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ptāñäkte ñom klyoṣluneyā
(“par l'audition du nom du Bouddha”)
Il y a les grands Bouddha et... |
les petits Bouddha (ha ha ha) |
Bonjour à toutes et tous,
Ce dimanche 18 avril 2021 marquera la fin de notre étude de *ḱleu-, “entendre”, cette incroyablement prolifique racine indo-européenne qui
- il faut bien l'avouer -
nous a menés par le bout de l'infixe nasal (blague de linguistes potaches) dans pratiquement tous les groupes linguistiques indo-européens...
En ce tout dernier dimanche en compagnie de *ḱleu-, “entendre”, nous terminerons par quelques-uns de ses dérivés en... tokharien.
- Ludwiiiiiig !, pour la nième fois ! - Aber... Was ?, 20 décembre 2020
Et aussi que ce *hlūda- est à l'origine de l'anglais loud, “bruyant, sonore”, ou encore du néerlandais luid, de même sens.
Nous avons ensuite appris que par *ḱleus-, une forme étendue de notre *ḱleu-, “entendre”, nous arrivaient notamment l'allemand lauschen et l'anglais listen, “écouter”.
The Audience is Listening, 27 décembre 2020
Nous avons découvert, également, que (notamment) le vieux norois hljóð, “écoute, son, silence”, l'allemand littéraire Leumund, “réputation...”, ou l'islandais hler, “écoute, écoute aux portes”, en provenaient.
l'inspecteur Clouseau écoutait aux portes, 3 janvier 2021
Nous savons encore, depuis le 10 janvier 2021, que de notre *ḱleu-, “entendre”, descendent l'islandais hlýr, “joue”, “avant d'un navire”, “joue d'une hache”, ou même l'anglais (obsolète) leer, “joue, visage, complexion...”.
Au nombre des dérivés latins, cette fois, de *ḱleu-, “entendre”, nous avons clueō, “on m'appelle” et inclitus / inclutus, “illustre, fameux”, ce dernier emprunté... en italien, avec inclito, en portugais, avec ínclito, et en espagnol, avec ínclito.
Otros la cantarán con más fortuna..., 17 janvier 2021
En grec ancien, une myriade de dérivés nous attendaient, comme...
- κλῠτός, klutós, “renommé, glorieux...”,
- κλέος, kléos, “rumeur, renommée, réputation...” et une série de composés où il apparaît, de Ἀντίκλεια, Antíkleia, “Anticlée“, à Κλεοπάτρα, Kleopátra, “Cléopâtre”, en passant par, par exemple, Εὐρῠ́κλειᾰ, Eurúkleia, “Euryclée“.
Entre Anticlée et Euryclée, Ulysse ne savait pas trop à quel sein se vouer, 24 janvier 2021
Nous avons ensuite découvert quelques très beaux dérivés celtiques de notre *ḱleu-, comme...
le breton klevout, “entendre ; ressentir”, le vieil irlandais rocluinethar, “entendre”, l'irlandais et le manxois cluin, le gaélique écossais cluinn, le gaulois clouiou, le gallois clywed, le cornique klywes, “entendre...”.
le dimanche indo-européen passe enfin à l'in*klus-ī-vité, 31 janvier 2021
Toujours issus de la forme de degré zéro *ḱlu-to-, nous avons épinglé quelques jolis dérivés celtiques, issus du proto-celtique *kluto-, “renommée”, comme...
- le gaulois cluto- (ou clouto-), “renommé, célèbre”,
- le gaélique écossais Clota, “Renommée”, d'où l'anglais Clyde,
- l'irlandais cloth, “renommée, honneur, réputation”,
- le gallois clod, “renom ; fameux, renommé”, ou encore
- le breton klod, “gloire, renom”.
la Clyde est renommée. C'est comme ça., 7 février 2021
Notons encore, au rang des dérivés celtiques de notre adorable *ḱleu-, les irlandais clú, “réputation (favorable), louange, renommée”, et cluas, “oreille”, le vieil irlandais clúas, “oreille”, le gallois clust, “oreille”, ou encore le gaulois clutso- qui servira dans de nombreux toponymes, dont Les Clots (Savoie), Clot (Tarn, Gers et Alpes-Maritimes), La Clotte (Aude), Esclottes (Lot-et-Garonne)...
bíonn cluasa ar an gcoill, 14 février 2021
Nous découvrions, le 21 février 2021, que la forme substantivée *ḱleu-os, “renommée, gloire...” avait donné, dans les langues balto-slaves, des dérivés tels que le lituanien oriental šlavė, “honneur...”, le letton slava, “renommée...”, le russe сло́во, slóva, “mot...”, et surtout, créé sur la sémantique du mot, l'ethnonyme Slaves (en russe, Славя́не, Slavjánje).
Я держу своё слово, 21 février 2021
Le 28 février 2021, nous examinions la descendance balte et slave de notre *ḱleu- via la forme de timbre o *ḱlous-, “renommée, gloire...” dont est issu l'étymon balto-slave *klouʔṣ- :
- le letton klàusît, “écouter, obéir”,
- le vieux prussien klausiton, “entendre”,
- le russe слушать, “écouter”,
- les chèques slyšet, “entendre”, et slušet, “convenir...”,
- le bulgare slúšam, “écouter ; suivre, obéir”...
Květiny, květiny, na zelené lučině, 28 février 2021
Le 7 mars 2021, toujours dans les langues baltes et slaves, nous retrouvions, vraisemblablement issus de *ḱleu-, “entendre” par un substantif indo-européen *ḱlēuh₁-,
- le lituanien šlovė̃, “honneur, renommée”,
- le mot slave сла́ва, sláva, “gloire, renommée...”,
Le 14 mars 2021, nous examinions les dérivés laissés par les étymons slaves *sluti-, “être appelé” et *slȗxъ, “ouïe, rumeur”,
le premier donnant notamment...
- le vieux slavon d'église слоути, slouti, “être connu (comme, en tant que) ; exprimer par des... mots” et
- le russe слыть (sleutjʹ), “passer pour, avoir la réputation de, être réputé...”, et
le second, entre autres...
- le vieux slavon d'église ⱄⰾⱆⱈⱏ, slouxŭ, “rumeur, nouvelles ; ouïe ; oreille”, ou
- le russe слух, sloux, “ouïe ; oreille”, “rumeurs, ouï-dire ; nouvelles”.
Отчего́ прослы́л я шарлата́ном ?, 14 mars 2021
C'est le 21 mars 2021 que nous nous pâmions devant le verbe albanais quaj, “appeler, nommer...”, et l'un de ses composés, shqúaj, “distinguer, discerner, rendre visible...”.
Unë quhem Bond, 21 mars 2021
Le 28 mars 2021, nous restions sous le charme des arméniens classiques...
- լսեմ, lsem, “entendre, écouter”,
- ու, lu, “ouïe”,
- լուռ, luṙ, “muet, silencieux”,
- հլու, hlu, “obéissant, docile”,
- լուր, lur, “renommée, rapport (que l'on fait sur quelqu'un)”,
ոչ լսեն ինձ., 28 mars 2021
Le 4 avril 2021, il s'agissait de passer en revue quelques-uns des plus beaux dérivés iraniens de notre douce racine :
- l'avestique srao-, “entendre, écouter”,
- le pahlavi srāy-, “chanter”,
- le perse šenîdan, “entendre”,
- le perse sarvâ, “poème, histoire”,
Rimski-Korsakov se serait-il inspiré de Ludwig van Beethoven pour son Schéhérazade ?, 4 avril 2021
Enfin, le 11 avril, c'est estomaqués, pantois, que nous découvrions quelques-uns des dérivés sanskrits de notre belle *ḱleu- :
- श्रुत, śruta, “entendu”,
- श्रु, śru, “entendre, écouter, apprendre”,
- श्रोषति, śróṣati, “écouter, obéir”,
- श्रवस्ś, srávas-, “renommée, honneur...”
- वसुश्रवस्, vasuśravas, “qui a bonne réputation”,
- उरुश्रवस्, Uruśravā, “à la gloire étendue”,
- श्रवस्यति, śravasyáti, “souhaiter louer (un dieu)”.
🜛🜛🜛
Bon, allons-y...
Pour les petits nouveaux,
je précise que cette langue que l'on appelle tokharien
- ce nom lui fut en réalité donné par le philologue et orientaliste allemand Friedrich W. K. Müller (1863 – 1930) -,
cette langue, donc, se parlait dans le bassin du Tarim, l'actuelle région autonome chinoise du Xinjiang, et a disparu il y a environ un millénaire.
Elle a disparu, certes, mais...
- verba volant, scripta manent -
en laissant des écrits !
Eh oui, la langue tokharienne est particulièrement bien attestée.
Elle constitue, avec ses deux variantes A et B, la langue la plus orientale des langues indo-européennes.
Et OUI, je vous l'accorde, plutôt que de parler de langues tokhariennes A et B, il conviendrait plutôt de mentionner les langues Arśi et Kuči, ou encore l'agnéen (tokharien A) et le koutchéen (tokharien B).
Mais bon, moi, j'aime bien parler du tokharien.
tokharien A (oriental) - Arśi - agnéen
tokharien B (occidental) - Kuči - koutchéen
Aaaah, notre jolie *ḱleu-, “entendre” est vraiment bien représentée en tokharien...
Si vous avez suivi ses pérégrinations depuis le début, vous allez être ravis de retrouver ici, à travers ses dérivés tokhariens, la sémantique déjà présente dans d'autres groupes de langues.
Mais commençons par le commencement.
Avec le verbe “écouter, entendre”, klyoṣ- en tokharien A, et klyauṣ- en tokharien, en tokharien... B. Bravo !
- tokharien A klyoṣ-, “écouter, entendre”,
- tokharien B klyauṣ-, “écouter, entendre”.
En tokharien A, citons un beau dérivé de klyoṣ-, klyioṣäl, pour “audition”.
- tokharien A klyioṣäl, “audition”.
Mais il y a encore, toujours en tokharien A, klyoṣlune, qui, lui, signifie... “audition”....
- Audition ??? Mais Blondieau, tu VIENS de nous donner klyioṣäl...- Oui, oui, et si vous me laissez terminer ma phrase, ça ira encore mieux...
Klyoṣlune signifie, disais-je, toujours “audition”, oui, mais dans un sens abstrait.
- tokharien A klyoṣlune, “audition” (sens abstrait).
Et c'est ici qu'interdits, vous relisez le titre et/ou le texte en exergue,
ptāñäkte ñom klyoṣluneyā(“par l'audition du nom du Bouddha”)
que vous comprenez soudain qu'il s'agit de tokharien A, (klyoṣ... et non klyauṣ...),
et prenez conscience que cette forme klyoṣluneyā n'est qu'un avatar de notre klyoṣlune, “audition”, une forme déclinée, ici à l'instrumental.
Vous pouvez parfaitement traduire le reste, maintenant, non ?
Car ñom est bien le tokharien A pour nom
(rappelez-moi : qui a dit que le tokharien A était compliqué ?),
et ptāñäkte est le génitif de ptāñkät,
lui-même vil emprunt au sanskrit बुद्ध, bouddha, litt. “éveillé”, participe passé passif du radical sanskrit बुध् budh-, “s'éveiller”.
Et j'avoue que moi, ce tokharien ptāñkät me donne furieusement envie, non pas de petits Bouddha - ha ha ha -, mais de... crêpes (crêpe se disant pannekoek en néerlandais)...
Et c'est d'autant plus intenable que je me suis mis au régime...
Allez, poursuivons.
Sur klyoṣlune, le tocharien A a créé l'adjectif... klyoṣluneṣi, “propre à l'audition”.
- tokharien A klyoṣluneṣi, “propre à l'audition”.
Toujours en tokharien A, épinglons klyw-, “réputation, renommée...”
Et en tokharien B, kälywe.
- tokharien A klyw-, “réputation, renommée...”,
- tokharien B kälywe, “réputation, renommée...”.
On poursuit ?
L'oreille se dira... klots en tokharien A, et klautso en tokharien B.
Amusant, curieux, surprenant, non, ce rapprochement que nous pourrions faire entre le tokharien B klautso et... le gaulois clutso-, désignant lui aussi l'oreille ? Eh !
- tokharien A klots, “oreille”,
- tokharien B klautso, “oreille”.
Sur le duel
(un pluriel mais uniquement de deux, que l'on prend en tant que paire, couple... ; pensez au latin ambo ou à l'espagnol ambos, “les deux”, à l'anglais both...)
de klots s'est créé, en
- forcément -
tokharien A, l'adjectif klośnāṣi, “propre aux oreilles”
- tokharien A klośnāṣi, “propre aux oreilles”.
La gloire !
Mais oui, il était déjà question de gloire, chez les Tokhariens.
En tokharien B, gloire peut se traduire par... klāwi.
- tokharien B klāwi, “gloire”.
Ah, la gloire, la renommée ! Concept essentiel, visiblement, aux yeux de ceux que l'on appelle les Indo-européens...
On la connaissait encore sous un autre nom, en tokharien A : klyu ; cadeau béni des dieux, car voilà devant nous un magnifique cognat (formel et sémantique) du vieil irlandais clú, “renommée, rumeur”...
Vous rendez-vous compte ?
Nous venons de créer un véritable pont linguistique entre le bassin du Tarim et l'Irlande, rien que ça.
Même si certains seraient encore capables de vous expliquer que l'indo-européen est une f*taise, qu'il ne s'agit ici que d'emprunts entre langues, que les anciens Irlandais devaient probablement prendre leurs vacances là-bas, à quelques milliers de kilomètres vers l'est...
Et si vous associez à klyu le mot tokharien A désignant le nom (oui ? oui oui ? on relit le titre ?), eh bien, vous obtenez ñomklyu, pour la gloire du nom.
En tokharien B, on parlera de ñemkälywe.
- tokharien A klyu, “gloire, renommée..”, d'où ñomklyu pour “gloire du nom”,
- tokharien B kälywe, “gloire, renommée..”, d'où ñemkälywe pour “gloire du nom”
Enfin
- et ce sera le dernier, le tout dernier dérivé que nous retrouverons de notre jolie *ḱleu-, “entendre” -,
je vous propose le verbe tokharien B klāw-
- dont, pour tout vous dire, klāwi, “gloire” n'est qu'un dérivé nominal -,
qui signifie... “être appelé, être nommé...”, et qui nous permet ainsi de replonger dans ce concept central aux Indo-européens, remarquablement véhiculé par notre petite *ḱleu-, où la gloire est étroitement liée à ce que l'on a entendu de vous, aux mots que l'on utilise pour vous nommer...
- tokharien B klāw, “être appelé, être nommé...”.
Ben... voilà.
Nous avons fait, à notre façon, le tour de l'indo-européenne *ḱleu-, “entendre”, et avons pu savourer, encore une fois, à quel point les liens existent entre des mots lointains, tokhariens, sanskrits, arméniens, albanais, slaves, celtes, germaniques, grecs, romans....
Avez-vous, comme moi, apprécié la cohérence de sens que l'on peut retrouver dans ces dérivés, pourtant si variés, de notre belle racine ?
Sans rire, auriez-vous pu imaginer qu'en partant de Ludwig, nous en serions arrivés au tokharien B klāw, “être appelé, être nommé...” ?
Merci, petite racine, merci à tous les linguistes qui nous permettent, par leur travail invraisemblable, de faire jaillir de si beaux liens entre nos langues,
et puis...
merci à VOUS, amies lectrices, amis lecteurs, d'être là.
Ah oui, je vais quand même le préciser : comprenez bien que je ne pratique pas l'écriture...
- deux secondes, pardonnez-moi -
inclusive
- désolé, pardon -,
et que donc, ce “Bonjour à toutes et tous” par lequel j'ouvre l'article, et maintenant ce “VOUS, lectrices, lecteurs”, sont à prendre comme une marque d'estime particulière que je fais à mes lectrices (mais oui, pour moi, le générique lecteurs suffit à inclure lectrices).
Car, bien souvent, ce sont elles qui se manifestent, et m'encouragent.
Et puis, les statistiques de mon site ne peuvent mentir : c'est toujours une majorité de femmes qui me lisent. C'est comme ça.
Ce qui ne m'étonne pas outre mesure, en fait : il m'a toujours semblé que la langue, quelle qu'elle soit, d'ailleurs, ressort naturellement du féminin.
Visitez une école d'Interprètes pour vous en rendre compte.
Séance de Proclamation des Résultats de 2ème session à la Faculté de Traduction et d'Interprétation de Mons |
Protégez-vous, prenez soin de vous et de vos proches,
Portez-vous bien.
Frédéric
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Attention,
ne vous laissez pas abuser par son nom :
on peut lire le dimanche indo-européen
CHAQUE JOUR de la semaine.
(Mais de toute façon,
avec le dimanche indo-européen,
c’est TOUS LES JOURS dimanche…)
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Et pour nous quitter,
et retourner à la maison, après un aussi long périple,
un morceau, non pas oriental, mais franchement occidental.
Qui parle même de la Virginie-Occidentale, West Virginia.
Voici donc une reprise de
Take Me Home, Country Roads, de John Denver,
par The Petersens,
un groupe familial du Missouri,
dont le style est délibérément
- voyez leur mise -
bluegrass.
Bon, pardonnez à la cadette ses charmants petits rires nerveux (ils s'atténueront une fois qu'elle aura vu le loup), mais appréciez surtout et pleinement la qualité remarquable de l'interprétation, en direct, en plus.
Les voix, les musiciens, le talent, quoi...
Tout est là.
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5 commentaires:
J'ai entendu parler de la prochaine publication de l'album "Les glorieuses aventures d'Astérix chez les Tokhariens".
C'est de bonne oreille, je ne veux nommer personne ...
Toute blague à part, ton blog nous fait vraiment rêver !
Merci Frédéric et bonne semaine à ... tous.
@Thierry
C'est vrai que Goscinny n'y avait pensé, à celle-là !!!
Et merci de ton formidable commentaire !
Merci et bonne semaine !
@Thierry Hoornaert,
Je me suis laissé conter que c'est la suite de Frédérix chez Rahãzade paru le 04 avril dernier. ;-)
Bonjour Frédéric,
Rhâââ, vraiment, merci de nous avoir conviés à cet époustouflant voyage!
Comment ne pas être subjugué par cette palette de déclinaisons du sens originel véhiculé par *kleu*? De l'oreille à la joue, de l'humble silence à la gloire retentissante, de la docile obéissance à la curiosité indiscrète, en passant par la parole qui mène aux honneurs, à la louange ou qui conduit à la disgrâce qu'engendre parfois la rumeur, aux mots qui se muent en poèmes voire en chants, TOUT ÇA était en gestation dans une petite racine il y a des milliers d'années.
Non vraiment, il faut être sourd à tous les arguments avancés par les éminents chercheurs pour nier l'évidence: nous sommes plus de 3 milliards de locuteurs à partager des racines linguistiques communes. Mais bon, puisque la terre est plate, que les chefs-d'oeuvre de Ludwig Van Beethoven et W.A Mozart ne sont que le miroir de la suprématie blanche colonialiste.. (j'arrête, je vais encore m'énerver).
Parmi toutes les découvertes que tu nous as proposées, celles qui me touchent assurément le plus sont les albanais quaj et shqúaj du fait qu'ils s'appliquent à tout être humain. Il n'est plus question ici de hauts faits, ni de gloire, divine ou terrestre, ni même de se faire entendre. Non, il s'agit bien du besoin, du droit fondamental de chacun, d'être "appelé", de recevoir un (pré)nom, d'être reconnu comme un être à part entière. L'identité vient avant toute renommée, le nom avant le renom. Il faut avoir été "distingué" des autres avant de se distinguer. Oui, le Verbe est créateur!!
Je ris encore de ce Budweiser :D
T'es-tu aperçu qu'en parlant de "créer un pont" tu en avais toi-même jeté un autre, non linguistique, entre cet infâme breuvage et The Petersens ? Ben, oui, ils sont tous originaires du même État. Ce qui ne t'a pas échappé, en revanche, c'est que la plus jeune Miss sourit.
Enfin, merci aussi pour la fraicheur de cette interprétation de Take me Home, Country Roads, tellement plus riche que la version de Dick Rivers.. "Faire un pont "! ....Ah, décidément, le hasard ...
@LeScrat
Bonjour LeScrat,
Ah oui, l'albanais... Ces mots m'ont touché également. Cette langue est si riche, et nous la connaissons si mal...
"Budweiser" : je l'ai repris à Benny Hill ! Qui affichait, dans un de ses sketchs, un I am older / Budweiser :-)
Merci encore !!
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