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dimanche 23 octobre 2022

Πάροικος καὶ παρεπίδημος ἐγώ εἰμι μεθ ὑμῶν

  



Ἐγένετο δὲ ἡ ζωὴ Σαρρας ἔτη ἑκατὸν εἴκοσι ἑπτά.

καὶ ἀπέθανεν Σαρρα ἐν πόλει Αρβοκ, ἥ ἐστιν ἐν τῷ κοιλώματι [αὕτη ἐστὶν Χεβρων] ἐν γῇ Χανααν. ἦλθεν δὲ Αβρααμ κόψασθαι Σαρραν καὶ πενθῆσαι.

καὶ ἀνέστη Αβρααμ ἀπὸ τοῦ νεκροῦ αὐτοῦ καὶ εἶπεν τοῖς υἱοῖς Χετ λέγων

Πάροικος καὶ παρεπίδημος ἐγώ εἰμι μεθ ὑμῶν· δότε οὖν μοι κτῆσιν τάφου μεθ ὑμῶν, καὶ θάψω τὸν νεκρόν μου ἀπ ἐμοῦ.


Genèse, 23, 1 à 4,
dans la Bible grecque des Septante
(amis Français : des Soixante-Dix)



La vie de Sara fut de cent vingt-sept ans : telles sont les années de la vie de Sara.

Sara mourut à Kirjath Arba, qui est Hébron, dans le pays de Canaan ; et Abraham vint pour mener deuil sur Sara et pour la pleurer.

Abraham se leva de devant son mort, et parla ainsi aux fils de Heth :

Je suis étranger et habitant parmi vous ; donnez-moi la possession d'un sépulcre chez vous, pour enterrer mon mort et l'ôter de devant moi.


Même passage dans la Bible de Louis Segond 


Abraham, qui aimait à se faire passer
pour Charlton Heston aux yeux des Égyptiens
(ce qui n'avait jamais l'effet escompté,
les Égyptiens ne connaissant pas encore Charlton Heston)




Chers lecteurs, bonjour.


Oui oui, nous en sommes toujours aux dérivés de notre racine indo-européenne...


... *ueiḱ-« l'endroit où l'on s'installe… ».




Nous avons découvert cette racine le 24 juillet, avec
  • le tokharien B īke, pour « lieu, endroit ; position ». 
Nous en avions même repris quelques attestations, comme :
  • snaice tallānt ikemem, « depuis un lieu pauvre, misérable »,
  • sañ mäskelye yakene, « à l'endroit qui lui était assigné »,
  • sle-tassäntse ikene« en lieu et place du commandant de la montagne », 
ou encore
  • tumem c[ai] brāhmani tot ike-postäm̥ ynemane Aran̥emiñ lānte yapoyne kamem̥, « alors, ces brahmanes, se déplaçant de lieu en lieu (ike-postäm̥), arrivèrent au royaume du Roi Aranemin ».


Le 31 juillet, nous avons débusqué,

dans les langues germaniques, cette fois,

le gotique 𐍅𐌴𐌹𐌷𐍃, weihs, « village ».


le 7 août, nous abordions les dérivés de *ueiḱ- dans les langues… italiques :
  • l'ombrien, vocu-cum« maison»,
  • le latin vīcus« rue ; quartier, voisinage ; bloc de maisons ; village, hameau » voire « bien, domaine, propriété foncière… »,
d'où
  • vīcātim« de rue en rue, de quartier en quartier »,
  • vīcīnus« voisin, voisinage »,
  • vīcīnitās« proximité, voisinage »,
  • vīlla, « maison de campagne, exploitation agricole, ferme… »,
  • vīlicus, « fermier, gestionnaire de la ferme »,
  • vīlica, « femme du fermier ».


Le 14 août, nous sommes partis du latin vīcus pour en examiner la descendance :
  • le français vicinal,
  • le français voisin,
  • les toponymes français vic, vicqvicquesvix,
  • l'espagnol Vigo,
  • le catalan Vic,
  • peut-être le -vic de Volvic,
  • l'italien vico« village, hameau ; district ; allée, chemin, ruelle… »,
en y mentionnant également quelques emprunts en germanique :
  • l'anglais dialectal du sud est (East Anglia et Essexwick« ferme », spécialement « ferme dédiée à l'élevage laitier »,
  • les suffixes toponymiques anglais -wick et -wich,
  • l'anglais désuet ou dialectal wike, « maison, logis »,le vieux frison wik, « village... »,
  • le vieux saxon wīk, « village, habitation... », d'où Brunswick,
  • le néerlandais wijk, « voisinage, district », utilisé notamment comme suffixe dans Graswijk ou Noordwijk...,
  • le vieux haut allemand wīh, « village », d'où le moyen haut allemand wīch, qui, repris du moyen bas allemand wîkbelde, donnera wīchbilde, d'où l'allemand Weichbild d'emploi littéraire ou daté, « zone urbaine », auquel on préfère maintenant le très germanique Stadtgebiet,
  • le vieux norois vík, dont le sens est passé de « village » à « bras de rivière, crique, fjord ».


Le 21 août, nous nous sommes arrêtés sur l'étymologie de
  • l'anglais York, dérivé de l'anglo-saxon Eofer-wīċ.


Le 28 août, il fut question de l'étymologie de nos français
  • ville
et
  • village.


Le 4 septembre, nous avons encore épinglé quelques beaux mots français à notre liste de dérivés :
  • villette,
  • villégiature, emprunt à l'italien villeggiatura, « séjour à la campagne »,
  • villa, emprunt (calque) de l'italien villa,
  • villanelle, emprunt à l'italien villanella
  • vilain, issu du bas latin villanus, « habitant de la campagne ».


Le 11 septembre, nous nous sommes arrêtés sur...
  • le nom propre français Villers, emprunt au latin vīlla, « ferme… », via l'adjectif latin villāris, « de ferme ; relatif à la ferme, à la maison de campagne »,
ainsi que sur...
  • son équivalent germanique, l'allemand Weiler« hameau », que l'on retrouve également en suffixe, sous les formes  -weiler et -wil.

Le 18 septembre, nous avons parcouru une série de mots des langues celtiques insulaires empruntés au latin vīcus :

dans les langues gaéliques
  • le vieil irlandais fich, « village (de campagne) ; ferme district rural ; étendue de terre », 
dans les langues brittoniques,
  • le breton gwig, « village (de campagne) » (parfois retranscrit Gwik ou Gui),
  • le gallois gwig, « village (de campagne) ; rue, bois »,
  • le cornique gwig « village ; village de la forêt », devenu également nom propre (Gwig, anglicisé en Gweek).


Le 25 septembre, nous nous penchions sur la descendance slave de notre racine, avec (notamment)…
  • le vieux slavon d'église вьсь, vĭsĭ, « village »,
  • le russe весь, viesʹ, rare et daté, remplacé aujourd'hui par дере́вня, diriévnja« petit village, hameau », ou alors село́, siló, toujours « village », mais quand il s'agit d'un village de plus grande importance (весь, viesʹ, apparaît encore dans des expressions figéescomme города́ и ве́си, garadá i viési, pour « villes et villages »),
  • le vieux tchèque vesdont sera issu le tchèque ves« village »,
  • le slovaque ves, toujours « village », également présent en tant qu'élément toponymique nommant un village ou une petite ville, comme dans Slovenská VesKarlova VesDevínska Nová VesSpišská Nová Ves...,
  • le vieux polonais wieś, dont sera issu le polonais wieś, « village », mais employé aussi pour désigner « le pays » au sens de zone rurale, par opposition à la ville,
  • le silésien wieś« village... »,
  • le bas-sorabe wjas« village... »,
  • le haut-sorabe wjes« village... »,
  • le bulgare вес, ves, désignant notamment, dans le lexique historique, un hameau (ou un petit campement) qui ne possédait pas l'infrastructure nécessaire pour pouvoir être qualifié de village, et ce avant 1396, année funeste qui marque l'invasion ottomane, correspondant à l'une des plus sombres périodes de l'histoire bulgare,

ou

  • le serbo-croate vas, ves« village ».
Plus de 20 villes et villages ont été repris en 24 heures, selon Kiev. - L'Echo, 12 septembre 2022


Le 2 octobre, nous avons mis en évidence la similitude formelle de mots composés tels que...

  • le lituanien viēšpats« seigneur », et son pendant féminin viēšpati, « reine, maîtresse, dame... »,
  • le vieux prussien waispattin, « maîtresse de maison, dame »,
  • les albanais zot« seigneur » et zonjë, « dame », zot descendant du proto-albanais *w(i)tspáti et zonjë du proto-albanais *w(i)itspátnjā,
  • le sanskrit विश्पति, viśpáti« chef d'un village ou d'une tribu », ainsi que son pendant féminin विश्पत्नी, viśpátnī,
  • l'avestique 𐬬𐬍𐬯𐬞𐬀𐬌𐬙𐬌, vīspaiti« chef d'un district, d'un clan ou d'une maison»,
  • le vieux perse de même sens 𐎻𐎰𐎳𐎫, *viθfáti,
  • le tokharien A wikpots« chef de clan ». 


Le 9 octobre, nous entamions l'étude des dérivés de notre *ueiḱ- dans les langues helléniques, avec...
  • l'attique οἶκος, oîkos, « maison, lieu de séjour de toute nature, pièce, chambre, maisonnée, le pays où l'on est né... »,
  • le dorien ϝοῖκος, woîkos,
  • le mycénien 𐀺𐀒, wo-i-ko-de, « de retour (chez soi, à la maison) ».
Nous avions également mentionné
  • le composé grec ancien οἰκονομία, oikonomía, « gestion de la maison », qui nous donnera économie,
ainsi que
  •  le verbe composé οἰκοδεσποτέω, oikodespoteó, « gouverner la maison, présider aux affaires familiales, être le maître de maison... ». 


Le 16 octobre, nous avons traité de quelques mots français dérivés d'une façon ou d'une autre du grec ancien οἶκος, oîkos, « maison, lieu de séjour de toute nature, pièce, chambre, maisonnée, le pays où l'on est né... » :
  • écologie, francisation de la création allemande Ökologie,
  • monoïque, désignant une espèce dont les fleurs unisexuées mâles et femelles sont portées par le même pied,
  • dioïque, désignant des plantes ayant les fleurs mâles et les fleurs femelles sur des pieds différents,
  • euryèce, du grec ancien εὐρύς, eurus, « large », et οἶκος, oikos, « lieu d'habitation »,  caractérisant une espèce ayant une grande valence écologique,
  •  synœcisme, emprunt savant au grec ancien συνοικισμός, sunoikismós, littéralement communauté de maisons,
  • œcuménique, littéralement « universel », d'où « général », et qui, dans un sens spécialisé, exprime en religion l'idée de « qui concerne ou rassemble tous les croyants de confession chrétienne »,
  • diocèse, lointain dérivé de δῐοίκησῐς, dioíkēsis.

 

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Amis lecteurs,

Comme promis dimanche dernier...


Ah oui, dimanche dernier ! Il faut que je vous raconte : l'article fut publié avec ce frontispice


dans un groupe FB dont le nom annonce clairement la couleur : J'aime le grec ancien.

Voici la retranscription d'un magnifique échange que j'ai eu avec un membre de ce groupe (un moment, j'ai même cru que Monsieur X m'était revenu) :

Monsieur X' : c'est un faux yaourt, ce n'est ni grec et ce n'est pas du yaourt c'est de la m...
 
Moi : et... ?
 
Monsieur X' : il ne faut pas en manger c'est de la supercherie !!!
 
Moi : et c'est donc tout ce qu'il faut retenir de l'article ? Son titre à prendre au premier degré ?
 
Monsieur X' : en quoi cela à avoir quelque chose avec le grec ancien ? Les expressions et racines reprises dans l'article n'ont en majorité rien à avoir avec le grec ancien et utiliser ce type de message soi disant pour indiquer des racines de mots ou d'expressions est pour le moins une autre supercherie.
 
Moi : Ou bien vous avez un humour bien plus débridé que le mien, ou alors je pense que c'est vous, la supercherie !! "Le sage qui montre la lune..."
 
Monsieur X' : Un peu de culture ne peut pas nuire : Un peu d’histoire.
Les premiers alphabets, hiéroglyphiques ou cunéiformes, contiennent des centaines, voire des milliers de signes, et sont réservés à une toute petite caste de scribes, qui gardent jalousement leurs secrets.
Le « Linéaire B », utilisé durant la période mycénienne (2000-1000 environ av . J-C) est déjà un progrès : c’est un syllabaire. Mais il est peu maniable, et contient encore trop de signes. Il disparaît avec la civilisation mycénienne, mais le souvenir de l’écriture s’est probablement conservé durant les siècles du « Moyen-Âge grec » : le syllabaire a d’ailleurs perduré à Chypre jusqu’à l’époque hellénistique. Aussi, lorsque au IXème siècle av. J-C, les Grecs découvrent, au contact des Phéniciens, un alphabet phonétique, ils s’en emparent, et n’hésitent pas à le transformer pour leur usage propre.
En effet, l’alphabet Phénicien ne comporte que des consonnes – un peu comme l’alphabet arabe aujourd’hui. Langue sémitique, le Phénicien comporte davantage de consonnes que les langues indo-européennes : aussi un certain nombre de lettres phéniciennes restaient inemployées. Les Grecs en profitèrent pour noter les voyelles… Ainsi, chaque son trouvait sa transcription, et n’importe qui pouvaient, avec un rapide apprentissage, transcrire n’importe quel mot et le reconnaitre une fois écrit : une révolution considérable ! Ce fut le premier alphabet phonétique complet de l’histoire de l’humanité, et ce fut probablement le fruit d’un travail conscient, concerté.
 
Moi : Enfin un peu de culture, ce qui manquait si cruellement ici. Merci !
 
Monsieur X' : en effet, mettre un article avec un soi disant yaourt pour parler du grec ancien c'est un manque de culture évident !!!

 




Bref.

Comme promis dimanche dernier, disais-je, je vous présenterai aujourd'hui quelques dérivés du grec ancien οἶκος, oîkos auxquels vous ne penseriez peut-être pas de prime abord...

Je vous en propose encore deux.
rien que pour Monsieur X'




À l'origine du premier de ces dérivés,
  • l'ancien grec παροικεω, paroikeô.

Oui, il s'agit d'un verbe, composé de
    • παρά-, para-, « à côté, au delà... »,
et de (forcément)
    • οἰκέω, oikéō, « habiter... ».

Ce verbe, qui signifiait bien « demeurer auprès de », avait pris également le sens de « séjourner à côté », entendez « séjourner dans un pays comme étranger (et non pas en villégiature) ».

Le substantif πάροικος, paroikos, proprement « celui qui habite à côté, voisin ; « celui qui séjourne (quelque part) » désignait, lui, en grec ecclésiastique, les... 
- pardonnez-moi -

... étrangers, ceux qui n’ont pas droit de cité.
Ou de City, si l'on se réfère au sort de tous les étrangers (sauf s'ils sont très riches) dans la joyeuse et truculente Angleterre de l'après Brexit

(Pour mon emploi d'Angleterre, je précise que le Brexit est surtout un fait anglais, et non britannique)




Dans la Genèse, πάροικος, paroikos s'applique particulièrement bien à Abraham séjournant en Égypte.

Mieux encore : par métaphore, il désignera plus tard les chrétiens qui se considéraient eux-mêmes comme citoyens de l'au-delà, simplement de passage ici-bas.

Sur πάροικος, paroikos, sera construit παροικία, paroikía, « séjour dans un pays étranger ».


Oui, vous devez avoir à présent tous découvert le dérivé français dont je veux vous parler : 
  • paroisse.
Mais nous n'y sommes pas encore ; l'histoire n'est pas finie...



Il va sans dire, le latin va y mettre son grain de sel...
Mais y intervient aussi un lointain ancêtre, non nommé, de Fernand Ucon.

- Maisje ?
- Oh, mais bonjour, Monsieur Ucon, vous allez bien ?

Le nom est Ucon, Fernand Ucon.
(Fernand Ucon, pressenti pour un rôle de double zéro)

(Je me réfère bien entendu au Fernand Ucon, dont la famille a tenté à maintes reprises de saccager le français, et qui émaille joliment le blog de son inutile présence.)

Oui, alors que le latin chrétien, l'imagination au pouvoir
- appréciez ici cet ablatif absolu particulièrement à propos -,
récupèrera bassement παροικία, paroikía, pour en faire, début du IVème, paroecia, au sens de  « communauté, église particulière » puis même, après 450, « diocèse » (oui oui, notre diocèse de la semaine dernière ; il y aura d'ailleurs concurrence entre paroecia et diocesis jusqu'à la fin du XIème),

l'un des Ucon de l'époque, confondant allègrement les latins paroecia et parochus
- parochus, « fournisseur des magistrats en voyage... », calque du grec πάροχος, parokhos, lui-même dérivé de παρέχω, parekhô, « fournir, offrir, présenter... », sans aucun (AUCUN) rapport avec παροικία, paroikía -
l'un des Ucon de l'époque, disais-je, transformera paroecia en parochia.

Je sais, mais bon, on ne peut pas en vouloir à un Ucon de se comporter en Ucon, quand même ?




Sous sa nouvelle forme, le mot continuera à évoluer, pour désigner, fin du VIIIème, le territoire d'une église, puis plus tard (au XIIème), par métonymie, l'ensemble de ses fidèles.



Enfin, en 1155, est attesté le français paroisse, issu de ce latin chrétien parochia dont la forme ne pouvait hélas plus exprimer le sens qu'on lui prêtait.

Encore merci, la famille Ucon.


église Saint-Étienne,
paroisse de Waha, 
Luxembourg belge



Notez encore que le pauvre paroecia, avant sa funeste et ridicule mutation en parochia, eut encore le temps de faire, en latin tardif, un rejeton, l'adjectif paroecialis, « relatif au territoire d'une église ».
Mais les Ucon veillaient au grain, et muèrent derechef paroecialis en parochialis.
On peut au moins leur reconnaître une certaine cohérence.

C'est ce parochialis qui donnera naissance à l'anglo-normand parochial, que l'anglais a continué d'utiliser au sens de paroissial.

De même, c'est le vieux français paroisse qui, via l'anglo-normand paroche, parosse, a donné le moyen anglais parisshe, devenu l'anglais parish, « paroisse ».



Et l'on trouve encore les traces du succès non mérité de parochus notamment en italien et en espagnol, où curé se dira respectivement parroco et párroco.


Rocambolesque, non, cette histoire de paroisse ?
Avec un dérivé de παροικεω, paroikeô... qui n'en est finalement plus un.



Deuxième (et dernier) dérivé :

Si, en grec ancien πάροικος, paroikos, désignait « celui qui habite à côté, voisin ; « celui qui séjourne (quelque part) », il était un autre mot qui, lui, désignait une certaine catégorie d'...
- pardonnez-moi -

étrangers, ceux-là qui, moyennant quelques menues obligations, avaient le droit, et de respirer, et de résider sur le territoire d'Athènes, voire de s'y livrer à des activités professionnelles. Carrément.
Je sais, il y a de quoi être écœuré. Mais bon, ils n'étaient toutefois pas considérés comme citoyens de la cité non plus, n'exagérons rien.

Nous pourrions traduire littéralement ce mot par « celui qui a changé de résidence », formé sur
  • μετά-, metá-, indiquant ici le changement
et
  • οἶκος, oîkos, « maison, lieu de séjour de toute nature, pièce, chambre, maisonnée, le pays où l'on est né... ».

Je parle de μέτοικος, métoikos. 


Les historiens de l'Antiquité en firent
- via le bas latin metoecus, « celui qui habite dans une cité étrangère » -
 l'emprunt savant mestèque, attesté en 1743, devenu métèque, attesté lui en 1840.
 

Par extension, le mot, tombé aux mains des populistes et autres aigris, prendra un sens péjoratif, toujours parfaitement d'actualité : étranger dont l’allure exotique et l’attitude provoquent la méfiance.






À tous, un excellent dimanche, et une très bonne semaine.
Portez-vous bien.



Frédéric






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Attention,
ne vous laissez pas abuser par son nom :
on peut lire le dimanche indo-européen
CHAQUE JOUR de la semaine.
(Mais de toute façon,
avec le dimanche indo-européen,
c’est TOUS LES JOURS dimanche…)

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Et pour nous quitter…

Du Bach.

Voici une somptueuse interprétation - magnifiquement rendue par une prise de son extraordinaire - d'une des toutes premières cantates du Kapellmeister,

Nach dir, Herr, verlanget mich, BWV 150,

par

l'Academy of Ancient Music et VOCES8,

sous la vivante et vivifiante direction de

Barnaby Smith.


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article suivant : yathā pradīptaṃ jvalanaṃ pataṅgā

8 commentaires:

Pierre Libotte a dit…

Louis Segond,...

...c'est le numéro septante moins cinquante-dix-huit (pardon, 'pas pu m'empêcher)

Et merci, oh, oui : merci, Monsieur X' !

Jean-Charles BICHET a dit…

Le parochus, le « curé » a donné le mot perroquet, car il répète toujours la même chose :-) Jean-Charles BICHET.

Jean a dit…

Le néerlandais "parochie" est sans doute le terme contemporain le plus proche de la version d'Ucon...

configuratao a dit…

Passionnant, bien sûr!

Et superbe Bach!

Extrapolant, je me demandais si nous arriverions à
ici, hic, bientôt... Ha!, j'y vois même le oui, jusqu'à suite
(affirmation sur le lieu, celle-ci se prolongeant)
- oui, je me réjouis de la suite, ici

Merci à vous et bons dimanches, jusqu'à dimanche prochain...

phil


PS: ok, sekW-1, n'empêche - j'aime considérer la licence poétique de l'homophonie, qui marque souvent le langage de son empreinte subconsciente, n'est-il pas? Fluidité du sens...

Frédéric Blondieau a dit…

@configuratao

MERCI !! :-D

Mais ni oui, ni hic, ni oui ne dérivent de cette racine…
Désolé de vous décevoir. On peut évidemment, comme vous le dites, les rapprocher par leur son, par la langue des oiseaux…, mais étymologiquement, ils n'ont rien à voir avec *ueik-.

Frédéric

Frédéric Blondieau a dit…

@jean

En effet, même si l'italien parrocchia, l'espagnol parroquia (et encore quelques-autres) en sont toujours très proches également.

Merci,
Frédéric

Frédéric Blondieau a dit…

@Jean-Charles BICHET

Jolie étymologie, mais plus prosaïquement, il semble que "perroquet" provienne de… "Pierre". Peut-être Pierre répétait-il toujours la même chose, peut-être même était-il curé ? ;-)

Frédéric

Frédéric Blondieau a dit…

@Pierre Libotte

Salut Pierre,

Je t'avoue que j'avais pensé à quelque chose du même style, mais sans pouvoir l'exprimer ! ;-)

Et ça, Monsieur X', il fallait vraiment l'inventer. En relisant cet échange, je me dis que j'aurais parfaitement pu écrire ce qu'il raconte, mais à un autre degré… :-)

Fred