
- Mais oui, c'est pas compliqué, regardez la vidéo ci-dessous.


(Un gars qui donne un titre pareil à son émission
- mais regardez la vidéo, enfin ! -
ne peut pas être fondamentalement mauvais.
Même si les exemples donnés ne devraient pas être exécutés, me semble-t-il, sur un clavier à tempérament égal comme celui qu'il utilise. Mais bon, on va pas chicaner devant tant de saine vulgarisation.)


Je reprends, je peux ?
On avance que la structure modale et tonale, pentatonique,”... de ces chants leur conférerait un caractère archaïque ; une structure mélodique non développée en serait un autre indice, tout comme l'absence d'accompagnement instrumental.
Tout cela renverrait à un très, très lointain passé...

Alors, pourquoi iso-polyphonie, mmmh ? (Ben voyons, j'vous connais)
Allez, vulgarisons :
parce que le bourdon, cette note basse que vous entendez se maintenir tout au long du morceau, est constante, identique
(iso-, du grec ancien ἴσος, isos, égal) du début à la fin.
Oui, comme sur une cornemuse, si vous voulez...


Et ces remarquables chants polyphoniques sont carrément repris par l'UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l'humanité.




Mais bon, quand on sait que sur cette même liste figure aussi
le carnaval de Binche,

au cours duquel de très appliqués énergumènes bedonnants et costumés, solennellement affublés de plumes d'autruches (!), tentent vainement de suivre la musique en martelant le sol comme le feraient des plantigrades sous acide

- à côté d'eux, même les pandas passeraient presque pour des danseuses étoiles -,


tout ça en projetant de toutes leurs forces des
oranges sur la tronche des badauds,

on est en droit de se poser certaines questions.



(Savez-vous que seuls les autochtones, les Binchois - ou Binchous, comme ils se complaisent à se nommer -, peuvent faire le Gille de Binche ; oui, vous m'avez bien compris, la consanguinité pourrait expliquer pas mal de choses.)

Heureusement pour moi, les Gilles ont de l'humour. Eux.

Et j'ai une pensée pour tous ceux, à Binche ou ailleurs, qui ne pourront vivre leur cher carnaval cette année.

Les Snuls, ou l'humour belge à son niveau le plus pythonesque,
et hélas toujours d'actualité


Et enfin, la voici, la voilà, 

la troublante, l'émouvante... iso-polyphonie albanaise,
qui nous plonge dans notre lointain passé,

iso-polyphonie qui est un peu à la musique ce que l'indo-européen est à la langue...

(Je ne vous demande pas de tenir les 49 minutes de la prestation, hein.
Surtout pas.
Malheureux !
Il y en a, téméraires, qui ont essayé,
et qui depuis ont intégré un collectif écoféministe citoyen intersectionnel.)


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article suivant : ոչ լսեն ինձ.

11 commentaires:

Jean a dit…

Bonjour Fred, je suis sidéré de voir à quel point l'albanais peut être source d'inspiration concernant les droits fondamentaux et le lien entre les connaissances linguistiques et le degré de perception de la réalité qui nous entoure (de noir et blanc aux teintes de gris jusqu'à la polychromie) - analyse que je partage largement. Merci pour ce "dimanche" et pour l'ex-cursus tout aussi intéressant. Bon dimanche !

Frédéric Blondieau a dit…

:-)

Bonjour Jean,

Oui, je me plonge, m'isole dans une matière dont je me délecte, et puis, il y a le dur retour à la réalité.
Voir des crétin.e.s s'en prendre à nos langues, alors qu'ils n'en savent rien... C'est d'un triste...

Bien à toi, et bon dimanche !
Fred

Guy a dit…

Fameux ! J’apprécie !
Guy

Unknown a dit…

Merci pour ce topo enjoué, j'ai en particulier apprécié la grande qualité des chants polyphoniques !
Marie Dominique Meyer

Jean-Christophe Charvet a dit…

Bonsoir Frédéric et merci pour ce nouvel épisode toujours aussi passionnant. Permettez-moi cependant de vous contester sur le terrain théologique quand vous écrivez "Adam, pour créer les animaux, les nomme". Non : dans la Bible, quelles que soient les traductions et j'ai l'original hébreu sous les yeux, c'est Dieu qui crée les animaux (Genèse 1, 20 à 22) et qui ensuite confie à l'Homme le soin de les nommer (Genèse 2, 19-20). C'est bien le Verbe divin qui est Créateur. Le verbe humain l'est aussi mais "par délégation", dans tous les arts notamment.

Frédéric Blondieau a dit…

@Guy,

Merci ! :-)

Frédéric Blondieau a dit…

Bonjour Marie Dominique,

Grand merci.

Oui, ces chants sont vraiment impressionnants...

Frédéric Blondieau a dit…

@Unknown, sur la bible : Oui, vous avez raison. Je me suis laissé emporter, mais évidemment, la Création est le fait de DIeu. Je modifierai le texte, merci de m'avoir remis sur les rails !

LeScrat a dit…

@Unknown @Frédéric,

"Man gave names to all the animals
In the beginning, in the beginning.
Man gave names to all the animals
In the beginning, long time ago... "

C'est pas moi, hein! C'est Bob ;-)

FLUPKELEBEL a dit…

Contaminations Covid comparées, aujourd'hui:

France 430,15
Belgique 366,69
UK 81,66

Il y en a sans doute qui préfèrent avoir le Covid en Europe que ne pas l'avoir en Angleterre. Comment les qualifier?

Philippe LHOAS
(Voir commentaire précédent pour adresse complète).

Frédéric Blondieau a dit…

Philippe LHOAS,

Sans vouloir passer pour un Jésuite...

Comment vous, qualifieriez-vous quelqu'un qui s'évertue à lire des articles qui vont à l'encontre de sa sensibilité et qui, visiblement, ne lui font pas du bien ?
L'Internet est grand, vous savez. Êtes-vous obligé, pour une raison qui m'échappe, de lire ce blog ? Moi, je ne vous retiens pas. Vous voulez que je vous signe une décharge ?

Et puis, même si je ne comprends pas vraiment le lien entre contaminations Covid et Brexit, je vous répondrai quand même que les totaux sont quand même, à cet instant (en supposant que dans votre vocabulaire, "Angleterre" désigne le Royaume-Uni) :

pour les contaminations :
France 4,38 millions,
Belgique 849.000,
UK 4,31 millions.

et pour les morts :
France 93.180,
Belgique 22,786,
UK 126.000.